Dépression : la piste inflammatoire

Une personne sur dix souffrira d'une dépression au cours de sa vie. Si les origines de cette maladie restent floues, la piste immunitaire est de plus en plus évoquée : la dépression serait liée à une inflammation du cerveau. Une hypothèse que vient confirmer une nouvelle étude.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Dépression : la piste inflammatoire

Les causes de la dépression sont nombreuses : facteurs environnementaux, génétiques et même inflammation du cerveau… Cette dernière hypothèse, émise depuis quelques années, est aujourd'hui confirmée par une étude canadienne publiée dans le numéro de mars de la revue JAMA Psychiatry. Les chercheurs ont observé que le cerveau d'une personne dépressive possède un taux de marqueur de l'inflammation 30% supérieur à celui d'une personne en bonne santé.

Si la piste inflammatoire avait déjà été formulée par d'autres scientifiques, c'est la première fois qu'elle est confirmée de cette manière. "Les autres études ont mis en évidence des marqueurs de l'inflammation dans le sang, mais ici c'est la première fois que l'on trouve une preuve directement dans le cerveau" explique le Dr Jeffrey Meyer, auteur principal de l'étude.

Pour ce faire, les chercheurs ont comparé le système nerveux de vingt personnes dépressives, ne se traitant plus depuis au moins six mois, à ceux de vingt personnes témoins. Grâce à une technique d'imagerie médicale (le PET scan), ils ont dosé le taux de protéines impliquées dans la réaction inflammatoire : les protéines de translocation. Celles-ci sont produites en grande quantité lorsque les défenses immunitaires du cerveau (les microglies) s'activent. Dans trois zones du cerveau des malades, ces protéines sont de 26 à 33% plus élevées que pour les personnes normales. Ces résultats confirment ainsi la piste d'une réaction immunitaire. Autre observation importante : plus l'inflammation est forte et plus l'épisode dépressif est sévère.

L'inflammation, cible de nouveaux traitements ?

A la suite d'une infection, par exemple, le corps libère des molécules inflammatoires, qui atteignent le cerveau. Et ces molécules peuvent abîmer les neurotransmetteurs, impliqués dans la régulation de l'humeur. Un excès d'inflammation dans le cerveau peut donc endommager certaines aires cérébrales.

Le mécanisme inflammatoire pourrait donc être la cible de nouveaux traitements antidépresseurs. Une méta-analyse publiée en 2014 dans la même revue avait déjà établi un lien entre prise de médicaments anti-inflammatoires et réduction du risque dépressif. Cette nouvelle étude est donc un élement de plus pour renforcer le lien entre réaction immunitaire et dépression, même si c'est "une maladie complexe et que l'on sait que ces origines ne sont pas que biologiques" précise le Dr Meyer.

 

Source : Role of Translocator Protein Density, a Marker of Neuroinflammation, in the Brain During Major Depressive Episodes. E. Setiawan et al. JAMA Psychiatry, mars 2015. doi:10.1001/jamapsychiatry.2014.2427

 

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