On en sait plus sur les peaux à moustiques...

Sucre, alcool, chaleur, bactéries… les hypothèses vont bon train pour expliquer ce qui attire les moustiques sur la peau. Existe-t-il vraiment des personnes qui se font piquer plus que d'autres ? Selon une équipe de recherche britannique, la réponse pourrait en partie se trouver dans nos gènes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
On en sait plus sur les peaux à moustiques...

De nombreux facteurs attirent les moustiques vers notre peau, comme le dioxyde de carbone émis par la respiration (1), ou encore la chaleur dégagée par le corps. Mais ils sont également sensibles à une vingtaine odeurs secrétées par la peau et qui éveillent leur sens olfactif. Puisque certaines personnes semblent avoir "une peau à moustique", des scientifiques britanniques ont cherché à comprendre dans quelle mesure la génétique intervenait dans les préférences de ces insectes. Selon une étude, publiée le 22 avril, certains gènes "contrôlent, au moins, en partie" l'odeur corporelle susceptible d'attirer les moustiques.

Pour vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont souhaité observer à quelle fréquence étaient piqués 36 jumeaux (au patrimoine génétique quasiment identique) et 38 faux jumeaux (aux gènes différents). Les frères et sœurs ont pour cela dû placer chacun une main (propre) dans un tunnel contenant une vingtaine de moustiques assoiffés. Résultat : les vrais jumeaux sont piqués à la même cadence, ce qui n'est pas le cas des faux jumeaux.

Sucre, bière, des pièges à moustiques ?

Il y aurait donc bien des "peaux à moustiques", favorisées par certains gènes qu'aucun chercheur n'a encore identifiés. Impossible donc de savoir si ces gènes influent sur la nature des composés odorants dégagés par la peau ou sur d'autres facteurs d'attraction comme le CO2 ou la chaleur corporelle… D'autant plus que cette équipe n'a étudié qu'une seule espèce de moustique (Aedes aegypti), alors qu'il en existe plus de 3.500 dans la nature... Faute de conclusion solide, cette étude devrait tout de même permettre d'ouvrir la voie à d'autres investigations génétiques.

Le mystère des peaux à moustiques suscite bon nombre de recherches scientifiques et d'hypothèses, parfois farfelues… S'il est établi que la chaleur et la respiration de la peau captent les moustiques, certains cherchent aussi des explications dans l'alimentation. En 2010, une étude publiée également dans PLosOne (2) avait mis en corrélation consommation de bières et piqûres du moustique Anopheles gambiae, concluant même que "la consommation de bière est un facteur de risque pour le paludisme". Or l'explication pourrait uniquement venir du fait que l'alcool, en augmentant la respiration, fait libérer à la peau plus de CO2. D'ailleurs, jusqu'alors, aucune preuve concluante ne montre de lien entre piqûre et alimentation, démontant le mythe de la "peau sucrée" qui attirerait ces insectes.

Des solutions contre le paludisme

Selon une étude néerlandaise publiée en 2011, toujours dans PlosOne (3), les moustiques seraient en réalité sensibles aux odeurs cutanées dégagées par les bactéries. Plus nombreuses sont les bactéries cutanées et plus grandes sont les chances de se faire piquer...

Comprendre ce qui capte ou repousse les moustiques est essentiel pour pouvoir espérer lutter contre le paludisme. Malgré sa taille minuscule, le moustique reste l'animal le plus dangereux pour l'homme. En identifiant ces composés attractifs, les chercheurs espèrent mettre au point des pièges odorants et éviter ainsi la propagation de cette maladie qui tue encore près de 500.000 personnes par an.

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(1) Moment-to-moment flight manoeuvres of the female yellow fever mosquito (Aedes aegypti L.) in response to plumes of carbon dioxide and human skin odour. T. Dekker et al. Journal of Experimental Biology, avril 2011. doi: 10.1242/​jeb.055186
(2) Beer Consumption Increases Human Attractiveness to Malaria Mosquitoes. T. Lefèvre et al. PlosOne, mars 2010. DOI: 10.1371/journal.pone.0028991
(3) Composition of Human Skin Microbiota Affects Attractiveness to Malaria Mosquitoes. N. Verhulst et al. PlosOne, décembre 2011. DOI: 10.1371/journal.pone.0028991

Source : Heritability of Attractiveness to Mosquitoes. G. Mandela Fernández-Grandon et al. PlosOne, avril 2015. DOI: 10.1371/journal.pone.0009546