Dengue et chikungunya s'implantent en France métropolitaine

Alors qu'ils ne touchaient qu'une dizaine de pays dans les années 70, le chikungunya et la dengue en colonisent désormais plus d'une centaine… dont la France. Véhiculées par le moustique tigre, ces viroses pourraient s'installer de façon pérenne sur le territoire métropolitain.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les moustiques tigres sont les vecteurs de la dengue et du chikungunya (Image d'illustration)
Les moustiques tigres sont les vecteurs de la dengue et du chikungunya (Image d'illustration)

Le risque de dengue et de chikungunya est "devenu durable" dans la métropole, selon le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'InVS. Le moustique tigre, vecteur de ces virus tropicaux colonise progressivement le territoire français, alors qu'il n'y est apparu qu'il y a 11 ans. "En métropole, on estime que plus de 2.000 cas importés (retours de voyage) de chikungunya et plus de 900 cas importés de dengue ont été diagnostiqués en 2014", indique à l'AFP le Dr Harold Noël, épidémiologiste à l'Institut national de veille sanitaire (InVS).

Petit à petit, le moustique tigre (Aedes albopictus) s'installe en métropole, s'implantant désormais dans 18 départements : Alpes-Maritimes, Alpes-de-Haute-Provence, Var, Haute-Corse, Corse-du-Sud, Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Haute-Garonne, Gironde, Lot-et-Garonne, Drôme, Ardèche, Isère, et Rhône. En se déplaçant à l'aide des transports humains (voitures, trains), l'insecte rayé remonte vers le Nord, exposant de plus en plus les Français au chikungunya et à la dengue.

Des œufs dans les pots de fleurs et les flaques

Ces transmissions locales se font par des moustiques qui inoculent ces virus à d'autres personnes après avoir piqué un voyageur porteur. Et l'insecte pond facilement ses œufs dans des petits réservoirs d'eau du quotidien : flaques, pots de fleurs ou encore pneus usagers, provoquant "l'extension de l'aire de répartition" précise le BEH.

"Avec l'intense circulation internationale des personnes et l'implantation croissante d'Aedes albopictus en zone tempérée, le risque (de dengue et de chikungunya - ndlr) est maintenant globalisé et ne fera que croître avec la progression de l'implantation du moustique tigre", explique le directeur scientifique de l'InVS, Jean-Claude Desenclos, dans le BEH.

2.327 cas de chikungunya et 953 de dengue

Le risque de transmission de ces virus en France métropolitaine est donc bel et bien avéré. En 2014, quatre cas autochtones de dengue (contractés en métropole sans avoir voyagé) ont été détectés en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, ainsi qu'un foyer autochtone de chikungunya (11 cas confirmés et 1 cas probable) dans l'agglomération de Montpellier. Au total, ce sont 2.327 cas de chikungunya et 953 cas de dengue qui ont été rapportés par le réseau national de laboratoires.

Pour la dengue, les voyageurs revenaient d'Asie-du-Sud-Est, notamment de Thaïlande, d'Amérique latine ou des Caraïbes. Pour le chikungunya, beaucoup avaient voyagé en Guadeloupe et Martinique. Depuis 2006, la déclaration de ces maladies est obligatoire, même si ce système est loin d'être exhaustif. A l'approche de l'été, période d'activité intense du moustique tigre, le risque d'infection est accru.