Pourquoi les maladies cardiovasculaires touchent de plus en plus de femmes jeunes

Les troubles cardiovasculaires sont en hausse chez les femmes jeunes, qui sont trop peu informées sur les facteurs de risque et la prévention, alerte la Fédération française de Cardiologie.

Anne-Firmine Mayala avec AFP
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Les jeunes femmes souffrent de plus en plus de maladies cardiovasculaires, largement sous-estimées et insuffisamment prises en charge
Les jeunes femmes souffrent de plus en plus de maladies cardiovasculaires, largement sous-estimées et insuffisamment prises en charge  —  Shutterstock

Tabac, sédentarité, stress, contraception... le mode de vie des femmes de moins de 35 ans les rend vulnérables au risque de maladies cardiovasculaires, alertent les cardiologues. "Les problèmes cardiovasculaires sont en augmentation chez les femmes jeunes", s'inquiétait ainsi la cardiologue Catherine Monpère  jeudi 13 avril, lors d'une conférence de presse de la Fédération française de cardiologie (FFC),

"Les facteurs de risque que sont le tabac et la sédentarité font perdre aux femmes la protection dont elles bénéficient naturellement jusqu’à la ménopause grâce aux œstrogènes", a expliqué la spécialiste déplorant "une dégradation des connaissances chez les plus jeunes".

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Des facteurs de risque évitables

Interrogées sur les facteurs de risque cardiovasculaires (AVCinfarctus du myocarde, hypertension...), à peine 16% des moins de 35 ans citent le tabac*.

Le tabagisme est pourtant l'un des principaux facteurs de risque, notamment pour les femmes : "À consommation égale de cigarettes, les risques cardiovasculaires sont 25% plus élevés pour elles", rappelle le docteur Monpère. Et leur consommation de tabac quotidienne ne baisse pas : en décembre 2022, Santé publique France faisait état d'une hausse en 2021 (à 23% contre 20,7% en 2019).

Autre facteur négligé : la sédentarité et le manque d'activité physique qui font le lit de l’obésité.

"Mourir à cause d'une contraception contre-indiquée"

Si les femmes peuvent tenter de limiter ces facteurs de risque, il en est d'autres sur lesquels elles ont peu de prise. Elles sont ainsi particulièrement vulnérables aux moments clés de leur vie hormonale, à commencer par la contraception.

Or certaines femmes sont mal informées "et utilisent une contraception avec œstrogène alors qu'elles présentent une contre-indication (tabac, surpoidsdiabète, migraines)" qui les fragilise, explique à l'AFP la cardiologue Claire Mounier-Vehier, co-fondatrice de l'association Agir pour le Cœur des Femmes. "Il n'est pas acceptable de mourir à cause d'une contraception contre-indiquée", juge-t-elle.

PMA et endométriose augmentent aussi les risques

La grossesse et le post-partum doivent également être très suivis. "Seulement 25% des femmes ont conscience d’un risque majoré pendant la grossesse", rappelle l’étude de la Fédération française de cardiologie.

D’autres pathologies, comme le syndrome des ovaires polykystiques ou l'endométriose sont des facteurs de risque. "À cause de la sur-stimulation ovarienne, les femmes ayant eu recours à la procréation médicalement assistée (PMA) sont également plus vulnérables", précise Stéphane Manzo-Silberman, cardiologue à la Pitié-Salpêtrière. Encore faut-il que les professionnels de santé fassent de la prévention auprès de celles qui n’entrent pas forcément dans la case des personnes à risque.

Avec 200 décès par jour et 76.000 par an, les maladies cardiovasculaires restent la première cause de mortalité chez les femmes. Or, "dans 8 cas sur 10, l'entrée dans la maladie peut être évitée grâce à la prévention", rappelle Agir pour le Cœur des Femmes, qui sillonne la France pour informer et prévenir ces risques chez les femmes. 

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* Enquête IFOP de janvier 2023 pour la Fédération française de cardiologie, réalisée auprès de 1 002 femmes de plus de 18 ans.

Maladies cardiovasculaires : comment améliorer la prise en charge des femmes ?  —  Le Mag de la Santé - France 5