Performance sexuelle : les femmes aussi ?

Après avoir longtemps concerné les hommes, la performance sexuelle et l'anxiété de performance, rattrapent peu à peu les femmes. Elles portent sur l'esthétique et le rapport au corps, mais aussi l'impératif d'être une bonne amante

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Performance sexuelle : les femmes aussi ?
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Comme les hommes, bon nombre de femmes souffrent de la pression sexuelle. Si elles ont longtemps été confinées en cuisine et à l'éducation des enfants par les hommes, elles sont désormais censées être des amantes hors pair tout en gérant la logistique familiale et en réussissant professionnellement. De quoi provoquer une angoisse source directe de dysfonction sexuelle, comme une difficulté à atteindre l'orgasme. Certain(e)s, comme Ovidie dans une vidéo pour Brut, n'hésitent pas à dénoncer une nouvelle forme de domination masculine dans cette pression sexuelle.

De plus, la société qui promeut le culte de la beauté leur renvoie une image dans laquelle elles ne se reconnaissent pas forcément : la femme parfaite doit être sexy en toutes circonstances, avoir un corps de top model, être libérée (mais pas trop pour ne pas effrayer un homme), jouir à chaque rapport mais avec la pénétration (l'orgasme vaginal étant tellement plus mature que l'orgasme clitoridien -merci Freud d'avoir ruiné la vie sexuelle de nombreuses femmes en véhiculant cette idée erronée…). Les magazines relaient sans compte cette image parfois et imposent aux femmes une notion de performance esthétique.

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Compétences sexuelles et tyrannie de l'orgasme

Certaines, plus sensibles à la pression, la vivent comme une véritable angoisse. La peur de n'être pas assez habile, pas assez compétente, pas assez libérée s'infiltre dans le rapport sexuel et le perturbe insidieusement.

La tyrannie de l'orgasme est elle aussi pesante pour le femmes (non, on n'est pas obligée de jouir intensément à chaque rapport ! Il peut y avoir des jours "avec" et des jours "sans" selon notre état d'esprit, nos préoccupations, notre fatigue, notre stress, etc. Ce n'est pas un problème si l'on y trouve assez de plaisir à son goût et que le rapport est satisfaisante).

Moins d'excitation et de plaisir

Là encore, ce stress peut affecter la vie sexuelle : la peur de l'échec gâche le plaisir de l'étreinte sexuelle et peut amener à accepter des pratiques que l'on croit être la norme. Sur un plan physique, l'excitation peut être diminuée à cause de l'angoisse, ce qui se traduit par une diminution de la lubrification. Et/ou l'orgasme s'éloigne tant la femme se met de pression pour jouir : plus on cherche le plaisir, plus il s'éloigne. Un cercle vicieux se met en place : la recherche de la performance l'éloigne aussi sûrement qu'elle chasse le plaisir…

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