Les risques alimentaires en 2050 provoqueraient 500.000 décès supplémentaires

L'impact du réchauffement climatique sur la production alimentaire pourrait provoquer 500.000 décès supplémentaires d'ici 2050, selon une étude publiée le 2 mars dans la revue The Lancet. L'atténuation des changements climatiques pourrait prévenir de nombreux décès.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Carte du nombre de décès par malnutrition en 2050 ©TheLancet
Carte du nombre de décès par malnutrition en 2050 ©TheLancet

Dans cette étude*, le réchauffement climatique y est décrit comme la plus grande menace sanitaire de notre siècle. Les chercheurs présentent une "première analyse quantitative des répercussions sur la santé globale de ces changements alimentaires à la lumière du changement climatique et de la production agricole". Ils estiment que les effets du changement climatique sur le régime alimentaire et le poids des populations concerneront 155 régions du monde en 2050.

Les dérèglements climatiques, marqués par des phénomènes météorologiques extrêmes (de plus en plus de sécheresses, inondations, cyclones...) pourraient entraîner une baisse des rendements agricoles, favoriser certains vecteurs de maladies et des déplacements de population. L'insécurité alimentaire pourrait ainsi être l'une des conséquences les plus importantes du changement climatique, compte tenu du grand nombre de personnes qui pourraient être touchées.

Quantité de nourriture disponible, dénutrition et obésité

Un récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur les risques de décès liés au changement climatique entre 2030 et 2050, avait intégré plusieurs analyses quantifiées de la mortalité liée au climat, à cause de la chaleur, des inondations côtières, des maladies diarrhéiques, du paludisme, de la dengue et de la dénutrition. Dans ce rapport, les effets sur la santé les plus importants sont causés par la chaleur (95.000 décès) et la dénutrition (85.000 décès).

La nouvelle étude publiée dans The Lancet a inclu "la composition des régimes alimentaires, et leur densité calorique, comme facteur de risque liés au climat", précisent les auteurs.

"Notre étude montre que même des baisses modestes de la quantité de nourriture disponible par personne pourraient conduire à des changements dans le contenu énergétique et la composition des régimes alimentaires, et que ces changements auront des conséquences importantes pour la santé", souligne Marco Springmann, de l'Université d'Oxford (Royaume-Uni), qui a dirigé l'étude.

Les effets liés à la dénutrition pourraient être l'un des facteurs indirects les plus dramatiques du changement climatique.

Des morts évitées ?

Les pays les plus touchés seraient ceux aux revenus faibles et moyens, essentiellement dans la région du Pacifique ouest (264.000 morts) et d'Asie du Sud-Est (164.000). Près des trois quarts des décès surviendraient en Chine (248.000) et en Inde (136.000).

Si aucune mesure n'est prise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le changement climatique pourrait réduire "d'environ un tiers" l'amélioration prévue de la quantité de nourriture disponible d'ici à 2050, indiquent les chercheurs. Au niveau individuel, cela se traduirait par une diminution moyenne de 3,2% de la quantité de nourriture disponible, de 4% de la consommation de fruits et légumes et de 0,7% de celle de viande rouge par rapport à 2010.

"La consommation réduite de fruits et légumes pourrait faire deux fois plus de morts que la sous-alimentation", estiment les chercheurs. Les impacts les plus importants de la baisse de consommation de fruits et légumes "se feront probablement sentir dans les pays à haut revenu", les pays à revenu faible et moyen du Pacifique ouest, d'Europe et de l'Est de la Méditerranée. L'Asie du Sud-est et l'Afrique arriveraient en tête en ce qui concerne les décès d'adultes liés à un poids insuffisant.

Limiter les émissions de gaz à effet de serre pourrait diminuer le nombre de morts de 29% à 71% selon les scénarios. Les chercheurs ont également estimé que de nombreux décès liés au climat seraient compensés par le recul de l'obésité. 

"Les programmes d'adaptation aux changements climatiques liés à la santé pourraient adopter une approche plus générale sur les facteurs de risque liés au poids qui comprendrait à la fois l'insuffisance de poids et l'obésité", concluent les auteurs de l'étude.

Etude de référence : "Global and regional health effects of future food production under climate change: a modelling study", Dr Marco Spingmann et al, The Lancet, 2 mars 2016, DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(15)01156-3