Alzheimer : comment poser un diagnostic précoce ?
Un mauvais diagnostic est souvent lourd de conséquences. Une expertise judiciaire est en cours pour comprendre comment un patient de 50 ans a pu être déclaré par erreur malade d'Alzheimer pendant dix ans au CHU de Nancy. Chez les jeunes patients, le diagnostic d'Alzheimer est plus difficile à poser que chez les malades âgés. Explications.
En France, ils sont 8.500 patients de moins de 60 ans à souffrir de la maladie d'Alzheimer. Pour ces jeunes malades, le diagnostic est difficile à poser avec parfois quatre à huit ans de retard. "Chez des patients jeunes, les tests réalisés en consultation peuvent être perturbés, non pas parce qu'il y a une maladie d'Alzheimer mais parce qu'il y a une autre affection soit neurologique, avec des maladies un peu plus rares comme la maladie des corps de Lewy, soit non neurologique comme une dépression très sévère", explique le Dr Stéphane Epelbaum, neurologue.
Pour diagnostiquer la maladie d'Alzheimer, la Haute Autorité de santé recommande de faire deux grands types d'examens : des tests de mémoire dits neuropsychologiques et un examen d'imagerie de type IRM ou scanner. Dans les cas atypiques, comme pour les jeunes patients, une ponction lombaire peut être aussi réalisée. L'analyse du liquide céphalo-rachidien permet de détecter de manière presque certaine la présence de la maladie. Mais le geste est délicat, coûteux et donc pas systématique.
Les erreurs de diagnostic ont de lourdes conséquences notamment chez les jeunes patients qui se voient administrer un traitement Alzheimer pour rien. Pour le professeur Bruno Dubois, neurologue, il faut donc revoir les recommandations de la HAS avec une ponction lombaire systématique : "Le trouble de mémoire n'est pas suffisant pour faire le diagnostic de maladie d'Alzheimer. La normalité ou l'absence de lésion à l'IRM va permettre d'éliminer les causes vasculaires. Mais de nombreuses maladies, autres que la maladie d'Alzheimer, peuvent donner des troubles de mémoire. L'avantage de la ponction lombaire, c'est qu'elle met en évidence les anomalies biologiques spécifiques de cette maladie. On est donc sûr du diagnostic".