Cranioplastie : une chirurgie pour remodeler le crâne

Retirer un morceau de crâne pour préserver le cerveau… c'est parfois une obligation pour les neurochirurgiens. Certains patients se retrouvent donc avec un crâne déformé. Pour corriger cette déformation, il faut remplacer une partie de la boîte crânienne par une prothèse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Anatomie et chirurgie du crâne

Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent la cranioplastie.
Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent la cranioplastie.

Le crâne est constitué de plusieurs os : devant, l'os frontal, qui constitue le front et la voûte orbitaire, en haut et sur les côtés, les deux os pariétaux, symétriques. En arrière, on retrouve l'os occipital et enfin la base du crâne est constituée de deux os : l'ethmoïde et le sphénoïde. Sous la boîte crânienne il y a plusieurs membranes, les méninges, destinées elles aussi à protéger le cerveau.

Mais dans certains cas, pour préserver cet organe, il faut justement retirer une partie du crâne (un volet osseux), on parle alors de craniectomie. La principale indication de cette chirurgie, ce sont les accidents vasculaires cérébraux ischémiques qui surviennent lorsqu'une artère est bouchée.

Ces AVC peuvent entraîner un œdème du cerveau qui se met à gonfler et, dans certains cas très rares (1 à 2 %), malgré les médicaments, on n'arrive pas à résorber l'œdème. Du coup, le cerveau continue à gonfler, ce qui augmente la pression intracrânienne et peut comprimer des structures vitales conduisant au décès du patient. C'est un peu le principe de la "cocotte-minute" : pour lever la pression, il faut ouvrir le couvercle. On appelle cela une craniectomie décompressive. On peut aussi être amené à retirer un volet osseux en cas d'infection post-opératoire.

Cranioplastie : combler la perte de substance osseuse

Francis, 67 ans, a du subir une craniectomie.
Francis, 67 ans, a du subir une craniectomie.

Dès que l'on ouvre la boîte crânienne pour effectuer une opération sur le cerveau (tumeur...), il y a un risque d'infection de l'os. Pour éviter qu'elle ne se propage, on retire souvent un grand volet osseux.

Dans tous les cas, il faut attendre plusieurs mois entre le moment où l'on retire le volet osseux et la cranioplastie, le temps que l'œdème soit entièrement résorbé ou que l'infection soit éradiquée. Et malgré le délai et les antibiotiques, en cas d'infection, il est impossible de réimplanter l'os prélevé. 

Cranioplastie : des prothèses conçues sur mesure

Attention, images de chirurgie ! La prothèse est posée comme une pièce d'un puzzle.
Attention, images de chirurgie ! La prothèse est posée comme une pièce d'un puzzle.

Lorsque l'os est parfaitement sain, il peut être conservé dans une banque de tissus avant d'être réimplanté, mais tous les hôpitaux n'ont pas de banque de ce type. Il peut également être gardé dans un endroit surprenant : le corps du patient. On le place alors sous la graisse abdominale, puis on le ressort au moment de le repositionner. C'est ce que l'on appelle une mise en nourrice, une technique ancienne qui n'est plus très utilisée en France, car il y a un risque de nécrose de l'os.

Le plus répandu, c'est la cranioplastie avec un volet synthétique. Il existe différentes techniques : lorsqu'il s'agit d'un petit volet osseux, on peut le remplacer par une plaque en titane ou alors par un ciment acrylique.

Certains laboratoires fabriquent des prothèses sur mesure. Une technique assez récente. Elles s'intègrent parfaitement aux crânes des patients, et leur consistance est très semblable à celle de l'os humain. Mais cela a un prix : entre 5 000 et 8 000 euros. Et même si ces prothèses sont prises en charge par la Sécurité sociale, leur coût constitue un frein à leur généralisation.