Maladie de Bouveret : quand le coeur s'emballe

La maladie de Bouveret est impressionnante et très désagréable puisqu'elle se manifeste par des crises de palpitations à début et fin brusques, sans aucun élément déclenchant. Comment fait-on le diagnostic de la maladie de Bouveret ? Comment la traite-t-on ? Les explications avec le Dr Gérald Kierzek, urgentiste.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

La maladie de Bouveret se manifeste par des crises de palpitations à début et fin brusques, sans aucun élément déclenchant. Vous ressentez donc une accélération cardiaque brutale (le coeur s'emballe), cela dure de quelques minutes à quelques heures, et cette crise de tachycardie s'arrête aussi brutalement qu'elle a débuté. Elle s'accompagne d'une sensation désagréable de palpitations et parfois d'une sensation de malaise. La crise peut aussi se solder par une envie irrépressible d'uriner.

À quoi est due la maladie de Bouveret ?

Normalement, le signal d'un battement cardiaque part d'un point nommé noeud sino-auriculaire, situé tout en haut de l'oreillette droite du coeur. Ce signal fait contracter les oreillettes qui pompent alors le sang dans les ventricules. Le signal électrique va ensuite au noeud auriculo-ventriculaire, situé entre les oreillettes, puis au faisceau de His, un type de fibres cardiaques situées entre les ventricules. Les ventricules se contractent alors et pompent le sang dans les artères. C'est la contraction des ventricules qui produit le pouls.

Dans la tachycardie de Bouveret ou maladie de Bouveret, on parle de tachycardie jonctionnelle car l'accélération du rythme cardiaque ne tire son origine ni des oreillettes, ni des ventricules cardiaques, mais provient d'une ré-entrée anormale dans le noeud responsable de la propagation de l'influx électrique du coeur. Cette anomalie au niveau de la remontée de l'influx électrique permet le déclenchement du battement cardiaque, qui remonte par une voie trop rapide ou anormale et cela double en quelque sorte le rythme.

Comment diagnostique-t-on la maladie de Bouveret ?

Le diagnostic de la tachycardie de Bouveret se fait sur la description des symptômes par le patient. Les crises sont assez typiques : début brutal et fin brutale, sujet jeune etc. Mais surtout, c'est l'enregistrement du coeur par l'électrocardiogramme qui donne le diagnostic quand on a la chance de l'enregistrer. Ce phénomène étant de survenue ponctuelle (on parle de tachycardie paroxystique), il est rare qu'il puisse être constaté directement par le médecin.

Comment traite-t-on la maladie de Bouveret ?

On peut déjà soi-même calmer la crise de tachycardie en ralentissant le coeur par stimulation vagale. Ce fameux nerf qui ralentit le rythme cardiaque. Si vous êtes sujet aux crises, vous pouvez donc les faire disparaître en réalisant des petits gestes tels que la provocation du réflexe nauséeux, le grand verre d'eau glacée, la compression des globes oculaires ou encore le massage de l'artère localisée au niveau du cou, l'artère carotide.

Si cela ne fonctionne pas, il faut des médicaments intra-veineux pour ralentir le rythme : Striadyne® ou des inhibiteurs calciques. Ils sont un peu désagréables car ils ralentissent brutalement le coeur avec une espèce de haut le coeur et surtout l'impression d'une pause cardiaque. C'est la raison pour laquelle il faut toujours les injecter sous contrôle scope et avec les médicaments pour faire redémarrer si besoin…. Il faut donc contacter une équipe SMUR.

Quant au traitement de fond de la maladie de Bouveret, il fait appel à des médicaments comme les bêta-bloquants ou des anti-arythmiques. Dans certains cas, une destruction de la voie anormale au moyen d'une ablation par radiofréquence peut être efficace. Mais c'est le métier des cardiologues, et même des rythmologues.