Patiente morte en couches : six mois de prison avec sursis contre deux médecins

La jeune femme de 29 ans était morte en juillet 2012 d'une hémorragie après son accouchement à l'hôpital de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Six mois de prison avec sursis ont été requis le 19 mai à Bobigny contre deux médecins en service ce soir-là.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
établissement hospitalier de Montfermeil
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Ce dimanche soir de juillet 2012, quelques heures après l'accouchement par césarienne de son deuxième enfant, une petite fille aujourd'hui âgée de cinq ans, la patiente était morte d'une hémorragie interne.

La procureure qui a pointé un "cumul de fautes graves" a aussi requis 2.000 euros d'amende chacun contre un anesthésiste et un obstétricien, jugés pour "homicide involontaire". Il leur est reproché de n'avoir transféré que "très tardivement" en réanimation la patiente qui présentait des symptômes pouvant laisser penser à une hémorragie et de ne pas avoir diligenté tous les examens nécessaires à temps. 20.000 euros d'amende ont été requis contre l'hôpital de Montfermeil, poursuivi en tant que personne morale.

Dispute entre les sages femmes et l'anesthésiste

L'établissement, où plus de 2.000 naissances ont lieu chaque jour, était poursuivi notamment pour ne pas avoir correctement organisé la surveillance post-opérationnelle des patients. Le soir des faits : il n'y avait pas d'infirmière en salle de réveil. L'ambiance était "électrique" ce soir-là a rappelé la procureure. En cause notamment la "mésentente" qui règne entre l'anesthésiste et les sages-femmes. Ces dernières parlent de "mépris", d'"invectives" de la part de la médecin.

A la barre, le compagnon de la patiente, raconte même qu'une "dispute" éclate entre les sages femmes et l'anesthésiste. Resté au chevet de sa compagne, c'est lui qui finira par "courir" à la recherche de la sage femme, inquiet de son état.

La sage femme constate le "teint cireux, les cernes" de la patiente. Elle appelle l'obstétricien qui préconise des antibiotiques et un transfert en réanimation. Mais il se range finalement à l'avis de l'anesthésiste, qui suspend le transfert. A l'audience, jupe rouge et veste bleue classiques, cette dernière est apparue sûre d'elle, maintenant avoir observé une amélioration "spectaculaire" de l'état de la patiente. Peu après, le compagnon de la jeune femme, a dit sa "honte" de voir "tout le monde se rejeter la faute" et sa "déception" face à cette série de manquements qu'il ne s'imaginait pas possible dans un "hôpital en France".

La décision du tribunal est attendue le 30 juin 2017.