Des bons d'achat pour les femmes enceintes qui arrêtent de fumer

Arrêter de fumer lorsqu'on est enceinte est un enjeu majeur pour la santé de la future mère et de son bébé. Une étude vient d’être mise en place pour inciter les femmes enceintes à arrêter le tabac en échange de bons d’achat. Que penser d'une telle initiative ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec Ivan Berlin, pharmacologue
Entretien avec Ivan Berlin, pharmacologue

Payer les femmes enceintes pour qu'elles arrêtent la cigarette ? On pourrait presque résumer ainsi l'étude mise en place par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) en avril 2016. Cette action "vise à diminuer le tabagisme chez les femmes enceintes, en récompensant leur abstinence tabagique par des bons d’achat".

Une initiative similaire avait remporté un certain succès en 2015, en Ecosse, où un peu plus de 300 femmes enceintes avaient reçu des bons d’achat en échange de l'arrêt du tabac.

Par ailleurs, d’après une enquête menée en 2010, près d’une femme sur cinq rapportait avoir fumé pendant le premier trimestre de sa grossesse. Sur les 802.224 naissances comptabilisées en 2010, cela correspondait donc à une exposition de 137.180 fœtus au tabagisme passif in utero. Or, le tabagisme peut non seulement avoir des effets sur la santé de la future mère pendant sa grossesse mais également des conséquences négatives et durables pour l’enfant dès sa naissance.

Les organisateurs de cette étude, menée conjointement dans 17 maternités françaises, mettent en avant une étude d’acceptabilité menée en population générale représentative française plutôt favorable à cette démarche. La majorité des répondants à l’étude d’acceptabilité approuverait, en effet, "l’idée de procurer des incitations financières par bons d’achat afin d’aider les femmes enceintes fumeuses à arrêter de fumer".

Du côté de la nouvelle agence de santé nationale "Santé Publique France", par contre, une autre initiative pour inciter nos concitoyens à arrêter le tabac et qui concernera, cette fois-ci, l’ensemble de la population, est en cours de préparation. Il s’agit d’organiser, en novembre prochain, le premier mois sans tabac. Cette campagne, qui mobilisera notamment Tabac Info Service et la Ligue contre le cancer, sera relayée par des campagnes radio et télévision. Selon François Bourdilon, directeur général de Santé Publique France : "l’idée est d’inciter les fumeurs à arrêter de fumer pendant 28 jours afin de multiplier leurs chances d’arrêter de fumer par cinq". En Grande-Bretagne où cette opération se déroule chaque mois d’octobre depuis 2012, le nombre de fumeurs ayant décidé d’arrêter de fumer a considérablement augmenté.

Selon le site Internet tabac-info-service.fr, la France compte près de 16 millions de fumeurs. Le tabagisme concerne près d’un jeune de 15 à 19 ans sur trois, avec une prévalence maximale de 46% chez les femmes de 20-25 ans et de 55% chez les hommes de 26-34 ans. Plus de la moitié des fumeurs réguliers (58%) hommes ou femmes déclarent avoir envie d'arrêter de fumer, dont 30% dans les 12 prochains mois. On considère que chaque année en France, entre 400.000 et 500.000 fumeurs réguliers arrêtent de fumer pour au moins un an.