Les allergologues en voie de disparition ?

Vingt millions de personnes en France souffrent d'allergies. Et ce chiffre devrait exploser dans les années qui viennent. Pourtant, l'existence des médecins allergologues est remise en cause par la réforme des études de médecine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Elles touchent un Français sur trois. Qu'elles soient respiratoires, alimentaires, cutanées ou encore médicamenteuses, les allergies se développent de manière exponentielle. Mais paradoxalement, le métier d'allergologue peine à être reconnu. En France, officiellement la spécialité "allergologie" n'existe même pas. "On nous propose à l'heure actuelle plutôt des formations complémentaires au sein de disciplines généralistes comme la médecine interne ou la médecine générale", explique Pr Jocelyne Just, chef du service d'allergologie pédiatrique à Hôpital Armand Trousseau (AP-HP).

Une formation déjà insuffisante pour des pathologies qui se complexifient car les allergies ne se réduisent pas au simple rhume des foins, et autres nez qui coulent. De plus en plus de patients présentent des allergies croisées qui nécessitent une prise en charge spécifique. "Il y a des pathologies transversales pour lesquelles il faut un allergologue. Par exemple pour les multi-allergiques : des enfants atteints à la fois d'asthme, d'eczéma, d'allergies alimentaires extrêmement sévères, à risque de choc anaphylactique, de crises aiguës graves ou mortelles", estime le Pr Jocelyne Just.

Aujourd'hui, pour devenir allergologue, les internes en médecine suivent une formation de trois ans qui débouche sur un diplôme d'études spécialisées complémentaires (DESC). Mais la réforme des études médicales de troisième cycle, dont l'application est attendue dès la rentrée 2017, prévoit la suppression de ce DESC et son remplacement par quelques heures de formation dans le cursus de médecine générale.

Pour le syndicat des allergologues, c'est signer l'arrêt de mort de leur spécialité. "Avec une moyenne d'âge de la profession de 57 ans aujourd'hui, il n'y aura plus, d'ici quinze ans, d'allergologues exclusifs si aucune spécialité permettant de pérenniser la formation n'est créée", explique le Syndicat français des allergologues.