Syndrome ''d'auto-brasserie'' : une frite, ça va...

Certaines levures présentes dans notre intestin produisent de faibles quantités d'alcool. De très rares personnes, qui dégradent difficilement cette substance, entrent en état d'ébriété malgré eux. Une revue médicale présentait récemment le cas, plus surprenant encore, d'un homme "auto-alcoolisé" du fait d'une levure de bière particulièrement active dans son organisme. Un nouveau cas a été présenté ce 5 mars sur le site de la BBC. Celui-ci n'est cependant pas formellement avéré.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Syndrome ''d'auto-brasserie'' : une frite, ça va...
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Dans une interview accordée à la BBC, Nick Hess explique être assailli de douleurs d'estomac et de maux de tête de façon quotidienne depuis plus d'un an. Surtout, il deviendrait très fréquemment "maladroit et vulgaire" suite à l'ingestion de glucides. Un repas de frites aurait ainsi l'étrange pouvoir de le plonger… en état d'ébriété.

Ce résident de Hawaï raconte que sa femme a un jour fouillé le domicile conjugal de fond en comble, à la recherche de bouteilles dissimulées, persuadée qu'il consommait de l'alcool en cachette.

En se documentant, le jeune homme découvre l'existence d'une maladie rare associée à une mauvaise dégradation de l'alcool produit, en petites quantités, par certaines levures présentes dans l'organisme. Il entend en outre parler fin 2013, dans la presse, du cas d'un Texan dont l'intestin abritait des levures de bière actives (voir notre compte rendu sur Allodocteurs.fr).

Il entre en contact avec l'un des auteurs de l'étude du cas texan, ainsi qu'avec un médecin acceptant de tester ses échantillons de selles. Selon ce dernier, le taux de levures détecté y était "cinq fois supérieur à la normale".

Le cas de Nick Hess intéresserait très fortement ces deux médecins. Il faut cependant noter que l'Hawaïen est poursuivi dans une affaire de conduite en état d'ébriété. Or, commente un toxicologue judiciaire interrogé par la BBC, l'argument du "syndrome d'auto-brasserie" est parfois avancé par des automobilistes. Selon lui, l'alcool présent dans l'intestin transitant nécessairement par le foie, où il est dégradé, il est très douteux que des levures en produisent suffisamment pour déclencher les symptômes décrits. Il estime nécessaire d'examiner de très près le cas texan avant de le considérer comme "avéré", et est tout aussi sceptique à l'égard du cas hawaïen.

Des examens rigoureux doivent encore confirmer l'authenticité du cas de Nick Hess. Celui-ci, après avoir bénéficié d'un traitement antifongique similaire à celui du malade texan, déclare ne plus souffrir désormais que d'une à deux crises d'ébriété par mois.

Une demi-douzaine d'articles seulement est publiée chaque décennie sur le sujet. Le plus souvent, un régime alimentaire fort en fibres et en levures est mentionné comme origine probable de l'apparition et de la survie dans l'organisme de la levure assurant la production d'alcool.