Faut-il bannir frites, chips et toasts grillés lors d'une grossesse ?

Déjà suspecté d'être cancérigène, l'acrylamide qui apparaît spontanément lors de la cuisson de certains aliments comme les frites et les chips, fait à nouveau parler de lui. Une étude internationale, publiée le 23 octobre 2012, vient de révéler que consommer une grande quantité de frites, chips et biscuits pendant la grossesse favoriserait la naissance de bébés avec un poids et un périmètre crânien inférieurs à la normale. Des explications.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Faut-il bannir frites, chips et toasts grillés lors d'une grossesse ?

L'acrymalide, une substance toxique

Après le bisphénol A, c'est au tour de l'acrylamide d'être pointé du doigt par une récente étude internationale publiée dans la revue Environmental Health Perspectives. L'acrylamide, une molécule présente dans tous les aliments grillés, des frites au café torréfié, serait en cause dans la naissance de bébés d'un poids inférieur à la moyenne.

Longtemps utilisé pour la fabrication de matières plastiques et de cosmétiques, l'acrylamide est maintenant surtout fabriqué… dans nos cuisines ! C'est en chauffant excessivement les glucides, par friture, rôtissage et cuisson au four, que l'on entraînerait une formation d'acrylamide dans des aliments aussi divers que les frites ou les cookies.

L'acrylamide est reconnu comme substance toxique par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et en 2002, l'Agence de sécurité alimentaire de Suède (Swedish National Food Authority) rapportait déjà des taux élevés d'acrylamide dans de nombreux produits. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) surveille par ailleurs les taux d’acrylamide présent dans les aliments dans 25 pays européens, depuis 2007.

Loin devant, les chips décrochent la palme du plus fort taux d'acrylamide (jusqu'à 1000µg/kg), suivies par leurs consœurs, les frites (jusqu'à 500µg/kg).

Effet néfaste de l'acrylamide sur la croissance du fœtus

C'est en étudiant le régime de 1 100 femmes enceintes anglaises, danoises, espagnoles, grecques et norvégiennes que les chercheurs ont mis en évidence l'effet néfaste de l'acrylamide sur la croissance du fœtus.

Les effets de l'acrylamide seraient identiques à ceux du tabagisme maternel, si l'on en croit les auteurs de l'étude. L'équipe de chercheurs a, en effet, mis en évidence que les femmes qui consommaient le plus d'acrylamide accouchaient en moyenne de bébés "délestés" de 132 g de plus que les bébés de femmes faibles consommatrices. De même, le périmètre crânien des nourrissons exposés aux plus forts taux d'acrylamide était 3 mm plus petit que celui des bébés non exposés.

Pour les chercheurs, la diminution du périmètre crânien et du poids de naissance serait associée respectivement à un développement neurologique retardé et à la survenue, à l'âge adulte, de pathologies graves comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.

L'équipe espère que "leur découverte encouragera les enseignes alimentaires à développer des méthodes pour réduire le taux d'acrylamide dans leurs produits".

D'ici là, un petit conseil si vous voulez réduire votre consommation d'acrylamide : mangez de tout avec modération et privilégiez les cuissons douces comme la cuisson à la vapeur.

Source : "Birth Weight, Head Circumference, and Prenatal Exposure to Acrylamide from Maternal Diet: The European Prospective Mother-Child Study (NewGeneris)", Environmental Health Perspectives, le 23 octobre 2012.

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