Cette semaine, donnez votre sang !

10 000 dons du sang sont nécessaires chaque jour et ils permettent de soigner un million de malades chaque année. A l'occasion de la journée mondiale du don du sang, donnez et vous sauverez des vies ! Est-ce que tout le monde peut donner son sang ? Qui peut en recevoir ? Comment le sang est-il ? Que deviennent les poches récoltées ? Les réponses dans ce dossier.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Cette semaine, donnez votre sang !

Des cellules sanguines indispensables

Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes expliquent le rôle du sang dans l'organisme.
Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes expliquent le rôle du sang dans l'organisme.

Transport des nutriments, de l'oxygène, des défenses contre les infections… Le sang est indispensable au fonctionnement du corps humain. En moyenne, cinq litres de sang circulent dans notre corps. Une quantité qui varie en fonction de la taille, du poids et du sexe.

Le sang est composé d'une partie liquide, le plasma, dans laquelle baignent trois types de cellules : les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes. Chaque type de cellules a une fonction précise. Le rôle des globules rouges (ou hématies) est de transporter l'oxygène des poumons vers les tissus. En retour, ils captent le gaz carbonique pour l'éliminer par les voies respiratoires. Les globules blancs (ou leucocytes), eux, vont combattre les infections causées, par exemple, par des bactéries ou des virus. Enfin, les plaquettes permettent au sang de coaguler et évitent donc les hémorragies.

Selon les individus, les cellules du sang n'ont pas toutes les mêmes caractéristiques. Ce sont les fameux groupes sanguins découverts en 1900 par un médecin allemand, Karl Landsteiner. Ce système définit les quatre groupes sanguins les plus fréquents : A, B, AB et O. L'appartenance à l'un de ces groupes dépend de la présence ou non d'antigènes, des sortes de marqueurs à la surface des globules rouges. Ainsi, les globules rouges du groupe sanguin A possèdent des antigènes A, ceux du groupe B des antigènes B, ceux du groupe AB des antigènes A et B. À l'inverse, le groupe O n'a pas d'antigènes. Le groupe A est le plus fréquent dans la population française, devant O, puis B et AB qui sont beaucoup plus rares.

Un autre système permet de classer plus finement les individus de ce système dit "ABO". Il s'agit du système Rhésus qui distingue les individus à Rhésus positif et les individus à Rhésus négatif (par exemple O+ et O-). En France, 85% des individus sont Rhésus positif. Mais il existe des variations régionales. Par exemple, le groupe Rhésus négatif est plus fréquent dans le sud-ouest, en particulier au Pays basque.

Une collecte très bien organisée

Les dons restent indispensables pour répondre aux besoins. Que devient votre sang une fois prélevé ?
Les dons restent indispensables pour répondre aux besoins. Que devient votre sang une fois prélevé ?

Au total, 1,7 million de personnes (seulement 4% des Français ayant l'âge requis) donnent de leur sang, alors même que d'année en année les besoins progressent du fait d'un vieillissement de la population et aussi d'une utilisation élargie liée aux progrès de la médecine.

On utilise le sang pour des transfusions en cas d'accident ou d'opération, contre les maladies du sang, comme traitement d'appoint des chimiothérapies, et aussi pour fabriquer des médicaments. Aujourd'hui, plus de 200 maladies sont traitées avec des substances dérivées du plasma.

Pour subvenir aux besoins de ceux qui manquent de sang, il faut 10.000 dons par jour en France. C'est l'Etablissement Français du Sang (EFS), placé sous la tutelle du ministère de la Santé, qui gère le don de sang et doit inciter les donneurs à se présenter toute l'année.

Faire un don de sang total, c'est l'affaire de moins d'une heure (un peu plus pour le don de plasma ou de plaquettes), entretien avec un médecin, repos et collation compris.

Sont exclus du don les personnes pesant moins de 50 kg, les diabétiques, les personnes traitées pour épilepsie, celles qui ont eu une maladie transmise par le sang telle qu'hépatite virale, celles ayant déjà été transfusées, les femmes enceintes ou ayant accouché récemment, les gens souffrant d'infection, ainsi que les homosexuels hommes, considérés comme plus à risque de maladies sexuellement transmissibles.

Le prélèvement est effectué par une infirmière, et le volume prélevé est de 450 à 480 ml. Il se reconstitue rapidement, mais il faut boire abondamment et manger après avoir donné son sang.

L'été, les besoins en sang sont relativement stables par rapport au reste de l'année, mais les donneurs sont plus rares. Pour éviter la pénurie, l'EFS s'adapte et va les chercher sur leurs lieux de vacances.

À quoi sert le don du sang ?

Les globules rouges sont utilisés pour soigner les hémorragies, suite à un accident ou à une opération. Ils représentent 80% des besoins.

Les plaquettes sont indispensables dans les maladies qui perturbent les phénomènes de coagulation.

Le plasma est utilisé pour la fabrication des médicaments qui sont dérivés du sang, destinés aux hémophiles, par exemple, ou pour le traitement des grands brûlés.

