Cancer de la prostate : des traitements injustifiés ?

De nombreux patients seraient traités à tort du cancer de la prostate. Dans le numéro du mois d'avril 2013 de la Revue du Praticien, une quinzaine de médecins spécialistes de la question mettent en cause la prise en charge de cette maladie en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entretien avec le Pr François Desgrandchamps, chef du service d’urologie à l’hôpital Saint-Louis à Paris dans l'émission, du Magazine de la santé du 22 avril 2013
Entretien avec le Pr François Desgrandchamps, chef du service d’urologie à l’hôpital Saint-Louis à Paris dans l'émission, du Magazine de la santé du 22 avril 2013

L'incidence des cancers de la prostate en France a considérablement augmenté durant les vingt dernières années, passant de 20.000 cas par an à plus de 70.000 en 2011. Des chiffres qui en font de loin le cancer le plus fréquent chez l'homme. En cause notamment, le vieillissement de la population, mais aussi la généralisation du diagnostic de cette maladie.

Des traitements lourds de conséquences

En France, le dépistage de ce type de cancer fait débat. Si le cancer de la prostate est fréquent, il est aussi souvent asymptomatique, c'est-à-dire latent, sans effets graves. Un sur-diagnostic risque donc d'entraîner un sur-traitement.

Chaque année 62.500 Français suivent un traitement par chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie, des interventions qui ne sont pas sans conséquences sur la vie de ces hommes. Après une chirurgie de la prostate, environ 10% des patients gardent des séquelles urinaires. Un tiers serait impuissant et 60 à 80% le deviendrait après un traitement par rayons.

"Il faut dépister mais ne traiter que ceux qui en ont besoin"

Dans le numéro d'avril 2013 de la Revue du Praticien, une quinzaine de médecins français mettent en cause la prise en charge de cette maladie en France. Favorable au dépistage du cancer de la prostate, le Pr François Desgrandchamps, chef du service d'urologie à l'hôpital Saint-Louis à Paris, regrette le traitement quasi-systématique de cette pathologie : "Le développement des technologies permet aujourd'hui de trouver des cancers à un stade tellement précoce qu'on les traite comme si c'étaient des cancers classiques sans savoir s'ils vont le devenir. Donc on traite énormément de cancers parce qu'on sait les trouver, sans savoir s'ils sont dangereux ou pas."

Peut-on savoir si un cancer de la prostate deviendra agressif ou restera asymptomatique ?

"Dans le cas des cancers débutants, il y a des critères qui permettent de savoir ou de prédire si ces cancers vont devenir dangereux pour le patient, donc agressifs, ou non. Ces critères sont à la fois biologiques et histologiques", précise le Pr Desgrandchamps.

"Dans le cas d'un cancer dangereux, il faut traiter parce que si on ne fait rien, il ne se passera rien pendant plusieurs années puis après ça deviendra grave. Au contraire, si on est face à un petit cancer dont les critères de gravité ne sont pas présents, si on ne fait rien, il ne se passera rien. C'est une forme de vieillissement pour la prostate, tout simplement."

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