Pourquoi ne perçoit-on pas les sons pendant une anesthésie générale ?

Parmi les mystères du corps humain, celui de l'anesthésie générale, pendant laquelle nous ne percevons aucun son. Des chercheurs viennent de comprendre ce phénomène.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Pourquoi n'entend-on aucune son lors d'une anesthésie générale ? Les chercheurs viennent de trouver une explication.
Pourquoi n'entend-on aucune son lors d'une anesthésie générale ? Les chercheurs viennent de trouver une explication.  —  Shutterstock

L'anesthésie générale sert à plonger le cerveau dans un état inconscient. Les neurones auditifs restent simulés par les sons mais le cerveau ne les perçoit plus.   

Des chercheuses et chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Université Paris-Saclay, ont cherché à comprendre pourquoi. Ils viennent de révéler un nouveau mécanisme des neurones auditifs, lors du passage de l'état éveillé à l'inconscience.     

Une technique de pointe

Pour évaluer l'activité du millier de neurones auditifs pendant le passage de l'état éveillé à inconscient, il a fallu faire appel à une technique de pointe : la microscopie multi-photons.   

Elle permet la mesure de l'activité globale et des interactions entre neurones. Jusqu'à présent, on ne pouvait mesurer que l'activité d'un neurone ou d'un petit groupe de neurones.

Les chercheurs l'ont utilisée sur des souris et ont scruté les neurones. 

L'activité masquée des neurones auditifs

Durant l'état d'éveil, certains groupes de neurones répondent aux sons. D'autres sont actifs alors même qu'ils ne sont pas stimulés : ils ont une activité spontanée. Ce qui témoigne d'une activité permanente du cerveau.   

Retournement de situation durant l'anesthésie, puisque les deux groupes de neurones se confondent. Il n'y a plus de différence d'activité entre ceux qui sont spontanément actifs et ceux qui répondent aux sons.   

Pour les chercheurs, ce résultat est limpide : le cerveau masque les entrées sensorielles (les sons) et il le fait grâce à son activité spontanée, qui prend le pas sur les l'activité des neurones répondant aux sons.   

Ces résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension du traitement de l'information, pendant les états de conscience et d'inconscience, dans les autres régions du cortex. Qui sait, les mystères du cerveau seront peut-être percés un jour...