Prothèse de hanche : opérer et rééduquer

150.000 personnes chaque année, en France, se font poser une prothèse de la hanche. Fracture du col du fémur ou bien arthrose en sont fréquemment la cause. Plusieurs techniques sont possibles, soit par abord antérieur, soit par resurfaçage ; après avoir eu le vent en poupe, cette dernière technique a toutefois vu ses indications réduites de façon draconienne.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Prothèse de hanche : les principales indications

Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent les effets de l'arthose de la hanche
Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent les effets de l'arthose de la hanche

150.000 prothèses de hanche sont posées chaque année en France. Un chiffre qui devrait augmenter dans les prochaines décennies, avec le vieillissement de la population et le développement de pathologies telles que l'arthrose, la fracture du col du fémur ou encore la nécrose de la hanche.

La hanche est l'articulation qui joint le bassin à l'os de la cuisse : le fémur. Le fémur a un col et une tête arrondie, qui s'emboîte parfaitement dans le creux de l'os de la hanche : le cotyle. Cette articulation permet la marche mais elle supporte aussi le poids du corps. La tête du fémur et le cotyle sont recouverts de cartilage. C'est ce qui permet à la tête du fémur de glisser dans le cotyle, sans provoquer de frottement. La membrane synoviale, elle, entoure l'articulation et fabrique un liquide huileux (la synovie) chargé de diminuer les frottements et donc l'usure du cartilage. 

La hanche assure la mobilité de la jambe et la stabilité du bassin sur les membres inférieurs. Quand il y a une dégradation de l'articulation, le plus souvent à cause de l'arthrose, les problèmes apparaissent : des douleurs, une diminution de la mobilité de la hanche, une difficulté à marcher... Si l'atteinte est trop invalidante, il est possible d'intervenir chirurgicalement.

Dans ce cas, il faut "tout changer" et poser une prothèse dite "totale". Cette prothèse de hanche se compose de trois parties : une partie qui s'insère dans le fémur (tige fémorale), une partie concave qui se fixe sur le bassin, et une bille qui fait la jonction entre le bassin et la tige fémorale. Lorsque la prothèse fait suite à une fracture de col du fémur, l'articulation étant intacte, le chirurgien pose juste une prothèse "simple", composée uniquement de la tige fémorale et de la bille de jonction, destinée à remplacer à l'os cassé.

La "durée de vie" d'une prothèse de hanche est évaluée entre 15 et 25 ans, en fonction de différents critères (technique chirurgicale, matériaux utilisés, qualité de la pose, poids et activités de la personne). La personne opérée peut mettre toutes les chances de son côté en gardant un poids de forme et en respectant les conseils concernant les activités.

Prothèse totale de hanche : la technique mini-invasive

L'intervention consistant à poser une prothèse totale de hanche est aujourd'hui bien maîtrisée. La pose d'une prothèse totale de hanche par voie d'abord antérieure est une technique mini-invasive. En opérant de cette manière, les muscles sont préservés. À la clé, une récupération plus rapide. Mais cette technique mini-invasive est encore peu pratiquée.

Le principal bénéfice de cette technique est une meilleure récupération. Les patients peuvent se lever dès le lendemain et faire fonctionner leurs muscles. La rééducation est alors optionnelle. En plus d'une petite cicatrice, l'opération par voie d'abord antérieure réduit le risque de luxation, il est chiffré à 0,1%.

Une méthode particulière : le resurfaçage

Reportage au bloc opératoire sur la technique du resurfaçage (attention, ce sont des images de chirurgie)
Reportage au bloc opératoire sur la technique du resurfaçage (attention, ce sont des images de chirurgie)

L'arthrose est la principale indication pour un resurfaçage de hanche. Ce modèle de prothèse permet de conserver la tête de l'os, mais on la recouvre avec une pièce de la prothèse. Elle va s'articuler avec la deuxième partie, la cupule, qui sera placée dans le cotyle, le creux de la hanche.

Elle est aussi indiquée pour les personnes qui ont une déformation congénitale de la hanche. Quand la tête fémorale ne s'emboîte pas parfaitement dans la hanche, cela peut provoquer des dysplasies. Elle est aussi indiquée pour les personnes qui ont une hanche abîmée par une trop longue pratique du sport ou une utilisation trop importante de corticoïdes.

Cette technique revient aujourd'hui avec des matériaux plus adaptés, après avoir été décriée dans les années 1980. Le resurfaçage de hanche ne peut toutefois pas être proposé à tout le monde. Il est par exemple contre-indiqué aux femmes enceintes. Car ce modèle métal contre métal risque de libérer dans l'organisme des ions métalliques ; et même si les quantités sont infimes, il y a un risque pour le bébé.

Le resurfaçage consiste à protéger la tête du fémur en la recouvrant par une première partie de la prothèse, mais pour cela on doit remodeler la tête du fémur. Si l'os est moins dense à cause d'une ostéoporose, par exemple, il risque de se casser au niveau du col. C'est pour cela que cette technique n'est destinée qu'aux adultes de moins de 55 ans. Les suites opératoires sont simples, avec une rééducation en libéral, un arrêt de travail durant 2 semaines en cas de travail sédentaire à 2 mois en cas de travail. La conduite est possible en moyenne 2 semaines après l'intervention. 

D'après l'ANSM, les indications du resurfaçage ont été réduites à l'homme jeune, avec une activité physique très intense, au ratio tête/col adapté, et un diamètre de tête fémorale ≥ 48 mm. Seuls quelques chirurgiens qui maîtrisent la technique opératoire spécifique et le parfait positionnement de l'implant pratiquent l'intervention.

Quand la prothèse de hanche doit être reprise

Attention, images de chirurgie : la reprise de prothèse de hanche est une opération délicate et longue durant 3h.
Attention, images de chirurgie : la reprise de prothèse de hanche est une opération délicate et longue durant 3h.

L'implantation d'une prothèse de hanche est devenue une intervention fréquente et presque banale. Il y a 120.000 opérations par an en France, 18 % de prothèses du fémur et 82% pour remplacer toute l'articulation. Ces dernières années ont vu se développer des techniques apportant une plus grande stabilité et surtout la possibilité de ré-intervenir, ce pour tenir compte de la durée de vie des prothèses qui ne dépasse pas 20 ans...

Les prothèses totales de hanche ont une durée de vie limitée. Elles peuvent donc se fragiliser naturellement, et il est possible qu'une inflammation détruise l'os de la hanche et décèle la prothèse. Du coup, l'articulation est instable et le patient se remet à boiter. Il faut à nouveau intervenir. C'est ce que l'on nomme la reprise d'une prothèse de hanche.

Rééducation : place à la kinésithérapie

Aujourd'hui, avec l'accompagnement d'un kinésithérapeute, les patients peuvent généralement se lever quelques heures après l'opération.

Les jours qui suivent la pose d'une prothèse de hanche sont éprouvants. Il faut réapprendre à marcher et faire des exercices pour remuscler la jambe opérée. La rééducation se déroule au sein même de l'hôpital.

L'hospitalisation dure de six à sept jours et dans la majorité des cas, trois mois après l'opération, les patients marchent normalement, sans cannes.

Marie-Hélène vient d'être opérée d'une prothèse totale de la hanche. Elle a commencé sa rééducation avec un kinésithérapeute du service.