Malnutrition dans le monde : une constante augmentation

Lutter contre la faim dans le monde… utopie ou réelle possibilité ? Une question que de nombreuses ONG et institutions ne se posent pas. Pour Action contre la faim, comme pour l’OMS, il est possible d'intervenir davantage sur la malnutrition à différents niveaux. En soignant mais aussi en interpellant l’opinion publique et politique. C'était d'ailleurs le but de la Journée mondiale de l'alimentation qui a eu lieu le 16 octobre.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Malnutrition dans le monde : une constante augmentation
Cliquez sur l'image pour obtenir un aperçu de la malnutrition dans le monde.
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"Aujourd'hui 925 millions de personnes souffrent encore de la faim dans le monde, c'est davantage qu'il y a quarante ans. C'est inacceptable !", explique Christine Bernard, responsable de la délégation nord d'Action Contre la Faim. Dans les années 70, selon l'OMS, ils étaient 875 000 à souffrir de malnutrition, soit mille fois moins. "Concrètement 10 000 enfants meurent encore tous les jours de sous-nutrition... Il faut absolument faire quelque chose."

La journée mondiale de l'alimentation est le créneau idéal pour agir. Action Contre la Faim l'a bien compris. "À travers cette journée, notre but est d'alerter l'opinion publique des problèmes de malnutrition et de faim dans le monde. Notre technique de sensibilisation passe par une présentation de la situation. On ne cache pas la réalité."

Une réalité qui est sensiblement la même depuis de nombreuses années. Les principaux foyers de malnutrition dans le monde restent en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud avec une évolution conséquente des cas en Asie. Une réalité que Julia Belusa, chargée de communication à Action Contre la Faim, explique : "avec l'augmentation de la population en Asie, ce continent est, en nombre, le plus touché mais en proportion c'est toujours l'Afrique qui souffre le plus de ce fléau et cela depuis bien plus de quarante ans."

Pays en guerre, pays affamés

Ce fléau, la malnutrition ou sous-nutrition, est bien considéré comme une maladie. "C'est un problème de dérèglement alimentaire dû à des carences nutritionnelles liées soit à un apport trop faible de nutriments par une alimentation insuffisante et/ou déséquilibrée, soit à la mauvaise assimilation de ces nutriments par l'organisme en raison de maladies", précise le Dr Francesco Branca, directeur du département de la nutrition pour la santé et le développement à l'OMS.

Le constat est fait. Il reste maintenant à comprendre pourquoi ces populations ont autant de difficultés à se procurer une nourriture suffisante et équilibrée. Pour le Dr Francesco Branca, les conflits et les guerres sont les premiers responsables de ces situations de malnutrition. "Un pays en guerre est un pays qui ne va pas pouvoir nourrir sa population puisque son énergie est dépensée au combat, c'est un pays où les champs sont détruits, où les populations sont déplacées en permanence, où l'agriculture et le commerce ne peuvent plus se faire."

Pour illustrer ses propos, il prend l'exemple de la Corne de l'Afrique, "En Somalie les conflits ont causé le déplacement d'environ 1,5 millions de personnes. Aujourd'hui le pays est totalement déstructuré, il n'y a plus d'infrastructures pour faire vivre la population, tout est détruit, les gens ne font plus rien. Et puis il y a aussi le racket de guerre, les gens sont dépossédés du peu qu'ils ont".

La Somalie est doublement touchée par la malnutrition puisqu'elle vient de subir de plein fouet une période de sécheresse très grave. "Le pays a sauté deux saisons de pluie, aucune goutte de pluie n'est tombée durant deux ans, ça a été une véritable catastrophe", raconte Christine Bernard d'Action Contre la Faim. Le manque de pluie dans ce pays a amoindri les cultures, diminuant les chances d'obtenir de la nourriture. Une situation aggravée par les spéculations mondiales.

Un schéma que la bénévole d'Action Contre la Faim explique : "en raison de sécheresses récurrentes et de conflit, la région de la Corne de l'Afrique est particulièrement dépendante aux importations. Djibouti et la Somalie ont une dépendance aux importations de céréales de 100 % et de 60 % respectivement, ce qui les rend très vulnérables aux hausses des prix alimentaires. Avec une hausse de 240 % pour le sorgho rouge en Somalie entre octobre 2010 et juillet 2011, le pays est tombé sous le coup d'une grave famine."

Il apparaît donc que les guerres, les catastrophes naturelles et la hausse du prix des matières premières sont avec la pauvreté, les principales causes de ces situations de malnutrition mondiale.

Quelles solutions ?

Face à ce constat, la réaction de l'organisme Action Contre la Faim est de prendre à partie les dirigeants du prochain G20. "On veut dire aux dirigeants du G20 de placer la malnutrition au cœur de leur débat et leur rappeler qu'en 2009 ils avaient promis 22 milliards de dollars à l'agriculture et à la sécurité alimentaire et que depuis seulement 22 % ont été engagés". L'autre solution est de soigner les victimes de malnutrition. Des traitements adaptés comme les laits thérapeutiques ont été créés, un dépistage précoce au sein des communautés, accompagné d'un traitement à domicile avec des pâtes nutritives prêtes à l'emploi, a été mis en place. Et le dernier objectif consiste à développer l'accès au traitement de la sous-nutrition pour le plus grand nombre. "En accompagnant le renforcement des structures et dispositifs locaux nous espérons remporter ce grand défi", rajoute Julia Belusa, la chargée de communication d'Action Contre la Faim.

 

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