Création d'un centre de lutte contre les virus du futur

Un nouveau centre consacré aux maladies émergentes vient d’être inauguré à Paris. Près de 400 scientifiques y seront accueillis à terme pour mener des recherches sur les maladies de demain. Pour éviter des crises sanitaires comme celle du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).

Cécile Guéry-Riquier
Rédigé le
Création d'un centre de lutte contre les virus du futur

Depuis plus d'un siècle, l'Institut Pasteur est à la pointe de la recherche sur les maladies infectieuses. Pour garder son niveau de performance, un nouveau centre vient d’être inauguré pour être exclusivement consacré aux maladies dites "émergentes’", soit aux virus de demain.

Une nouvelle maladie infectieuse par an

Chaque année dans le monde, une nouvelle maladie infectieuse apparaît. Tous les 5 ans, une crise sanitaire due à l'apparition ou à la réapparition d'un virus frappe plusieurs pays en très peu de temps. Et la menace ne cesse de s'accentuer.

Les causes ? "La forte densité des hommes sur la planète, qui a quadruplé au cours du XXème siècle. L'accélération des échanges internationaux décuple aussi la circulation des agents infectieux. Il y a également des facteurs climatiques et écologiques, par exemple modifier l'habitat naturel de certaines espèces animales a favorisé les contacts avec les hommes. Et enfin les progrès de la médecine peut être parallèlement à l'origine de nouvelles maladies", explique le Pr. Arnaud Fontanet.

Une course contre la montre

Objectif : identifier tout nouveau virus le plus vite possible pour mieux contenir les épidémies.

"L'idée du centre est de faire travailler ensemble des équipes avec des compétences différentes - épidémiologistes, immunologistes… - avec une technologie dernier cri ", explique le Pr. Arnaud Fontanet, chef de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur. "Nous avons à peu près tous les ans une alerte, comme l'hantavirus en Californie cette année, et tous les cinq ans une crise grave, comme celle du SRAS ou le sida... ", ajoute-t-il.

Une fois les équipes du centre mises à contribution et le virus identifié, l'institut peut sortir très vite un test de diagnostic. " Identifier le virus du sida a pris deux ans, celui du SRAS un mois", précise le professeur Fontanet. "Aujourd'hui, on devrait pouvoir être capables d'identifier un nouveau virus, quel qu'il soit, en une quinzaine de jours au maximum. "

Un coût humain et économique

En moins de 24 heures, le virus du SRAS avait gagné six pays. En plus des conséquences humaines, les maladies émergentes ont des conséquences sur les autres domaines de notre société : ralentissement économique, entrave à la circulation des biens et des personnes… qui génèrent des coûts insoupçonnés. L'OMS estime par exemple que le SRAS de 2003 à coûté à l’Asir plus 60 milliards de dollars.

Si les pays tropicaux sont les plus à risques et plus propices à l'appartion de nouveaux agents pathogènes, les pays industrialisés, où les antibiotiques sont consommés en masse, vont également voir naître de nouvelles souches bactériennes difficiles à traiter.

Près de 400 scientifiques seront accueillis à terme dans ce centre, financé par l'Etat pour un peu plus d'un quart de son budget, par des contrats de recherche et la valorisation de résultats scientifiques pour une moitié, et enfin, par des dons pour le reste.

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