Fin de vie : des parents s'opposent à l'euthanasie passive de leur fils

Des parents, qui s'opposaient à la décision d'euthanasie passive de leur fils, ont obtenu gain de cause devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. La cour a ordonné le rétablissement de l'alimentation de leur fils tétraplégique hospitalisé à Reims. Une décision qui avait été prise par l'épouse du patient en accord avec l'équipe médicale.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entretien avec le Dr Vincent Morel, président de la société française de soins palliatifs
Entretien avec le Dr Vincent Morel, président de la société française de soins palliatifs

Cette histoire montre toute la complexité de certaines situations liées à la fin de vie. Le patient, âgé de 37 ans, a été victime il y a 5 ans d'un accident de voiture qui l'a plongé dans le coma. L'équipe médicale du CHU de Reims, en accord avec son épouse, avait pris la décision d'arrêter la nutrition par sonde et de limiter l'hydratation artificielle pour éviter tout acharnement thérapeutique.

Mais les parents du jeune homme, en mauvais terme avec leur belle-fille, n'avaient pas été consultés avant cette décision médicale. Ce sont ses frères qui, après une visite, se sont aperçus que la poche de nourriture avait disparu. Les parents ont alors décidé de saisir la justice.

Une décision qui n'était pas collégiale

Le juge des référés leur a donné raison en ordonnant à l'équipe médicale de rétablir l'alimentation et l'hydratation du patient. La justice ne remet pas en cause l'arrêt de l'assistance thérapeutique mais le fait que la décision n'ait pas été prise de façon collégiale avec les membres de la famille.

"Je suis absolument persuadée que mon fils ne veut pas mourir, d'ailleurs depuis qu'il est réalimenté il sourit alors que la semaine dernière il manifestait une grande tristesse. Il y a encore un espoir", a déclaré Viviane Lambert, la mère de Vincent.

"Depuis le début de l'année, Vincent avait multiplié des comportements d'opposition aux soins faisant suspecter un refus de vivre", a expliqué pour sa part, Eric Kariger qui dirige le service de médecine palliative au CHU de Reims. "En accord avec sa femme qui l'accompagne quotidiennement depuis l'accident alors que ses parents habitent très loin, nous avons collégialement décidé le 10 avril que le maintien des soins d'hydratation et d'alimentation constituait dans ce contexte une obstination déraisonnable", a précisé le médecin. "La maman de Vincent avait été prévenue de notre réflexion mais nous avons effectivement tardé à l'informer précisément, elle et les autres membres de la famille, du protocole que nous avions engagé ce qui explique aussi son action en justice", a-t-il regretté.

L'histoire de Vincent pose de nombreuses questions éthiques concernant "la fin de vie". Selon un communiqué de l'Observatoire national de la fin de vie (ONFV), "la justice ne remet pas en cause le fond de la décision prise par l'équipe médicale pour ce patient, mais le fait qu'elle n'ait pas été discutée avec l'ensemble des membres de sa famille".

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