La douleur visualisée par IRM

Comment évaluer la douleur d'une personne dans l'incapacité de s'exprimer ? Pour répondre à cette préoccupation récurrente du corps médical, des neurologues de l'Université du Colorado ont cherché à identifier, via l'imagerie par résonnance magnétique (IRM), les réponses neurologiques associées à la souffrance physique. Des résultats encourageants ont été publiés le 11 avril 2013 dans le New England Journal of Medecine.

Florian Gouthière
Rédigé le
En France, le délai d'attente pour passer une IRM était de 30 jours en moyenne en 2014 (Image d'illustration)
En France, le délai d'attente pour passer une IRM était de 30 jours en moyenne en 2014 (Image d'illustration)

Quel autre moyen d'évaluer la douleur que de demander au patient ce qu'il ressent ? Une telle question se pose, quotidiennement, pour réaliser l'accompagnement les personnes placées en salle de réveil ou en réanimation.

Nous détaillions il y a peu une méthode actuellement développée par des chercheurs de l'Inserm basée sur l'observation des contractions réflexe de la pupille. L'équipe du professeur Tor Wager, de l'Université du Colorado, a exploré une voie de recherche alternative, mettant en jeu l'imagerie par résonnance magnétique (IRM).

Cent quatorze volontaires ont été mis à contribution pour l'expérience. Tandis que la surface de leur épiderme était soumise à différents niveaux de chaleur, des photographies de leur cerveau étaient effectuées à l'aide d'un scanner. Après analyse des clichés par ordinateur, les chercheurs sont parvenus à identifier une signature "universelle" de la réaction aux variations locales de température, et notamment la douleur qui y est associée.

Les chercheurs ont ainsi établi qu'à la suite du stimulus thermique, de nombreuses zones du cerveau - identiques d'un individu à l'autre - sont activées.

Le profil type de chaque intensité thermique ainsi établi, l'équipe de Tor Wagner est parvenue à prédire, avec une efficacité moyenne de 93%, le niveau de douleur ressentie par des patients soumis à différents stimulus à la surface de leur peau. L'expérience démontre en outre que le signal de la douleur est atténué en présence d'analgésiques.

Cœurs brisés

Les scientifiques ont par ailleurs cherché à établir si la douleur psychologique s'accompagnait d'un signal neurologique similaire à celui identifié pour la douleur physique. Des amoureux récemment éconduits ont été recrutés pour passer sous l'IRM. La réponse du cerveau à la visualisation de photographies de leur passé enfui a été dûment enregistrée. L'ordinateur s'est avéré capable de distinguer la douleur physique de la douleur morale dans plus de 73% des cas. Impossible, en somme, de mettre sur le même plan une gifle et l'empreinte qu'elle laisse dans nos souvenirs.

Forts de ces premiers résultats très encourageants, les chercheurs souhaitent désormais déterminer si leur protocole d'expérience permet d'identifier efficacement les douleurs cliniques, dans des conditions proches du quotidien hospitalier.

Source : An fMRI-Based Neurologic Signature of Physical Pain. Tor D. Wager, Ph.D., Lauren Y. Atlas, Ph.D., Martin A. Lindquist, Ph.D., Mathieu Roy, Ph.D., Choong-Wan Woo, M.A., and Ethan Kross, Ph.D.0. N Engl J Med 2013. doi: 10.1056/NEJMoa1204471

En savoir plus

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Ailleurs sur le web :

  • Le blog de Laura Atlas
    Le blog de l'un des membres de l'équipe de recherche, présentant des informations complémentaires sur l'étude.