Don d'ovocytes : "On a besoin de doubler le nombre de donneuses"

Le don d’ovocytes est ouvert en France à toutes les femmes âgées de 18 à 37 ans. Mais le parcours encore complexe reste un frein pour de nombreuses femmes, déplore l'Agence de la biomédecine. Reportage.

Lucile Degoud
Rédigé le
Une campagne pour inciter au don d'ovocytes
Une campagne pour inciter au don d'ovocytes  —  Le Mag de la Santé - France 5

Depuis cinq ans, Gaspard fait le bonheur de ses parents. Mais pour Mélodie et Edouard, l’arrivée de ce bébé a été un petit miracle. "C'est comme ça que je l'ai appelé pendant très longtemps. Je lui explique aussi le parcours qu'on a vécu, d'où il vient, donc oui c'est vraiment un miracle", raconte Mélodie, 31 ans.

Pour avoir Gaspard, le couple a eu recours à un don d’ovocytes. Car depuis qu’elle a 19 ans, Mélodie souffre d’une ménopause précoce et ne peut pas avoir d’enfant naturellement.

"C'est mon fils à part entière"

"À 19 ans, ça a été très compliqué de l'accepter, le chemin a été très long, il a duré plusieurs années pour moi avec le fait de faire le deuil de cette maternité naturelle" témoigne Mélodie. "À partir du moment où j'ai été enceinte, je ne me suis plus posé de questions sur la génétique qu’aurait Gaspard. C'était mon fils à part entière, quelle que soit son origine, quelle que soit la personne qui ait donné l’ovocyte", ajoute-t-elle.

Mélodie et Edouard ne savent rien de cette femme, à qui ils doivent tant. "Cette personne nous a permis de construire la famille dont on rêvait, d'avoir ce bébé de manière naturelle donc elle nous a permis d'avoir une vie tout à fait normale. On n'y pense plus tous les jours que Gaspard est né d'un don d'ovocytes. C'est grâce à elle, donc on est forcément plein de gratitude", raconte Edouard, 36 ans.

Stimulation ovarienne, injections, ponction...

Émeline, 39 ans, est l’une de ces femmes donneuses d’ovocytes. Elle a donné ses ovocytes deux fois, le maximum autorisé. "Pour moi le sujet de la maternité n'a jamais été un sujet. Je n'ai jamais souhaité avoir d'enfant, je le sais depuis toujours", confie-t-elle. "Je suis tout à fait en capacité de comprendre que d'autres femmes aient cette envie-là et que le simple fait de savoir que moi, je peux aider, c'est ça qui m'a motivée. Mon don d'ovocytes est une des choses dont je suis le plus fière au monde. Clairement, il n'y a rien de plus magique que de pouvoir peut-être aider une autre femme à devenir mère", poursuit-elle.

Donner ses ovocytes est un acte d’autant plus généreux qu’il est loin d’être simple. Les femmes âgées de 18 à 37 ans, avec ou sans enfant, peuvent donner. Après plusieurs rendez-vous, analyses et examens médicaux, la stimulation ovarienne débute. Elle dure une vingtaine de jours avec des injections d’hormones, des prises de sang et des échographies régulières et enfin la ponction pour prélever les ovocytes, au bloc opératoire.

Au moins deux ans d'attente

Ce parcours contraignant et non rémunéré explique le manque de donneuses en France. Alors pour encourager les femmes à donner leurs ovocytes, l’Agence de la biomédecine a lancé une campagne intitulée #FaitesdesParents.

"J'invite toutes les jeunes femmes qui sont intéressées par ce don de passer à l'acte parce qu'on a vraiment besoin de donneuses malgré cette générosité qui existe déjà. On a environ 1 000 donneuses par an, mais on aurait besoin au moins de doubler le nombre de personnes qui donnent leurs ovocytes", explique Marine Jeantet, directrice générale de l'Agence de la biomédecine.

Aujourd’hui en France, l’attente est d’au moins deux ans pour bénéficier d’un don d’ovocytes.