Binge drinking : l'alcool sans limites

Le binge drinking correspond au fait d'ingérer de grandes quantités d'alcool dans un temps réduit. Quelles sont les particularités de cette alcoolisation massive ? Et quels sont les risques à court et à long termes ? On vous explique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Quel est l'impact du binge drinking sur le cerveau des jeunes ? - Reportage diffusé le 17 février 2015
Quel est l'impact du binge drinking sur le cerveau des jeunes ? - Reportage diffusé le 17 février 2015

Qu'est-ce que le binge drinking ?

"To binge", en anglais, signifie "faire à l'excès", et c'est bien d'excès qu'il s'agit. Boire de l'alcool au cours d'une fête n'est pas un phénomène nouveau ni forcément inquiétant, mais la consommation d'alcool deviendrait de plus en plus excessive et concernerait des adolescents de plus en plus jeunes.

Le coma alcoolique ou coma éthylique n'est pas le seul risque pris par ces consommateurs abusifs. Ils sont sujets à la conduite en état d'ivresse, la violence verbale, la bagarre, le rapport sexuel à risque...

Après l'absorption d'un simple verre de vin rouge en moins de 15 minutes, si on est à jeun, ou au bout d'une heure si on a mangé, une première quantité est d'abord absorbée au niveau de la muqueuse buccale puis par celle de l'oesophage, un quart par l'estomac et le reste passe par la muqueuse de l'intestin grêle et rejoint la circulation sanguine. De là, l'alcool va gagner les organes les plus vascularisés, parmi eux : le cerveau.

En fonction de la quantité d'alcool ingérée, plusieurs fonctions cérébrales peuvent être altérées. L'ivresse commence à partir d'une alcoolémie de l'ordre de 1 à 2 %. La sensation d'ivresse débute par une phase plutôt agréable d'euphorie, où on parle et bouge plus que d'habitude. Lors de la deuxième phase, la coordination des mouvements et les réflexes diminuent, et le temps de réaction augmente. S'ajoute l'altération des fonctions végétatives de régulation, telles que la respiration, la déglutition, la tension artérielle, le pouls et la vasomotricité.

La gravité des signes dépend du taux d'alcool : quand il est entre 2 et 3 %, c'est le stade de la torpeur, et à partir de 3 à 5 %, on peut perdre conscience et tomber dans un coma éthylique, qui peut être mortel s'il n'est pas pris en charge rapidement.

Il faut savoir que plus le passage de l'alcool dans le sang est rapide, plus le taux d'alcool augmente et inonde les organes, comme le cerveau, ce qui aboutit à une sorte de "chaos éthylique", une intoxication aiguë par l'alcool.

Jeunesse en quête d'ivresse

Ivresse, binge drinking autrement dit la cuite express... les jeunes Français sont de plus en plus nombreux à consommer de l'alcool de façon massive. En dix ans, la part des 18-25 ans ayant connu au moins trois épisodes d'ivresse dans l'année a presque doublé d'après une enquête de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé. Une hausse particulièrement notable chez les jeunes femmes, notamment les étudiantes.

Pour lutter contre ses conséquences du binge drinking, des actions de prévention sont organisées sur le terrain.

Binge drinking : quels effets sur le cerveau ?

Pour comprendre l'impact du binge drinking sur le cerveau des jeunes, une équipe du CHU de Reims a lancé une recherche.

Au CHU de Reims, des chercheurs étudient de près les effets du binge drinking sur le cerveau des jeunes adultes. Ce mode de consommation rapide et excessif d'alcool est pratiqué par les jeunes en soirée.

Cette étude inclut soixante jeunes. La moitié sont des binge drinkers, l'autre des consommateurs plus modérés. "On cherche à mettre en évidence l'existence de profils neurocérébraux spécifiques chez les binge drinkers par rapport aux autres participants aux tests qui impliquent la mémorisation, le décodage émotionnel et l'inhibition donc l'impulsivité", explique le Dr Fabien Gierski, neuropsychologue.

C'est grâce à l'IRM que les chercheurs étudient les effets de l'alcool sur le cerveau. "On s'attend à ce que le décodage des émotions soit différent chez les sujets jeunes qui ont une consommation d'alcool sur un mode de binge drinking par rapport aux autres", prévient le Dr Gierski. Une autre étape du test concerne la capacité d'inhibition, c'est-à-dire la capacité qui permet de changer un comportement.

Cette étude s'inscrit dans un contexte préoccupant. D'après l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, le binge drinking est en plein essor chez les 15-24 ans : "Cela est d'autant plus inquiétant que ça intervient à une période de vie où le cerveau est en pleine maturation, qu'il se produit un élagage synaptique... Et ça va avoir des effets qui probablement seront délétères sur le long terme", souligne le Dr Gierski.

Les résultats de cette étude devraient être connus d'ici 18 mois. Le but étant de mettre en valeur les facteurs de vulnérabilité et les conséquences du binge drinking afin de développer une prévention efficace.