Aux États-Unis, une femme enceinte sur cinq subit des maltraitances médicales

Une Américaine sur cinq est victime de maltraitances médicales durant sa grossesse ou son accouchement, selon les autorités sanitaires du pays. Les femmes noires et hispaniques seraient les plus touchées par ces violences.

Mathieu Pourvendier avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Cette étude a interrogé quelque 2 400 femmes de 18 ans et plus à propos de la grossesse de leur premier enfant
Cette étude a interrogé quelque 2 400 femmes de 18 ans et plus à propos de la grossesse de leur premier enfant  —  Shutterstock

Une sur cinq. C'est le nombre de femmes américaines qui subissent des maltraitances médicales durant leur grossesse ou leur accouchement, selon une nouvelle étude du Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire fédérale aux Etats-Unis. Cette étude, publiée mardi 22 août, a interrogé 2 400 femmes de 18 ans et plus, à propos de la grossesse de leur premier enfant.

Refus, cris, menaces, traitement forcé...

Parmi les maltraitances les plus communes rapportées, l'étude compte le fait d'essuyer un refus ou être ignorée après avoir demandé de l'aide, se faire crier dessus ou réprimander, voir son intimité physique violée, être menacée de ne pas recevoir un traitement ou d'être forcée à en recevoir un que l'on ne veut pas. 

Selon cette étude, les femmes noires étaient les plus susceptibles de subir des mauvais traitements (30% d'entre elles), suivies de près par les femmes hispaniques (29%), contre 18% des femmes blanches. L'étude rapporte également que 40% des femmes noires ont affirmé avoir subi des discriminations pendant leur grossesse ou leur accouchement, en raison notamment de leur couleur de peau, mais aussi de leur âge ou leur poids.     

Par ailleurs, les femmes n'ayant pas d'assurance santé ou une assurance publique ont fait état de davantage de maltraitances que les femmes bénéficiant d'une couverture santé privée.

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Un taux de mortalité maternelle en hausse

"En tant que médecin, mère et femme noire, il est démoralisant d'entendre à quel point ces maltraitances sont communes", a déclaré dans un communiqué Wanda Barfield, Directrice de la Division de la Santé Reproductive au sein des CDC. "Nous savons que le racisme et les discriminations peuvent conduire à des retards de traitements, et parfois à de tragiques décès que l'on aurait pu éviter."        

Le taux de mortalité maternelle est en effet en hausse aux Etats-Unis depuis des années, et il est aujourd'hui l'un des pires parmi les pays industrialisés. La mortalité maternelle désigne les décès de femmes survenus durant leur grossesse, leur accouchement, ou peu après celui-ci.

Entre 2018 et 2021, ce taux a augmenté de 17,4 décès pour 100 000 naissances aux Etats-Unis, à 32,9 décès. La grande majorité de ces décès sont évitables, soulignent les autorités sanitaires.

Des violences également présentes en France

En France, aucune étude ne s'est penchée sur les maltraitances obstétricales selon l'origine ethnique des femmes enceintes. Néanmoins, selon un rapport du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) publié en 2018, 6% des femmes ont indiqué être "pas du tout" ou "plutôt pas" satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement au cours de l'année 2016. 

"La maltraitance en obstétrique peut s’exercer durant un parcours d’assistance médicale à la procréation, la grossesse (y compris IVG), l’accouchement et le post-partum, dans des consultations en cabinet libéral ou en établissement de santé. Nul n’est en mesure d’indiquer l’ampleur du phénomène" indiquait en 2017  le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) dans un communiqué.

Le taux de mortalité maternelle n’a par ailleurs pas diminué significativement en France métropolitaine entre 2007-2009 et 2013-2015, date des dernières données disponibles, alertait Santé publique France dans un rapport publié en septembre 2022.