Le danger des sucres cachés

La Fédération française des diabétiques et l'Institut national de consommation (INC) ont alerté lundi 27 juin 2016 sur la présence grandissante de sucres cachés dans les aliments.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Les Français ingèrent 100 g de sucre par jour, soit deux fois plus que les 50 g préconisés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais limiter sa consommation de sucre n'est pas simple. Arrêter de sucrer son café ou ses yaourts, stopper le grignotage de bonbons ou des gâteaux sucrés n'est pas suffisant. Des taux élevés de sucres cachés dans les aliments, y compris salés, ont été relevés par les enquêteurs de l'Institut national de la consommation (INC). Ils ont passé au crible 192 produits de consommation courante.

Résultat ? Les nectars de fruits sont aussi sucrés que les sodas. Bières aromatisées, crackers salés, mayonnaises, merguez, sauces salades allégées, carottes râpées et céleris rémoulades contiennent tous de fortes quantités de sucre. Une part de pizza royale contient l'équivalent de trois sucres en morceaux.

Si les industriels ajoutent autant de sucre dans leurs produits, c'est parce que le sucre joue le rôle de conservateur (dans la charcuterie par exemple), donne de la texture (pour les sauces allégées contenant moins de gras), colore, apporte de la croustillance et atténue les saveurs acides. Il y a par exemple deux fois plus de sucre dans une sauce pour crudités allégée que dans une sauce standard. 

D'une manière générale, "les fabricants ajoutent du sucre, ingrédient clé pour provoquer le plaisir et rendre accro les consommateurs", explique l'INC.

Dextrose, maltose : cachez ce sucre que je ne saurais voir

Si le sucre est partout, sa présence n'est pas toujours facile à détecter. Sur les étiquettes, les fabricants signalent la présence de dextrose, de maltose ou de sirop de glucose-fructose, sucres dont les consommateurs ignorent souvent les noms.

Le dextrose n'est autre que du glucose, la forme la plus simple des glucides qui, une fois ingéré, passe très vite dans le sang. Le sirop de glucose-fructose est fabriqué à partir d'amidon à haute teneur en fructose. Ce produit industriel possède un pouvoir sucrant plus élevé pour un prix très bas. Le maltose est un sucre de malt (il apparaît dans les grains d'orge en germination) composé de deux molécules de glucose.

Pourtant, s'ils ont des appellations différentes, ces sucres font aussi augmenter la glycémie (le taux de sucre dans le sang) après ingestion. La Fédération des diabétiques rappelle que "la consommation de sucre est un élément déterminant dans la gestion du diabète" et lance un appel aux industriels et aux pouvoirs publics pour réduire la dose de sucre contenue dans les produits alimentaires transformés. (voir encadré)

Les sucres apportés par l'alimentation sont stockés sous forme de graisses au niveau de l'abdomen, et dans le foie grâce à l'insuline qui régule le taux de sucre dans le sang. Si la consommation est excessive et le stockage trop important, les graisses peuvent ralentir le fonctionnement des cellules du pancréas qui secrètent l'insuline. Ainsi, si la consommation de sucre en excès semble favoriser le surpoids, les risques cardiovasculaires et d'éventuelles stéatoses ou cirrhoses hépatiques, elle prédisposerait aussi au diabète.

Les sucres cachés : un piège pour les diabétiques

Les diabétiques présentent un trouble de l'assimilation de l'utilisation et du stockage des sucres apportés par l'alimentation. En temps normal, après digestion, les sucres rejoignent la circulation sanguine puis sont transportés sous l'effet de l'insuline dans le foie et le tissu adipeux afin de servir de carburant pour les muscles. Dans le cas des différents types de diabète, l'insuline ne joue plus son rôle de transporteur pour différentes raisons. Le taux de glucose reste élevé dans le sang, c'est l'hyperglycémie. En plus des traitements qui visent à rétablir un taux de glycémie normal, les patients diabétiques doivent contrôler avec rigueur tous leurs apports en sucre par l'alimentation pour éviter les complications cardiovasculaires, vasculaires et nerveuses.