Hépatite C : la piste du vaccin

Selon l'OMS, il y a entre 130 et 170 millions de personnes atteintes de l'hépatite C dans le monde, près de 350 000 décès annuels liés à ce virus. Et toujours aucun vaccin. Mais la recherche avance. Des chercheurs de l'université d'Oxford en Angleterre viennent de publier une étude laissant entrevoir l'élaboration d'un vaccin dans le futur, grâce à un virus de chimpanzé.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Hépatite C : la piste du vaccin

La vaccination consiste toujours à introduire un élément extérieur (un antigène, c’est-à-dire une substance étrangère à l'organisme, capable de déclencher une réponse immunitaire visant à l'éliminer) dans l'organisme, pour qu'il puisse stimuler les défenses immunitaires et les aider à combattre un virus.  Mais pour le faire, on doit toujours passer par un vecteur, une sorte de "transporteur" qui va conduire l'antigène à sa cible. Souvent ce vecteur est un virus désactivé.

La méthode utilisée pour créer le vaccin est la suivante : il faut choisir les antigènes du virus de l'hépatite C (VHC) qu'on met dans le vaccin, choisir ensuite le vecteur qui va les transporter vers leur cible dans l'organisme pour induire une forte réponse immune. Il faut enfin que cette réponse immune produise l'effet escompté : soit une accélération de la guérison (si c'est un vaccin thérapeutique) soit la prévention de l'infection (si c'est un vaccin prophylactique).

Ce qui est rapporté dans cette étude américaine publiée dans Science Translational Medicine est qu'en utilisant des virus de chimpanzé comme vecteurs, on obtient une meilleure réponse immunitaire qu'avec des virus humains. Les chercheurs ont en effet découvert qu'utiliser un vecteur humain n'était pas la solution appropriée pour développer une réponse immunitaire. L'hypothèse retenue pour expliquer que le virus de chimpanzé fonctionne mieux comme vecteur que le virus humain est la suivante : l'homme a déjà rencontré ces virus humains correspondants aux vecteurs. Il les élimine donc plus facilement. En revanche, il n'a jamais été en contact avec les virus de chimpanzé. Ces virus là peuvent donc être introduits (sans que l'organisme ne sache détruire ce virus inactivé) pour leur apporter l'antigène.

Il existe en théorie deux types de vaccins : les vaccins thérapeutiques qui accélèrent la guérison des malades infectés et les vaccins préventifs (par exemple contre la grippe, la rubéole, le tétanos) destinés a empêcher que l'infection ne se développe lorsqu'on rencontre le virus.

Mais pour le Pr. Jean-Michel Pawlotski, chef du service de virologie à l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP), bien que les chercheurs à l'origine de cet article soient les plus avancés dans le développement vaccinal, on est encore loin d'un vaccin thérapeutique et encore plus d'un vaccin prophylactique. "Pour un vaccin thérapeutique, il manque la démonstration clinique qui vise à stimuler l'immunité par un vaccin et à étudier son utilité pour accélérer la guérison d'une infection chronique".

Malgré tout, ce travail de recherche ouvre une voie en montrant qu'il est possible d'utiliser des vecteurs viraux - provenant de l'animal, par exemple - pour lesquels il n'existe pas d'immunité naturelle. 

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