La santé des prostitués se dégrade

Dans un rapport publié mardi 18 décembre 2012, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) observe que l'émergence de nouvelles pratiques et le développement de la répression aggrave l'état de santé d'un nombre important de prostitués.

Florian Gouthière
Rédigé le
La santé des prostitués se dégrade

Selon le rapport remis ce 18 décembre 2012 par l'Igas à Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, un nombre important de prostitués se trouve aujourd'hui en situation de grande précarité. Membres d'une population déjà particulièrement exposée aux maladies et infections sexuellement transmissibles, ces personnes doivent de surcroît faire face aux diverses pathologies associées à des conditions de vie et d’environnement dégradées : troubles psychiques, infections broncho-pulmonaires, troubles alimentaires ou usage de produits psychoactifs.

Difficulté pour les personnes étrangères à faire valoir leurs droits

Ce développement important de la précarité trouve son origine dans deux causes qui peuvent malheureusement s'additionner. Ainsi, "la prostitution de rue est essentiellement constituée d’étrangers en situation irrégulière qui éprouvent de grandes difficultés à faire valoir leurs droits et à accéder aux dispositifs de droit commun," expliquent les auteurs du rapport. "La reconnaissance et l’effectivité de [ces] droits constituent des conditions indispensables pour la prévention, le suivi médical et les soins des personnes qui se prostituent." Le rapport note que ces populations étant, en outre, "fréquemment originaires de pays de forte endémie (VIH, tuberculose)", les problématiques s'en trouve encore accentuées.

Une prostitution qui échappe de plus en plus  à l'action des associations

Comme le souligne le rapport, la distribution de matériel de prévention sanitaire par les associations contribue grandement à la réduction des risques sanitaires liés à la prostitution. Cependant, le travail de ces associations apparaît de plus en plus complexe. Si les auteurs rappellent "la très importante diminution des crédits" qui leur sont alloués, passés de 6,738 millions en 2006 à 2,215 millions en 2011, ces difficultés financières ne sont pas seules en causes.

L'instauration de la loi de 2003 sur le délit de racolage passif apparaît en effet comme l'un des noeuds du problème.

"Au gré des décisions de police, certaines personnes rencontrent des difficultés à rester dans la rue", nous explique Jean-Régis Ploton, président de l'association d'action sanitaire Autres Regards, à Marseille. "Or, les associations rencontrent essentiellement les personnes au gré de tournées de rue. Nous constatons que de plus en plus de personnes s'en vont exercer, voire débutent leur activité, dans des lieux privatifs. Impossible, dans ces conditions, de faire de la prévention et d'assurer nos missions de santé publique."

L'Igas note que le phénomène s'est également trouvé renforcé par l'évolution des techniques et des pratiques sociales, "la montée en puissance d'Internet et des réseaux sociaux" favorisant l'émergence de cette prostitution invisible.

A la remise de ce rapport, Najat Vallaud-Belkacem a reconnu "la nécessité de consolider le soutien aux associations" en simplifiant l'accès aux financements, ainsi que le caractère "fortement préjudiciable" du délit de racolage passif pour les prostitués. Elle a précisé que le gouvernement travaillait actuellement à "un plan global" sur la prostitution, portant notamment "sur les questions d'insertion sociale et professionnelle".