Régime sans gluten : une fausse bonne idée

Alors que le régime sans gluten compte de plus en plus d'adeptes, une étude tire la sonnette d'alarme sur ce qui, finalement, s’avère être une mauvaise idée pour la santé lorsque l'on ne souffre pas d'une intolérance au gluten avérée (maladie coeliaque).

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec le Dr Jean-Michel Borys, nutritionniste-endocrinologue
Entretien avec le Dr Jean-Michel Borys, nutritionniste-endocrinologue

C'est une nouvelle tendance : exclure de son alimentation tous les aliments susceptibles de contenir du gluten, pour éviter les ballonnements qu’il provoque et, surtout, préserver sa santé.

Pour quelle raison ? Notamment parce que la maladie coeliaque, déclenchée par l'intolérance au gluten, augmente le risque de pathologies cardio-vasculaires, pour les patients qui en sont atteints. Chez ces malades, l'éviction du gluten de l'alimentation permet de diminuer ce risque.

La tentation est donc grande de penser qu’en diminuant ou supprimant le gluten de son alimentation, même lorsque l'on ne souffre pas d'intolérance, on fait baisser le risque de développer une pathologie cardiovasculaire.

Mais cette supposition vient d’être battue en brèche par une étude publiée dans le British Medical Journal.

Pas de diminution du risque cardiovasculaire

Des scientifiques viennent, en effet, de démonter que l'éviction ou la restriction en gluten chez les personnes ne présentant d’intolérance à cette protéine ne fait pas baisser le risque cardiovasculaire. Elle pourrait même l'augmenter.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont penché sur les résultats de questionnaires alimentaires complétés, tous les quatre ans, par des professionnels de santé américains, entre 1986 et 2010. Près de 65.000 femmes et un peu plus de 45.000 hommes ont été inclus dans cette étude, tous sans antécédents cardiovasculaires et sans maladie coeliaque diagnostiquée au cours de l’étude. La consommation de gluten a été évaluée à partir des données renseignées dans les questionnaires et les participants ont été répartis en cinq groupe, en fonction de la quantité de gluten consommé. Les pathologies cardiovasculaires survenues pendant ces 26 années d’étude ont été compilées.

Les scientifiques ont ainsi observé qu'il n'y avait pas d'association significative entre la consommation estimée de gluten et la survenue de maladies cardiovasculaires, qu'elles aient ou non entraîné un décès. Cette observation est valable autant chez les hommes que chez les femmes et quels que soient les facteurs de risque de maladie cardiovasculaire identifiés par ailleurs (diabète, hypertension, hypercholestérolémie, consommation d'alcool ou de tabac...).

Le gluten réservé aux intolérants

Les chercheurs ont également constaté une corrélation entre la consommation de céréales complètes et la diminution du risque cardiovasculaire ainsi que la mortalité associée. Selon eux, l’éviction des céréales complètes de l'alimentation, inhérente à l’adoption d’un régime sans gluten, présenterait donc un risque pour la santé.  "Nos résultats montrent qu'un régime restreint en gluten ne présente pas de bénéfices, au moins en termes de santé cardio-vasculaire, chez les personnes ne souffrant pas de maladie céliaque", souligne Benjamin Lebwohl, l'un des auteurs de l'étude. "Il pourrait même causer du tort à ces personnes si elles suivent un régime faible en gluten qui est également particulièrement faible en céréales complètes, car ces céréales ont un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires", souligne-t-il.

Ces résultats ne plaident donc pas en faveur de la promotion d’un régime sans ou restreint en gluten dans le but de réduire le risque cardiovasculaire. Selon les auteurs de l’étude, ce type de régime ne devrait pas être encouragé chez les personnes ne souffrant pas de maladies coeliaque.