Covid : augmentation du risque de complications cardio-vasculaires, même un an après une infection

Des complications cardio-vasculaires peuvent survenir plusieurs mois après une infection par le Covid-19. Et ce risque concerne tous les patients, y compris ceux qui n'ont pas fait de formes graves.

Dr Anne Sikorav
Dr Anne Sikorav
Rédigé le
Covid : augmentation du risque de complications cardio-vasculaires, même un an après une infection

"Les personnes infectées par le Covid sont 55% plus à risque que celles n’ayant pas été infectées de subir un événement cardiovasculaire indésirable majeur" : ce sont les conclusions inquiétantes rapportées par des médecins de l’université de Washington de Saint-Louis dans un communiqué

Dans leur étude publiée dans la revue Nature Medecine, ces chercheurs américains ont analysé les données de plus de 150 000 patients infectés au début de la pandémie. Ils les ont comparé avec les données de patients jamais infectés. 

Ils ont regardé la survenue de complications cardio- vasculaires sur une période s’étendant de 30 jours à 12 mois après l’infection.    

Des problèmes de coeur et de vaisseaux

Après une infection par le coronavirus, les personnes sont à risque de développer des maladies cardio-vasculaires variées, rapportent les auteurs de l’étude : des cardiopathies ischémiques (comme l’infarctus du myocarde, +72 % de risque ), des troubles du rythme cardiaque, ou encore des maladies inflammatoires (comme les péricardites et myocardite). 

Mais la liste ne s’arrête pas là : maladies trombo-emboliques (comme les embolies pulmonaires, +193 % de risque), ou complications cérébro-vasculaires (comme les accident vasculaires cérébraux, +52% de risque) peuvent aussi survenir.  

Risque accru chez tous les patients infectés

Le risque de complications est présent, chez tous les patients infectés, même chez des patients en bonne santé et sans terrain à risque cardio-vasculaire, soulignent les auteurs : 

"Les risques étaient évidents indépendamment de l'âge, de l’origine ethnique, du sexe et d'autres facteurs de risque cardiovasculaire, y compris l'obésité, l'hypertension, le diabète, les maladies rénales chroniques et l'hyperlipidémie. Ils étaient également évidents chez les personnes sans aucune maladie cardiovasculaire avant l'exposition au COVID-19" révèle l'étude.

Et, "pour les personnes qui étaient à risque de maladie cardiaque avant d'être infectées par le SRAS-CoV-2, les résultats suggèrent que le COVID-19 pourrait amplifier le risque", rajoute le Dr Ziad Al-Aly, un des responsables de l’étude, dans un communiqué.     

Complications même en l'absence de Covid grave

Autre fait important : des personnes qui n’avaient pas eu de formes grave de Covid (soit près de 85 % des personnes) peuvent avoir des complications cardio-vasculaires, même si ce risque reste bas, insistent les auteurs. 

Avec cependant une "règle" constatée : plus l’infection Covid était sévère, plus le risque de troubles cardiovasculaires augmente. Le risque de complications était ainsi plus important chez les personnes ayant été hospitalisées lors de l’infection aiguë Covid, que chez les personnes infectées mais non hospitalisées. Et ce risque était encore plus important chez les patients ayant nécessité des soins intensifs. 

Matthieu, 42 ans, victime d'un "covid long"
"Covid long" : vers une meilleure prise en chargeMatthieu, 42 ans, victime d'un "covid long"  —  Magazine de la santé

Les limites de cette étude

En pratique que faut-il en penser ? 

Pas d'alarmisme excessif car cette étude présente des limites. En effet, les données analysées dans ces travaux de recherche sont issues du "registre des vétérans" aux Etats-Unis. Les patients pris en compte sont donc majoritairement des hommes, en moyenne âgés de 60 ans, ce qui n’est pas applicable au reste de la population.

Mais aussi, les patients étaient majoritairement infectés au début de la pandémie, avant la possibilité de vaccination, et avant l’émergence des nouveaux variants. 

Vigilance après une infection

Le risque de complications vasculaires, même s’il est peut être sur- ou sous-évalué, ne doit pas être négligé. La vigilance est de mise. Une surveillance sur le plan cardio-vasculaire chez les patients ayant été infectés par le coronavirus doit aussi être mise en place, concluent les auteurs. Et ce d’autant plus que l’infection était sévère et a nécessité une hospitalisation. 

Plus de 380 millions de personnes dans le monde ont été infectées par le virus depuis le début de la pandémie. "Par conséquent, les infections au COVID-19 ont, jusqu'à présent, contribué à 15 millions de nouveaux cas de maladies cardiaques dans le monde" estime le Dr Ziad Al-Aly, qui conclut sur l’importance de la vaccination : "Nos résultats mettent en évidence les graves conséquences cardiovasculaires à long terme d'une infection au COVID-19 et soulignent l'importance de se faire vacciner contre le COVID-19 comme moyen de prévenir les lésions cardiaques". 

A lire aussi Covids longs : la HAS préconise de la rééducation et une prise en charge des symptômes