Les glaces et les chips sont aussi addictives que la cocaïne ou l’héroïne

Les aliments ultra-transformés, comme les crèmes glacées ou les boissons gazeuses, entraînent une consommation incontrôlable, excessive et des envies irrépressibles selon une nouvelle recherche.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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Les aliments ultra-transformés sont déjà associés à un risque accru de cancers, de mortalité, de diabète ou même de vieillissement biologique accéléré
Les aliments ultra-transformés sont déjà associés à un risque accru de cancers, de mortalité, de diabète ou même de vieillissement biologique accéléré  —  Shutterstock

Après n’avoir croqué que dans une simple chips, vous ne pouvez vous empêcher de dévorer le paquet entier ? Vous n’êtes pas seuls. Une revue systématique (une synthèse des connaissances sur un sujet précis) des effets des aliments ultra-transformés sur le corps publiée dans le British Medical Journal révèle que 14 % des adultes y sont accros. 

Les aliments industriels ultra-transformés regroupent tous les produits fabriqués avec peu de matières premières brutes mais énormément d’additifs et d’ingrédients reconstitués : saucisses, glaces, biscuits, chips, boissons gazeuses, céréales du petit déjeuner ou encore plats industriels.

Les mêmes critères que l'addiction aux substances

Cette analyse de 281 études, menées dans 36 pays différents, pointe également du doigt l’accoutumance entraînée par la consommation de ces aliments ultra-transformés. D’après les conclusions de l’équipe de chercheurs de l'Université du Michigan, à l’origine de l’analyse, ces aliments largement répandus dans l’alimentation de millions de personnes seraient aussi addictifs que la nicotine, la cocaïne ou l’héroïne. 

Pour en arriver à cette conclusion, les auteurs de l'étude ont appliqué les mêmes critères que ceux utilisés par les experts pour diagnostiquer l'addiction aux substances. Parmi ces critères : une consommation incontrôlable et excessive, des envies irrépressibles et une poursuite de la consommation malgré les effets néfastes potentiels sur la santé.

Risque accru de cancers et de diabète

La consommation d'aliments ultra-transformés déclenche une poussée soudaine de dopamine suivie d'une chute tout aussi rapide, entraînant un cycle sans fin de désir, de satisfaction et de chute, similaire à celui d'une personne dépendante à l'alcool ou aux drogues. Une accoutumance d’autant plus dangereuse que les aliments ultra-transformés sont déjà associés à un risque accru de cancers, de mortalité, de diabète ou même de vieillissement biologique accéléré

Cependant, la raison exacte de cette accoutumance reste mystérieuse pour les experts. Une des pistes envisagées serait la teneur anormalement élevée en sucres et en graisses dans les aliments ultra-transformés. Par exemple, une pomme contient environ 55 kcal de glucides et moins de 2 kcal de graisses, contre 240 kcal de glucides et 270 kcal de graisses pour une barre de chocolat.

"La combinaison de glucides raffinés et de graisses souvent présente dans les aliments ultra-transformés semble avoir un effet supra-addictif sur les systèmes de récompense du cerveau" analysent les chercheurs. "Ceci pourrait augmenter le potentiel addictif de ces aliments."

L'addiction ne touche pas tout le monde

Cependant, tout le monde pourrait ne pas être sensible aux qualités addictives des aliments ultra-transformés. Selon les chercheurs, certaines personnes sont même capables de manger une poignée de chips et d'en être satisfaites, lorsque que d'autres pourraient ne pas avoir cette chance.

"Près de 90 % des gens peuvent essayer de l'alcool sans développer de problèmes, certains peuvent même essayer les cigarettes, voire la cocaïne" a précisé au Guardian Chris van Tulleken, un spécialiste de l'alimentation transformée. Le scientifique estime que ces aliments ultra-transformés devraient être accompagnés d'un avertissement alertant sur la dangerosité d'une alimentation largement basée sur les produits transformés, "à la manière du tabac".

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