Hôpital ou clinique : quelle différence sur la facture?

Il existe aujourd'hui des différences entre hôpitaux publics et cliniques privées en termes de coût d'hospitalisation. Les cliniques sont-elles plus chères que les hôpitaux ? Quelles conséquences sur la facture des patients ? Explications.

Maroussia Renard
Rédigé le , mis à jour le
Chronique de Maroussia Renard du 14 novembre 2017
Chronique de Maroussia Renard du 14 novembre 2017

Chaque année, 12,3 millions de patients sont hospitalisés. Si généralement, le patient ne choisit pas d'aller à l'hôpital, dans certains cas, notamment pour les opérations chirurgicales prévisibles, il a le choix. Même si son médecin l'oriente vers un spécialiste dans tel hôpital ou telle clinique, il est libre d'aller ailleurs.

Sur les 3.000 établissements de soins en France, les patients ont le choix entre trois catégories :

  • les hôpitaux publics
  • les cliniques privées à but lucratif
  • les établissements privés à but non-lucratif (principalement des centres de lutte contre le cancer ou de dialyse). Les établissements appartenant à cette catégorie obéissent aux mêmes règles de facturation que les hôpitaux.
     

Les cliniques plus coûteuses que les hôpitaux ?

En théorie, un patient ne paiera pas plus cher s'il est hospitalisé dans une clinique privée ou s'il est pris en charge à l'hôpital public. L'Assurance maladie prend en charge les frais d'hospitalisation exactement de la même manière. Et dans beaucoup de cas, il sera remboursé à 100% :

  • si l'hospitalisation est liée à une affection longue durée (ALD),
  • en cas de grossesse,
  • s'il s'agit d'un accident du travail, 
  • si l'acte coûte plus de 120 euros (exemple : opérations).
     

Dans tous ces cas, le patient devra payer une participation forfaitaire de 18 euros et le forfait journalier (hébergement) de 18 euros (20 euros à partir de janvier 2018). Si le patient ne rentre pas dans les critères du 100%, la Sécurité sociale prend en charge les frais d'hospitalisation à hauteur de 80%. Le patient doit alors payer le ticket modérateur (les 20% restants) et le forfait journalier. Le principe est exactement le même dans les hôpitaux et dans les cliniques. Or, pour les 95% de Français qui ont une mutuelle, ces frais sont pris en charge par la mutuelle, même les contrats les plus basiques.

Les dépassements d'honoraires s'envolent

En pratique, la facture peut être beaucoup plus salée, surtout en cas d'hospitalisation dans une clinique privée, en raison des dépassements d'honoraires. Les médecins dits de secteur 2 ont le droit de fixer librement leurs tarifs. Or, ces dépassements ont explosé, de plus de 30% au cours des cinq dernières années. Et cela concerne principalement les médecins des cliniques privées. Contrairement aux médecins des hôpitaux publics, ils ne sont pas salariés, ils sont libéraux et ils ont le droit de pratiquer les tarifs qu'ils veulent. La clinique n'a aucun pouvoir pour les réguler. Résultat : sur les quinze millions d'opérations pratiquées en clinique en 2016, une sur quatre a donné lieu à un dépassement.

À l'hôpital, les dépassements d'honoraires sont beaucoup plus encadrés et moins fréquents que dans les cliniques. Ils ne concernent qu'une poignée de médecins : moins de 8% de tous les praticiens hospitaliers. À l'hôpital, les dépassements sont rares mais ils peuvent être très élevés. Pour certaines opérations, comme l'ablation de la prostate, les dépassements d'honoraires à l'hôpital sont quatre fois plus élevés qu'en clinique. Mais au final, quand on additionne tous les dépassements, le verdict est sans appel : les hôpitaux publics facturent 70 millions d'euros de dépassements par an contre 867 millions d'euros pour les cliniques.

Des dépassements d'honoraires moins bien remboursés

Depuis quelques mois, les dépassements d'honoraires sont beaucoup moins bien remboursés par les mutuelles. Cela est lié à une réforme du précédent gouvernement, entrée en vigueur en janvier 2017, qui plafonne les remboursements des dépassements. Des dépassements qui peuvent donc faire exploser le reste à charge d'une hospitalisation.

Avant toute chirurgie programmée, il est important de bien se renseigner sur les tarifs. Le chirurgien est tenu de remettre au patient un devis détaillé et doit appliquer les dépassements avec "tact et mesure". Ces dépassements n'ont rien à voir avec la qualité des soins. Les médecins qui pratiquent des dépassements d'honoraires ne sont pas forcément meilleurs que les autres, il n'y a aucune évaluation individuelle des médecins en France.

Des frais annexes qui font la différence ?

Il y a quelques années, seules les cliniques facturaient les chambres individuelles, mais désormais les hôpitaux le font également. Mais cette facturation reste moins élevée qu'en clinique : en moyenne 46 euros par jour contre 68 euros dans le privé.

Concernant les autres frais annexes (télévision, téléphone, Internet ou encore parking...), depuis quelques années, les hôpitaux comptent aussi sur ces frais pour faire entrer de l'argent dans les caisses. Les patients doivent donc se renseigner préalablement, car contrairement à ce que l'on pense souvent, une hospitalisation n'est pas gratuite, y compris à l'hôpital public !