La chimiothérapie administrée contre un cancer détruit aussi les cellules du sang. Le malade peut alors avoir besoin d'une transfusion.

Une fois collecté, le sang doit être traité, en tenant compte du fait que tous les composants du sang n'ont pas la même durée de vie. Le plasma peut se conserver un an, les concentrés de globules rouges quarante-deux jours et les plaquettes seulement cinq jours.

Lors du don, des maladies sont dépistées pour être sûr de ne pas contaminer les receveurs. Ce sont les hépatites B et C, la syphilis, le paludisme, le papillomavirus et bien sûr, le virus du sida.

Accidents transfusionnels : comprendre pour prévenir

Régulièrement les patients atteints de drépanocytose doivent être transfusés. Cette maladie génétique se caractérise par des globules rouges anormaux, en forme de faucille.
Régulièrement les patients atteints de drépanocytose doivent être transfusés. Cette maladie génétique se caractérise par des globules rouges anormaux, en forme de faucille.

Aujourd'hui, tout est fait pour garantir la sécurité du sang. Les contrôles permettent d'éviter la transmission de maladies et de transfuser le sang du bon groupe. Dans le cas contraire, les conséquences peuvent être catastrophiques. En effet, si vous appartenez par exemple au groupe B et que vous recevez du sang du groupe A, votre organisme va se sentir agressé par les marqueurs A et va rejeter le sang transfusé. La vie du patient est alors en danger. On parle d'accident transfusionnel.

Mais, parfois, l'incompatibilité peut se produire à une échelle plus fine que celle des seuls systèmes ABO et Rhésus. Ce type d'accident transfusionnel, très rare, est à l'origine de 5% des décès des malades atteints de drépanocytose. Il s'agit d'une maladie génétique des globules rouges qui affecte les populations d'origine africaine. Une équipe de chercheurs essaie de mieux comprendre les accidents transfusionnels pour les éviter.

Ces chercheurs essaient de trouver des solutions pour éviter les accidents transfusionnels chez les patients drépanocytaires. En effet, en France, pour transfuser, on ne tient compte que des deux principaux systèmes de groupe sanguin (ABO et Rhésus), or les origines géographiques sont aussi déterminantes comme le confirme le Pr France Pirenne, hématologue : "Plus le receveur est éloigné géographiquement du donneur, plus les groupes sanguins ont de forte chance d'être différents et plus il y a de risque pour le receveur de produire des anticorps lorsqu'il sera transfusé avec des globules rouges par exemple de donneurs européens pour un patient d'origine africaine".

Cette recherche pourrait aboutir à des outils pour affiner les protocoles transfusionnels et à des médicaments qui empêcheraient les patients de développer des anticorps. Mais à terme, les chercheurs souhaitent se passer de transfusions grâce à la thérapie génique. "On prend les cellules souches du même malade, il n'y a donc plus de problème de compatibilité. On fait simplement une chimiothérapie plus douce de manière à préparer le terrain pour réimplanter ces cellules souches qui ont été modifiées génétiquement pour contenir une hémoglobine qui va remplacer l'hémoglobine des patients drépanocytaires", explique le Dr Pablo Bartolucci, médecin interniste. L'enjeu est considérable car avec près de 50 millions de malades, la drépanocytose est la première maladie génétique au monde.

Le don du sang en pratique : testez vos connaissances

  • Qui peut donner son sang ?

Toute personne âgée de 18 à 65 ans, pesant plus de 50 kg, peut donner son sang ou ses composants (plaquettes et plasma). La limite d'âge a été allongée à 70 ans récemment pour le don de sang total, avec autorisation du médecin. Il faut être en bonne santé et de ne pas avoir été dans une situation à risques (voyage dans certains pays, changement récent de partenaire avec rapports sexuels non protégés, avoir eu une transfusion ou un don d'organes, avoir eu plus d'un partenaire sexuel dans les 4 derniers mois, etc.) au cours des mois précédents le don. 

  • Où donner son sang ?

L'Etablissement Français du Sang (EFS) assure le prélèvement sur 200 sites de collectes en France ainsi que dans le cadre de collectes mobiles qui représentent plus de 80 % des prélèvements effectués par l'EFS. Il suffit de se renseigner sur le site Dondusang.net

  • Existe-t-il un risque pour sa santé à donner son sang ?

Aucun. Le sang est un liquide qui se reconstitue en permanence. Le plasma et les plaquettes se régénèrent en quelques heures, les globules rouges en deux semaines. Le matériel et la seringue utilisés sont à usage unique, il n'y a donc aucun risque infectieux pour le donneur. Le questionnaire et l'entretien médical permettent de déterminer si l'état de santé est compatible avec le don. Si ce n'est pas le cas, le médecin en informe la personne et l'invite à consulter son médecin.

  •  Faut-il être à jeun pour donner son sang ?

Non. Au contraire, il vaut mieux avoir pris un repas léger en évitant matières grasses et boissons alcoolisées. Une collation sera servie après le don.

  • Le volume sanguin prélevé dépend-il du poids du donneur ?

