Fausse couche : comment réagir ?

Des saignements au cours d’une grossesse, c’est l’angoisse de nombreuses femmes car cela peut être le signe d’une fausse couche. Qu’est-ce qu'une une fausse couche ? Quand y-a-t-il lieu de s’inquiéter et comment réagir ? Les réponses du Dr Anthony Chauvin, médecin urgentiste.

La rédaction d'Allo Docteurs
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La fausse couche correspond à  un arrêt spontané de la  grossesse  au cours des 5 premiers mois  ou plus exactement avant la 22ème semaine d’aménorrhée, date de viabilité du fœtus.  Au-delà de cette date, on parle  d'accouchements prématurés.

On distingue 2 types de  fausses couches : 

  • La  fausse couche précoce : avant  14 semaines d’aménorrhée. Elle concerne environ 10 % des grossesses. 
  • La fausse couche tardive  : entre 14 et 22 semaines d’aménorrhée. Elle est plus rare puisqu’elle ne concerne qu’1 % des grossesses. 

En France, on estime à  20 000 environ le nombre de  fausses couches chaque année, soit 10 à 15 % des grossesses. Certaines études font même état d'un tiers des grossesses se terminant par une fausse couche, le plus souvent avant même que la femme ne se sache enceinte. Le risque est deux fois plus important si la femme a dépassé l'âge de 35 ans. 

Les facteurs favorisant  la fausse couche 

  • Des malformations chromosomiques : plus de la moitié de ces avortements spontanés ont pour origine une  malformation chromosomique. 
    Au moment de la fécondation de l'ovule par le spermatozoïde, il peut y avoir une anomalie dans la transmission des informations génétiques contenues dans le spermatozoïde et l'ovule. Dans ce cas,  l'oeuf ainsi formé s'avère non viable, incapable de se développer. 
  • Des causes infectieuses :  généralement dues à des infections maternelles locales  (vagin, col... )  ou générales.
  • Des expositions aux radiations.
  • Certains médicaments.
  • Un problème de malnutrition.

Quels sont les symptômes d’une fausse couche  ? 

  • Des  saignements vaginaux  discrets ou abondants, pouvant être irréguliers ou en continu, de couleur rouge vif ou brunâtre. 
  • L’expulsion de petits tissus brunâtres  par le vagin ou des  caillots de sang. 
  • Des  douleurs plus ou moins importantes, constantes ou intermittentes, touchant le bas du dos ou le ventre, avec parfois des  crampes pelviennes  similaires à celles ressenties lors des règles

Que faire si on pense faire une fausse couche  ? 

Consulter pour faire un diagnostic :

  • Soit le diagnostic écarte le risque de fausse couche, vous pourrez reprendre vos activités habituelles. Là encore, seul le médecin peut vous  indiquer la période de repos que vous devrez observer .
  • Soit le diagnostic confirme la fausse couche, il va falloir évaluer si  l'expulsion du fœtus et du  placenta  est complète ou non car la stratégie de traitement ne sera pas la même. 

Pour savoir si l’expulsion est complète, on fait une échographie de contrôle qui montrera une vacuité de la cavité utérine ainsi qu’une prise de sang visant à doser l’hormone de la grossesse (BétaHCG). Il n'y a aucune intervention médicale, vous pourrez rentrer chez vous. 

Si l'expulsion est incomplète

Votre médecin vous prescrira des comprimés de prostaglandines pour provoquer des contractions et un traitement antalgique. L’expulsion se fera au domicile. Bien entendu, si une hémorragie importante intervient, la patiente devra être hospitalisée d'urgence. Une fois la fausse couche terminée, il faudra  vérifier par une échographie si l'utérus contient encore une partie de l’œuf. 

Si la totalité du fœtus n'est pas rejetée dans les vingt-quatre heures, une intervention est nécessaire. Il s'agit d'une aspiration endo-utérine sous anesthésie générale, locale ou rachidienne. 

Stratégie en cas de fausse couche tardive

Quand la fausse couche intervient après le premier trimestre, une hospitalisation est nécessaire car il peut y avoir des  risques d'hémorragie. Le rejet a alors lieu sous  anesthésie générale ou péridurale. À plus de quatre mois de grossesse, les femmes doivent se préparer à subir un véritable accouchement et ce du fait de la taille du fœtus. Cela représente une épreuve psychologique pour les patientes. 

Suivi psychologique après une fausse couche tardive

Un suivi psychologique doit être proposé systématiquement et ce aussi bien à la patiente qu’à son conjoint. La fausse couche est identique à un deuil péri natal. Une étude récente a mis en évidence que 39 % des femmes ayant vécu une fausse couche précoce présentent, trois mois après, des symptômes de stress post-traumatique

Il y a des symptômes qui peuvent faire penser à une fausse couche, qui n’en sont pas et qui représentent une urgence vitale... 

Les signes qui doivent vous alerter sont  des saignements noirâtres après un retard de règles, associés à des douleurs, latéralisées ou non, dans le bas-ventre pouvant irradier jusqu’à l’épaule. Il ne s’agit pas d’une fausse-couche mais probablement d’une grossesse extra-utérine. C‘est une urgence médicale absolue. La grossesse extra-utérine ou GEU c’est un œuf qui, au lieu de s’implanter dans l’utérus, reste dans la trompe et continue de s'y développer.
La trompe peut alors se rompre, provoquer une hémorragie interne et conduire au décès de la mère.