La drogue en cause dans de nombreux accidents de la route

Un conducteur de poids lourd a tué cinq personnes d'une même famille, dont trois enfants âgés de 7 à 13 ans. Il a été contrôlé positif à la cocaïne. Selon les derniers chiffres de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, 21% des accidents mortels sont liés à la drogue. Si le cannabis est la plus consommée, la cocaïne progresse notamment chez les routiers.

La rédaction d'Allo Docteurs
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2016 a été la troisième année consécutive de hausse après douze ans de baisse, une première depuis 1972.
2016 a été la troisième année consécutive de hausse après douze ans de baisse, une première depuis 1972.

Le 25 juillet dernier, peu avant 8 heures, un poids lourd, circulant sur la N4 à hauteur de Saulvaux (Meuse), a brutalement dévié de sa trajectoire, avant de percuter une voiture qui arrivait en face. Le véhicule transportait une famille de cinq personnes, dont trois enfants. Les occupants sont morts sur le coup. Le conducteur du poids lourd, dont les jours ne sont aujourd'hui plus en danger, a été contrôlé positif à la cocaïne. Il avait déjà été condamné en 2007 pour conduite en état d'ébriété et sous l'emprise de drogue.

"Les analyses toxicologiques ont révélé une quantité telle de cocaïne qu'on peut en déduire, de façon très probable, que la prise de stupéfiants s'est faite dans les quelques heures qui ont précédé sa prise de volant", a expliqué le procureur de Bar-le-Duc, Rémi Coutin.

La drogue responsable de 21% des accidents mortels en 2013

La consommation de drogue a été impliquée dans 21% des accidents mortels en 2013, selon l'Observatoire interministériel de la sécurité routière (ONISR), contre 30% pour l'alcool.

Mais ce chiffre pourrait être beaucoup plus important, indique le bilan 2012 de l'accidentalité réalisé par l'ONISR. Dans 38% des accidents mortels, le résultat du test toxicologique n'est pas enregistré.

La faute à des tests salivaires trop chers et donc pas généralisés dans l'Hexagone, explique Charles Mercier-Guyon, médecin secrétaire du comité médical de l'association Prévention routière.

Cocaïne : un produit dopant pour tenir la distance

"Il est difficile d'avoir des données en matière de différenciation des drogues et de leur taux dans le sang des conducteurs, car aucune étude ne s'est penchée là dessus", poursuit le médecin, qui dénonce un manque réel de stratégie nationale en la matière.

Si dans neuf cas sur dix, le produit stupéfiant consommé est du cannabis, selon la dernière étude sur la consommation de stupéfiants au volant (qui date de 2003), l'enquête SAM, la consommation de cocaïne au volant serait en forte hausse.

"Au contraire de l'alcool qui va provoquer un ralentissement des réflexes, ou du cannabis qui va modifier les perceptions et la notion de dangerosité, la cocaïne et plus largement les amphétamines, sont de vrais produits dopants. Ils vont provoquer une euphorie, un sentiment de surpuissance qui va conduire à la prise de risque par des excès de vitesse notamment ", explique le Dr Mercier-Guyon. Le médecin pointe d'ailleurs leur utilisation dans le milieu des routiers où ils sont utilisés pour conduire plus longtemps, pour tenir la distance. "Le phénomène est très répandu en Europe de l'Est et en Australie où les amphétamines et la cocaïne sont les drogues les plus consommées par les routiers".

Selon lui, le prix de la cocaïne, en chute libre depuis dix ans, explique aussi sa banalisation dans la vie et au volant. "Du milieu festif, on est passé à la consommation personnelle, pour être mieux dans son boulot, plus productif au quotidien". Une banalisation qui a des répercutions sur les routes, estime le médecin.

Mais cette consommation en hausse est loin de se cantonner aux seuls routiers. "On estime qu'en journée, 5% de la population française conduit sous l'effet d'une drogue", conclut-il.

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