Une appli "contraception" visée par une enquête

"Natural cycle", une application contraceptive comptant près de 600 000 utilisatrices dans le monde, fait l'objet d'une enquête par l'agence de régulation des produits médicaux suédoise. 51 cas de grossesses involontaires seraient survenus avec sa méthode. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Une appli "contraception" visée par une enquête
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L' application Natural cycle est au centre de toutes les attentions en ce début d'année, et en particulier celle de l'agence de régulation des produits médicaux suédoise. Comme son nom le sous-entend, elle propose d'identifier - notamment par la prise de température - la période d'ovulation d'une utilisatrice par des signaux colorés : si c'est vert, pas de risque de grossesse, si c'est rouge, la femme est en période de fécondité. 

Des grossesses non désirées avec cette appli

Sauf que 37 suédoises ont dû interrompre leur grossesse après être tombées enceintes alors qu'elles utilisaient Natural cycle comme moyen de contraception. Des hôpitaux ont donc saisi l'équivalent suédois de l'ANSM (L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) pour mener une enquête. L'affaire est en cours et Natural cycle a déjà été approchée par l'organisme et concernerait à présent 51 dossiers. L'entreprise a d'ailleurs déjà publié un communiqué pour se défendre. Elle y rappelle que sa méthode a obtenu le marquage CE en tant que dispositif médical. Qu'elle aurait un taux de réussite de 93% pour un usage commun et même de 99% - soit l'équivalent d'une pilule - en cas d'utilisation assidue ("under perfect use"). Le communiqué rappelle enfin que le but d'une telle application est uniquement d'élargir le choix dans la méthode contraceptive des couples.

Une extension de la méthode Ogino

Cette application n'est autre qu'une extension "méthode Ogino-Knaus" consistant à suivre ses cycles hormonaux pour identifier sa période d'ovulation afin d'avoir des rapports sexuels sans risque de grossesse. L'algorithme s'activant principalement en fonction de la température, l'utilisatrice est donc invitée à prendre sa température sur la langue et à rentrer le résultat dans l'application afin d'obtenir son code couleur. Cette appli a fait l'objet d'une chronique le 19 décembre 2017 par Setti Dali au Magazine de la Santé.  Le Dr Béatrice Guigues, gynécologue, avait été citée, celle-ci ne la considérant pas comme d'une grande fiabilité. L'une des premières raisons? Le critère de la température n'est pas suffisament pertinent. Celle-ci peut en effet être liée à d'autres facteurs comme la fièvre. A son sens, cette application aurait davantage une utilité pour les femmes souhaitant au contraire avoir un enfant afin d'évaluer leurs périodes de fécondité.

Des méthodes alternatives, conséquences d'une désaffection à l'égard de la pilule

Les méthodes "alternatives" (à la pilule) sont de plus en plus nombreuses depuis que la désaffection à l'égard de la pilule progresse, conséquence des polémiques entourant celles de 3ème et 4ème génération. En France, ce constat a été récemment confirmé par un baromètre de l'agence sanitaire Santé publique France publié le 25 septembre 2017. Face au développement de tous ces procédés dont l'efficacité n'est pas toujours la même, l'Organisation mondiale de la santé les a listés et évalués sur son site.