Les Lilas : une maternité au service des femmes

La maternité des Lilas a ouvert ses portes en 1964 avec pour objectif d'aider les femmes à accoucher comme elles le souhaitent. Retour sur l'histoire de cette maternité.

La rédaction d'Allo Docteurs
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C'est l'histoire de la comtesse de Charnière, dont le rêve est de créer un lieu dans lequel toutes les femmes auraient le droit d'accoucher sans douleur. Une maternité différente des autres à l'image des méthodes introduites par le Dr Lamaze. Ce médecin a découvert une nouvelle façon d'accoucher lors d'un voyage en Russie. Pour préparer les femmes à donner la vie, elles doivent suivre des séances mêlant respiration et relaxation. C'est dans cet esprit que la maternité des Lilas voit le jour en 1964.

Très vite l'autogestion montre ses limites. Et financièrement, la situation se complique. Certains médecins sont même pointés du doigt comme l'explique Françoise Baguenault de Puchesse, ancienne puéricultrice à la maternité des Lilas : "Tout était bon pour dépenser de l'argent. Ils prenaient le Concorde pour aller aux Etats-Unis. […] À mon avis, c'est le début des problèmes qu'il y a eus". Aux Lilas, le prix des accouchements est très bas. Une volonté de la comtesse de Charnière.

En 1976, la maternité doit faire face à une première menace de fermeture. Malgré ce contexte, les équipes continuent de lutter contre l'hypermédicalisation des accouchements. C'est dans cette ambiance que le Dr Marie-Laure Brival, gynécologue-obstétricien, fait sa première garde aux Lilas en 1982 : "Chacun pouvait parler, s'exprimer… La femme de ménage pouvait aussi donner son avis sur le comportement de la sage-femme qui venait de faire un accouchement. On était dans la continuité d'un post-68. Et ce lieu m'a littéralement fasciné".

Aux Lilas, les femmes viennent accoucher sans douleur. Et les hommes, les futurs pères sont à leurs côtés. Mais la maternité des Lilas, c'est aussi un autre grand combat : les IVG, interruptions volontaires de grossesse. "On était en plein commando anti-IVG qui assaillait les hôpitaux, investissait les blocs opératoires, s'enchaînait et sortait les chapelets et récitait des prières aux femmes qui venaient avorter. C'était d'une violence inouïe", se souvient le Dr Brival.

En 1975, la loi Veil autorise l'avortement. Quant aux opérations commando, elles se calment grâce à la loi Neiertz qui condamne l'entrave à l'IVG. Chaque année, 1.300 avortements sont encore pratiqués aux Lilas : "Je connais très peu d'hôpitaux où l'avortement a toute sa place au même titre que la naissance", souligne le Dr Brival.

Ces dernières années, les difficultés financières s'accentuent, les locaux ne correspondent plus aux normes mais le personnel des Lilas ne cesse de se battre pour faire vivre ses idéaux et éviter la fermeture. Pourtant, en octobre 2015, un projet de reconstruction est validé. En 2018, La maternité des Lilas déménagera à Bagnolet. "Ce serait un grand deuil et une grande perte", prévient le Dr Brival, "et en même temps, je compte sur tout ce que le personnel a pu accumuler de convictions au cours de ces années pour que dans un nouveau lieu plus moderne, plus classique puisse quand même faire perdurer cet état d'esprit tout à fait particulier à la maternité des Lilas".