L'autisme, Grande cause nationale 2012

François Fillon a attribué, mardi 20 décembre 2011, le label de Grande Cause nationale 2012 au collectif d’associations "Rassemblement Ensemble pour l’autisme". Un label qui permet notamment d’obtenir des campagnes gratuites sur les radios et les télévisions publiques, soit pour faire connaitre ce trouble, soit pour des appels aux dons.

Benoît Thevenet
Rédigé le , mis à jour le
L'autisme, Grande cause nationale 2012

L'autisme, dans ses formes très diverses, touche près de 600 000 personnes en France, et un nouveau-né sur 150. Mais aujourd'hui la prise en charge de ces enfants est un parcours du combattant pour les parents - les places manquent dans des structures spécialisées - sur fond de polémique parfois très dure entre des associations soutenues par quelques médecins qui réclament pour tous une prise en charge éducative et comportementaliste, et les tenants d'une vision psychanalytique de l'autisme. La Haute Autorité de Santé (HAS) doit d'ailleurs rendre un rapport sur le sujet prochainement.

Pour Vincent Gerhards, président du Collectif Autisme, une des 1000 associations du rassemblement "Ensemble pour l'autisme", l'attribution du label Grande cause "arrive au bon moment". Interview.

  • Pour la première fois en France, le label Grand cause nationale est attribué à l'autisme, qu'est-ce que cela signifie pour vous ?

Vincent Gerhards : "C'est une forme de reconnaissance. On se dit que c'est normal et en même temps que c'est courageux de la part du gouvernement. En France, l'autisme concerne potentiellement une naissance sur 150. Or les structures expérimentales porteuses d'espoirs, qui développent des stratégies comportementalistes ou éducatives (NDLR : méthodes de prise en charge des enfants qui consistent, notamment par la répétition, à apprendre à vivre en société) ne concernent que quelques centaines d'enfants, c'est un problème urgent de santé publique.

"C'est aussi un signe pour le milieu de l'autisme qui a longtemps été divisé. C'est le bon moment : les premières associations existent depuis une trentaine d'années et depuis des mois on s'efforce de parler d'une seule voix, ça finit par payer. Grace à ce label, on va pouvoir parler de l'autisme, faire connaitre ce trouble. On va probablement aussi proposer notre propre plan autisme, et pour la première fois en janvier se tiendront les journées parlementaires de l'autisme."

  • Est-ce que cette année un peu spéciale va permettre de renouer le dialogue entre les tenants de la méthode comportementaliste et ceux de la prise en charge psychanalytique ?

V.G. : "Les débat entre la psychanalyse et nous est un peu comme les débats sur la chasse ou la corrida. C'est tout ou rien, les positions sont difficilement conciliables. Il y a peut-être des passerelles possibles, même si on a le sentiment que les psychanalystes sont campés sur leurs positions. Mais on travaille avec des médecins qui font avancer les choses, qui essaient de nouvelles méthodes, même s'ils ne le crient pas sur les toits de crainte d'être mis sur la touche par leurs pairs."

  • La Haute Autorité de Santé (HAS) va bientôt rendre son avis sur la prise en charge de l'autisme. Décidément 2012 est une année charnière.

V.G. : "Ces conclusions sont évidemment trés attendues. Je le répète on ne veut pas exlcure les psychiatres et pédopsychiatres qui font avancer les choses, mais il faut voir qu'en France les centre de prise en charge comportementale et éducative ne sont qu'expérimentaux alors qu'ailleurs ça marche !

"Le packing (NDLR : méthode qui consiste a envelopper les enfants autistes dans des linges humides et froids pour leur faire prendre conscience de leur corps) pour prendre l'exemple le plus parlant, n'a jamais été validé scientifiquement, ne donne pas de résultat mais il est remboursé par la Sécu... La stratégie éducative, ça marche et c'est pas remboursé !

"A Montréal, les médecins peuvent prescrire de l'ABA (Analyse appliquée du comportement. NDLR : comme son nom l'indique, méthode comportementaliste) et les psychologues peuvent faire le diagnostic de l'autisme. Le suivi des enfants est précis. Jusqu'à 6 ans, ils suivent la méthode ABA, ensuite on décide de poursuivre si leurs troubles restent trés présents, ou bien de faire de l'éducatif. La France est trés en retard sur ces sujets par rapport à beaucoup d'autres pays."

 

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