Oui. Les personnes de moins de 50 kilos ne peuvent pas donner leur sang.

  •  Est-on fatigué après avoir donné son sang ?

Non. Chez une personne en bonne santé, cela n'entraîne aucun inconvénient. L'organisme, après un don de sang, reconstitue le stock de cellules sanguines. Le plasma et les plaquettes se régénèrent en quelques heures, les globules rouges en deux semaines.

  •  Quand on a donné son sang, faut-il attendre l'année suivante pour un autre don ?

Non. Il n'y a aucun inconvénient à donner plus d'une fois par an son sang et pendant de très longues années.
- 6 fois pour les hommes et 4 fois pour les femmes pour un don de sang total, en respectant un intervalle de 8 semaines entre 2 dons.
- 12 fois pour un don de plaquettes, en respectant un intervalle de 4 semaines avec un autre don.
- 24 fois pour un don de plasma, en respectant un intervalle de 2 semaines avec un autre don.

  • Encourt-on un risque à donner son sang plusieurs fois ?

Non.

  • Quand on est refusé au don du sang, est-ce que cela veut dire qu'on ne pourra jamais le donner ? Quelles sont les contre-indications temporaires ?

Non. Certaines causes d'exclusion du don sont définitives mais la plupart sont temporaires ! Les donneurs volontaires concernés par une exclusion temporaire peuvent se renseigner auprès du site le plus proche de leur domicile pour savoir à quel moment ils pourront donner à nouveau.

Quelques contre-indications temporaires à retenir :
- Soins de carie : 1 jour
- Détartrage : 7 jours
- Traitement par antibiotiques : 7 jours
- Episode infectieux (grippe, gastro-entérite) : 14 jours
- Voyage dans un pays touché par le paludisme : 4 mois
- Grossesse : 6 mois après l'accouchement
- Intervention chirurgicale : de 7 jours à 4 mois

  • Existe t-il des contre-indications permanentes ?

Oui, pour certaines maladies : consultez la liste sur le site de l'EFS.

  • Pourquoi le don est-il gratuit ?

En France, "le corps humain est hors commerce". Il ne peut ni être l'objet d'un contrat, ni être négocié par quiconque affirme le Comité consultatif national d'éthique, en 1991, dans un avis qui reprend des principes établis depuis longtemps dans notre pays. Le même texte souligne que "toute dérogation à cette règle porterait atteinte à la dignité humaine".

Le don de sang ne peut donc pas donner lieu à rémunération. Cette gratuité est inscrite dans la loi. La préparation des produits sanguins a toutefois un coût de revient, c'est pourquoi il existe un prix de cession administré (et non de vente) des produits sanguins par l'EFS aux établissements de soins. 

  • Qu'est-ce que le don de plasma ?

Il est moins connu que le don de sang total. Le don de plasma est destiné directement aux malades (10 %) ou à la fabrication de médicaments dérivés du sang (90 %). Ce liquide où baignent les cellules sanguines représente à lui seul plus de la moitié du volume sanguin. Il est très riche en protéines, d'où son intérêt dans le traitement de nombreuses maladies.

Le déroulement du don de plasma est très proche de celui du don de sang : le candidat s'inscrit, remplit un questionnaire, et un entretien médical confidentiel permet de déterminer s'il peut donner son plasma. Ce don se fait grâce à un appareil qui permet de ne prélever que le plasma, selon une technique appelée l'aphérèse. Les autres constituants du sang (plaquettes, globules blancs et globules rouges) sont restitués au donneur. Le volume de plasma prélevé est plus important, entre 550 ml et 750 ml. Le don dure environ 60minutes, et s'effectue uniquement sur rendez-vous. Il peut être renouvelé jusqu'à 24 fois par an, avec 15 jours entre chaque don. Les individus de groupe AB sont particulièrement recherchés, ils sont donneurs universels de plasma et sont rares (4% de la population).

  •  Qu'est-ce que le don de plaquettes ?

Le don de plaquettes par cytaphérèse fonctionne selon le même principe que le don de plasma, il permet de recueillir une unité de plaquettes correspondant à 5 à 10 fois la quantité de plaquettes obtenue à partir d'une poche de sang total. 

Il dure de 1h15 à 2h selon le taux de plaquettes du donneur et selon la quantité de plaquettes à prélever.

Le don de plaquettes est possible de 18 à 65 ans à raison de 5 dons par an maximum, en respectant normalement un délai minimum de 8 semaines avec un autre don de plaquettes ou de sang total, mais il est possible de réduire ce délai à 4 semaines en cas de besoin. Tous les groupes sanguins sont recherchés.

  • Peut-on attraper une maladie virale en donnant son sang ?

Non. Le matériel de prélèvement utilisé (aiguille, tubes, poches) est stérile et à usage unique. Donner son sang ne présente absolument aucun risque. 

  • Qu'est-ce que le sang universel ?

Si vous êtes O-, vous êtes donneur universel, c'est-à-dire que votre sang peut être transfusé aux personnes de tous les autres groupes sanguins (O+, A, B, AB).