Pollution de l'air élevée : des bébés plus petits à la naissance

Les femmes enceintes les plus exposées aux polluants des gaz d'échappement automobile et des centrales à charbon ont un risque plus élevé d'avoir un enfant dont le poids à la naissance sera trop faible, selon une vaste étude internationale publiée le 6 février 2013, aux Etats-Unis.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Pollution de l'air élevée : des bébés plus petits à la naissance

Il s'agit de la recherche la plus étendue effectuée portant sur le lien entre la pollution de l'air et le développement du foetus, précisent les auteurs, dont le Dr Tracey Woodruff, professeur de gynécologie et de science de la reproduction à l'Université de Californie à San Francisco.

Cette recherche est basée sur trois millions de naissances dans neuf pays et dans quatorze sites en Amérique du Nord, en Afrique du Sud, en Europe, en Asie et en Australie. La plupart des données ont été collectées entre le milieu des années 1990 et la fin de la décennie 2000.

Les scientifiques ont constaté que plus le taux de pollution était élevé, plus grand était le taux de naissances d'enfants avec un poids insuffisant.

Des mégalopoles sur-polluées

Les particules polluantes en suspension dans l'air sont mesurées en microgrammes par mètre cube d'air.

Aux Etats-Unis, les réglementations fédérales limitent la concentration moyenne annuelle à 12 microgrammes/m3 de particules mesurant moins de 2,5 microns.

Dans l'Union Européenne, cette limite est de 25 microgrammes/m3 et les agences de protection de l'environnement examinent la possibilité d'abaisser ce niveau.

A Pékin, la concentration de ces particules polluantes a été récemment mesurée à plus de 700 microgrammes/m3.

"De tels niveaux sont de toute évidence totalement intenables pour la santé publique mondiale", souligne Mark Nieuwenhuijsen, du CREAL à Barcelone, autre co-auteur de cette recherche.

Au Mexique, la pollution atmosphérique tue 40 personnes par jour, Mexico étant considérée comme l'une des villes les plus polluées au monde. New-Delhi enregistre régulièrement des taux de particules fines supérieures aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé.

Des niveaux de pollution auxquels nous sommes tous exposés

"Ce sont en fait des niveaux de pollution de l'air auxquels nous sommes quasiment tous exposés dans le monde", relève le Dr Woodruff.

"Ces particules microscopiques, qui sont en taille inférieure au dixième de l'épaisseur d'un cheveu humain, se trouvent dans l'air que nous respirons tous", ajoute-t-elle. Une forte exposition peut entraîner des affections respiratoires, des maladies cardio-vasculaires et ouvre la voie aux cancers pulmonaires.

Le Dr Woodruff note que les pays qui ont des réglementations plus strictes pour limiter la pollution automobile et des centrales au charbon ont des niveaux plus faibles de ces polluants.

"Aux Etats-Unis, nous avons montré pendant plusieurs décennies que les bienfaits pour la santé et le bien-être publics de la réduction de la pollution de l'air sont beaucoup plus grands que les coûts", insiste-t-elle.

Faible poids à la naissance, risque accru de maladies à l'âge adulte

Un faible poids à la naissance - moins de 2,5 kilos - est lié à des risques accrus de maladies et de mortalité prénatales ainsi qu'à des problèmes de santé chroniques plus tard dans la vie, relève le Dr Payam Dadvand du Centre de recherche en épidémiologie mentale (CREAL) à Barcelone en Espagne, un des principaux co-auteurs.

L'étude est publiée dans la revue médicale américaine Environmental Health Perspectives daté du 6 février 2013.

Une autre recherche épidémiologique se penche actuellement sur les effets potentiels d'une exposition des femmes enceintes à certains degrés de cette pollution de l'air sur la santé de leur enfant plus tard dans leur vie.

Etude de référence : "Maternal Exposure to Particulate Air Pollution and Term Birth Weight: A Multi-Country Evaluation of Effect and Heterogeneity", Environ Health Perspectives, February 6, 2013, doi:10.1289/ehp.1205575

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