Un risque "possible" de leucémie chez les enfants associé aux lignes à haute tension, selon l'Anses

Une exposition aux champs électromagnétiques basses fréquences serait liée à un risque à long terme de leucémie infantile, alerte l’Anses qui recommande donc de ne pas implanter d’écoles à proximité de lignes à très haute tension.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Un risque "possible" de leucémie chez les enfants associé aux lignes à haute tension, selon l'Anses
Crédits Photo : Wikimedia Commons / © François GOGLINS

Une "association possible entre l’exposition aux champs électromagnétiques basses fréquences et le risque à long terme de leucémie infantile". L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publie le 21 juin 2018 une expertise qui alerte sur un risque "possible" de leucémie liées aux lignes à très haute tension chez les enfants. Elle recommande donc "par précaution" de ne pas implanter de nouvelles écoles ou de nouveaux hôpitaux à proximité immédiate des lignes à très haute tension, ni d’installer de nouvelles lignes au-dessus de tels établissements, même si aucun lien de cause à effet n'est pour le moment démontré.

40.000 enfants exposés

En 2010, déjà, l’Anses soulignait que plusieurs études montraient une association entre la survenue de leucémie infantile et l’exposition aux champs magnétiques basses fréquences à des niveaux supérieurs à 0,2 microteslas (µT) ou 0,4 µT. Aujourd’hui, dans le cadre de cette nouvelle expertise, l’Anses a financé une étude pour quantifier la part de la population exposée à des champs électromagnétiques de ce niveau.

Cette étude, menée par une équipe de l’Inserm et du CHU de Caen, indique qu’environ 40.000 enfants de moins de 15 ans (soit 0,35 % de la population) sont exposés à leur domicile à un champ magnétique supérieur à 0,4 microtesla (µT), et environ 8.000 enfants (0,18 %) sont scolarisés dans une école exposée à un champ magnétique supérieur à 0,4 µT.

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Un risque pour les professionnels ?

Qu’en est-il de l’exposition des travailleurs et des travailleuses ? L'agence sanitaire souligne dans son expertise "la nécessité de mieux maîtriser l'exposition en milieu de travail pour certains professionnels susceptibles d'être exposés à des niveaux élevés de champs électromagnétiques, et parmi eux tout particulièrement les femmes enceintes". En effet, "à des niveaux d'exposition élevés pouvant être rencontrés en milieu professionnel, des études expérimentales ont mis en évidence la possibilité d'effets biologiques (stress oxydant, effets génotoxiques*, effets sur la physiologie cellulaire)".

Cependant, à l’heure actuelle, "les études épidémiologiques sont trop hétérogènes pour établir un lien entre l'exposition professionnelle et l'apparition de pathologies chroniques, en particulier maladies neurodégénératives et tumeurs du système nerveux", avertit l'Anses, qui estime donc qu’il est "nécessaire de poursuivre les recherches" sur le sujet.

Des champs magnétiques cancérogènes "possibles"

Les champs magnétiques basses fréquences sont tous ceux dont la fréquence est inférieure à environ 8,3 kilohertz, seuil au-delà duquel commencent les radiofréquences. Ils sont émis par les réseaux de transport d'électricité et les transformateurs électriques, mais aussi par les transports, les aimants, les appareils électroménagers ou encore l'ensemble des câbles électriques dans lequel un courant circule.

Le Centre international de recherche contre le cancer (Circ), l'agence spécialisée de l'OMS pour la recherche sur le cancer, a classé en 2002 les champs magnétiques d'extrêmement basses fréquences - ceux émis par les installations électriques et les dispositifs de transport de l'électricité - comme cancérogènes "possibles" pour l’humain. Il a cependant jugé les preuves scientifiques d'un effet sanitaire à long terme insuffisantes pour justifier une modification des valeurs limites d'exposition.