Idées reçues autour de la migraine

La migraine, c'est psy... Ça ne sert à rien de consulter.... Les enfants n'ont pas de migraines... Beaucoup de mythes circulent autour de la migraine, sans que l'on sache s'ils sont vrais ou faux. Le point pour vous sur 14 idées.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Idées reçues autour de la migraine
  • La migraine, c'est psychologique
    Tous les migraineux ont entendu "ta migraine, c'est dans la tête". Hé bien non, la migraine n'est pas pyschologique, il s'agit d'une affection neurologique, dont le mécanisme anatomique est bien identifiée par les médecins !

  • Elle ne se soigne pas bien, donc ça ne sert à rien de prendre des médicaments...
    Certains patients désespèrent devant le peu d'efficacité des traitements qu'ils ont essayés. Et ils abandonnent tout espoir d'aller mieux. Or la médecine progresse et des médicaments spécifiques de la migraine sont mis au point, les triptans et encore au stade de recherche, les ditans. Alors il faut parfois en tester plusieurs, mais cela vaut le coup d'essayer !

    A l'heure actuelle, on recommande les triptans et les anti-inflammatoires comme traitement de la crise. Et si l'un n'est pas efficace au bout de 2 heures, on prend l'autre. Un traitement de fond, afin de diminuer la fréquence des crises peut être ajouté si les migraines altèrent vraiment la qualité de vie, par leur fréquence ou leur intensité.

  • Consulter ne sert à rien... si !
    La médecine peut vous soulager, des traitements adaptés existent. Il est donc fortement conseillé de consulter un neurologue à partir du moment où deux traitements de fond, prescrits par le médecin généraliste se sont révélés inefficaces.

  • Le stress ou une contrariété est un facteur déclenchant des migraines ?
    Oui ! Mais le stress n'est pas suffisant pour constituer une migraine : tous les stressés ne sont pas migraineux et tous les migraineux ne sont pas stressés. En revanche, il peut en effet favoriser les crises chez certains migraineux, à l’instar des contrariétés, des émotions fortes et autres facteurs psychologiques.

  • L’alimentation peut favoriser les crises. Vrai, beaucoup de migraineux auront remarqué que certains aliments (chocolat, alcool, fromage,…), tout comme le saut d’un repas, précipitaient leurs crises. Certaines substances sont incriminées, telles que les sulfites dans le vin), mais le mécanisme n’est toujours pas élucidé. Le fait de ne pas boire assez  est lui aussi mentionné par les patients. Quant à l’hypoglycémie, elle déclenche à elle seule des symptômes à type de maux de tête.  Une bonne hydratation ainsi que l’évitement d’un saut de repas ou des aliments déclenchant les crises sont ainsi fortement conseillés…

  • Les triptans rendent stérile
    Faux. En aucun cas un triptan peut affecter la fertilité !

  • Les enfants n'ont pas de migraine
    Faux, 5 à 10 % des enfants souffrent de migraine, elle peut apparaître dès l'âge de 4 ans, parfois avant. On les traite par des anti-inflammatoires, comme l'ibuprofène, voire le paracétamol. Et en traitement de fond, c'est la relaxation qui est indiquée de prime abord.

  • On ne peut pas se traiter pendant la grossesse
    Faux... On peut prendre certains triptans, mais il convient d'éviter les anti-inflammatoires (dont l'aspirine). Le paracétamol peut être pris durant une grossesse mais n'est pas forcément efficace. Une consultation auprès de son neurologue permettra de trouver le traitement le plus adapté durant la grossesse.

  • La grossesse diminue les crises
    80% des femmes migraineuses ne font pas de crise pendant la grossesse, grâce aux hormones. Ces chanceuses sont souvent des femmes ayant de crises au moment des règles. Cette amélioration s'observe surtout aux 2ème et 3ème trimestre.

  • La pilule aggrave les crises
    Cela dépend des femmes : chez un tiers, on constate une amélioration, chez un autre tiers une agravation et chez le dernier tiers aucun effet. Cela s'explique par un facteur hormonal, qui est très variable d'une femme à l'autre. Et pour celles où l’on constate une agravation, changer de pilule permet de modifier le dosage en oestrogènes ou en progestérone, ce qui peut améliorer les migraines.

  • Les migraineux ont plus de risques d'AVC
    Statistiquement, il y aurait un risque accru d'AVC chez la femme qui souffre de migraines avec aura avant 40 ans. Ce risque est potentialisé par le tabac et la contraception hormonale. Une femme jeune, avec des migraines avec aura ne doit donc pas prendre de contraception hormonale oestro-progestative (a fortiori quand elle fume).

  • L'ordinateur déclenche des crises
    Des heures passées à travailler sur un ordinateur peuvent en effet déclencher des céphalées de tension ou des migraines. La solution consiste alors à adapter la posture de travail et à effectuer un travail de détente musculaire en profondeur.

  • Il n'y a pas de solutions douces, naturelles efficaces
    L'application d'une vessie de glace soulage la douleur. Tout comme le café, grâce à la vaso-constriction qu'il induit et en potentialisant l'action des antalgiques. Ces effets sont positifs à condition de se limiter au maximum à trois expressos.

    La relaxation est un excellent moyen de supprimer les facteurs déclenchants d'ordre psychologique. L'acupuncture a un effet placebo d'après les études (cela signifie que cela fonctionne chez 30% des gens tout de même). Quant à l'ostéopathie, elle ne vient pas à bout d'une migraine, mais d'un facteur qui la déclenche. Son efficacité n'est pas encore prouvée en tout cas. Au cas par cas, pourquoi pas ?

    Le Dr Chevallier, botaniste, et Thierry Thévenin, herboriste, recommandent quelques plantes, en compléments des médicaments : la camomille, en tisane ou en compresses sur le front, ou la menthe poivrée en massage des tempes.

  • Le paracétamol est un bon traitement des migraines
    S'il est efficace en moins de 2 heures, sans reprendre de médicament et en pouvant reprendre une vie normale en 2 heures, on le garde à la condition de ne pas le prendre plus de deux ou trois fois par mois. Mais il ne fait pas partie des traitements recommandés par la Haute Autorité de Santé. Car cet antalgique majore le risque de céphalées chroniques, contrairement à l'aspirine ou aux anti-inflammatoires. A l'occasion d'une migraine plus importante, le paracétamol peut entraîner le développement d'une céphalée chronique ou le fait d'avoir mal à la tête quotidiennement.

  • La codéine et les autres dérivés morphiniques sont des traitements efficaces
    Faux, ces traitements sont contre-indiqués. De plus, les patients migraineux doivent éviter ce genre de médicaments pour une autre affection (panaris, lombalgie,…) car la prise du médicament pourrait favoriser des crises de migraine.

Qu'est-ce qu'un traitement efficace ?

C'est un traitement qui agit en en moins de 2 heures, bien toléré, dont une seule prise suffit à calmer la crise. Il permet de reprendre une vie normale en quelques heures. Une seule réponse positive à ces questions nécessite de changer le traitement.