Parkinson : les cauchemars sont-ils un signe de la maladie ?

Une récente étude montre que les personnes âgées qui font des cauchemars ont deux fois plus de risque de développer la maladie de Parkinson.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
Rédigé le , mis à jour le
Parkinson : les cauchemars sont-ils un signe de la maladie ?
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On savait déjà que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson étaient plus enclines à faire des cauchemars. Une récente étude publiée dans eClinicalMedicine révèle que ces cauchemars pourraient être des signes avant-coureurs de la maladie. 

Des chercheurs de l’université de Birmingham (Angleterre) ont mené une étude sur 3 830 hommes. Ceux qui faisaient des cauchemars régulièrement ont été suivis pendant plusieurs années. Au cours de ce suivi, 91 cas de maladie de Parkinson ont été identifiés. 

Résultat de l'étude : les personnes qui faisaient fréquemment des mauvais rêves avaient deux fois plus de risques de développer la maladie de Parkinson que ceux qui n'en faisaient pas. 

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La maladie de Parkinson se traduit par des tremblements, une lenteur des mouvements et une raideur musculaire. Elle est la deuxième maladie neurodégénérative la plus répandue, derrière la maladie d'Alzheimer. Elle apparaît le plus souvent après 65 ans et est diagnostiquée à partir de ces premiers symptômes physiques. 

Comment expliquer ces cauchemars ?

Le Dr Frédéric Blanc, neurogériatre au CHU de Strasbourg prend notamment en charge des patients atteints de la maladie à corps de Lewy. Il connaît bien les cauchemars dans le cadre de maladies neurodégénératives puisqu'ils font partie de la liste de critères pour poser le diagnostic. "On les retrouve dans 75% des cas", explique-t-il.

"Ce sont des cauchemars particuliers : ils sont intenses, le patient les vit de manière vivace. Il se sent impliqué dans le cauchemar. Conséquence : quand il se lève le matin, le mauvais rêve reste présent voire envahissant", ajoute le Dr Frédéric Blanc. 

Alors, faut-il s’inquiéter lorsque l’on fait des cauchemars ? "Non", rassure le professionnel. "Quand une situation ne va pas, il est normal de faire des cauchemars. Dans le cadre de la maladie à corps de Lewy, il n’y a pas de contexte psychologique. Les patients ne comprennent pas pourquoi ils cauchemardent".

La nature de ces mauvais rêves est également tout à fait particulière. "Ce ne sont pas des histoires intéressantes, elles font juste peur", poursuit le Dr Frédéric Blanc. "Un jour, un patient m’a dit qu’il n’y avait pas de scénario, rien à regarder". Simplement un sentiment de peur et de malaise qui envahit celui qui vit le cauchemar. De plus, ce sont des cauchemars qui se répètent, "une fois par semaine ou par mois par exemple, avec des thématiques qui reviennent".  

Les cauchemars : un biomarqeur de la maladie ?

Ce ne sont donc pas des cauchemars classiques que nous pouvons tous faire. Là, il s’agit d’un trouble du comportement en sommeil paradoxal – la phase des rêves, moment durant lequel le corps est paralysé. Dans le cadre de maladies neurodégénératives, le corps peut bouger. "Il peut s’agir de cauchemars ou bien de rêves vivaces", complète le Dr Blanc. Des lésions au niveau du tronc cérébral provoquent ces troubles du comportement en sommeil paradoxal. 

Dans la maladie de Parkinson, les cauchemars ne sont pas pris en compte pour établir le diagnostic. C’est précisément ce qui pourrait changer avec les résultats de ce type d’études. "Les symptômes physiques sont plus simples à détecter", concède Frédéric Blanc. Mais "les troubles du comportement en sommeil paradoxal pourraient être un biomarqueur", estime-t-il. 

Pour le moment, il n’existe pas de traitement à administrer avant même le diagnostic. L'étude lance donc la piste d’une prise en charge au stade prodromal (premiers symptômes annonçant une maladie). En France, la maladie de Parkinson touche 200 000 personnes. 

Parkinson : l'espoir d'un nouveau traitement
Parkinson : l'espoir d'un nouveau traitement  —  Le Magazine de la Santé - France 5