Alzheimer, une maladie génétique ?

Des gènes impliqués dans le vieillissement du cerveau et de la mémoire ont été mis en évidence pour la première fois dans la maladie d’Alzhimer, par des équipes internationales.

Setti Dali
Rédigé le

- Reportage de Céline Morel et Hervé Droguet -

 

Les chercheurs savaient que la maladie d'Alzheimer s'accompagnait d'une atrophie de l'hippocampe. C'est une des manifestations bien connues de cette maladie. Mais quel en est l'origine ? C'est tout l'objet de deux nouvelles études qui ont cherché à déterminer l'origine de ce processus.

La revue Nature Genetics publie deux grandes études internationales (Charge et Enigma) qui ont identifié des modifications génétiques héréditaires associés à une accélération du vieillissement cérébrale, et en particulier de l'hippocampe. Cette structure, profondément enfouie dans le cerveau, joue un rôle primordial dans les processus de mémoire. Son volume diminue avec l'âge, et cette réduction est accélérée dans la maladie d'Alzheimer.

2 000 IRM regardés à la loupe

Plusieurs équipes de recherches françaises ont mis en commun leurs travaux, et ont comparé génomes et IRM de plus de 9 000 patients âgés de 56 à 84 ans. En France, 2 000 IRM ont été réalisées pour cette étude, et analysés par les scientifiques. Ainsi, pour chaque réduction du volume de l'hippocampe, les épidémiologistes ont cherché à savoir s'il y avait une mutation génétique. Et le pari lancé par ces chercheurs a marché !

Des mutations ont été mises en évidence. "Nous avons pu repérer 46 différences dans la séquence de l'ADN des participants à priori associés à une réduction du volume de l'hippocampe", explique Christophe Tzourio, neuro-épidémiologiste et directeur en France de l'étude. Ces mutations touchent quatre gènes bien identifiés.

Puis les scientifiques se sont demandés comment ces gènes affectaient le développement et le vieillissement de l'hippocampe. Que pouvaient-ils bien modifier ? Ils ont alors découvert que les mutations génétiques changeaient la structure de gènes importants, impliqués notamment dans la mort cellulaire ou le développement embryonnaire, le diabète ou encore la migration neuronale.

Une petite révolution dans la recherche sur la maladie

"Cette étude marque un tournant majeur, indique le principal auteur de cette étude, Christophe Tzourio, car elle confirme que des facteurs génétiques sont associés à une structure cérébrale, l'hippocampe, impliquée dans les démences et d'une façon beaucoup plus générale, dans le vieillissement cérébral".

Pour la première fois, des chercheurs se sont intéressés à une région du cerveau, et non pas à la maladie en soi. Cette nouvelle approche a permis de décrypter de manière plus précise les mécanismes de la maladie d'Alzheimer.

Pour autant, il ne faut pas s'attendre à des retombées cliniques dans l'immédiat. Ces recherches ne conduisent pas pour l'instant à la mise en place de thérapies ciblées. Mais elles ouvrent une nouvelle piste de recherche. Par exemple, elles indiquent qu'il serait nécessaire désormais de réaliser des IRM cérébraux et une étude du génome au sein des études de cohorte.

Source : "Common variants at 12q14 and 12q24 are associated with hippocampal volume", Nature Genetics(2012)doi:10.1038/ng.2237

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