Les Français consomment-ils trop d'alcool ?

Plus d'un adulte français sur cinq (22%) dépasse les plafonds de consommation d'alcool recommandés. Une proportion élevée mais en baisse, selon les derniers chiffres de Santé publique France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les français consomment-ils trop d'alcool  ?
Les français consomment-ils trop d'alcool ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

Toujours trop d'alcool dans les verres des Français. Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé publique France actualise les données sur la consommation d’alcool en France. Ils en profitent pour rappeler les nombreux dommages causés par l’alcool, la nécessité d’en limiter l’accès et d’en réduire l’attractivité.

"La France détient un triste record"

Principal constat de ce rapport : entre 2020 et 2021, de moins en moins de Français dépassent les recommandations de Santé publique France (maximum 10 verres par semaine, maximum deux verres par jour, et des jours dans la semaine sans consommation). On passe ainsi de 23,7% à 22%, soit une baisse de 1,7%. Mais la France reste l'un des pays au monde les plus adeptes de l'alcool, avec 42,8 millions de consommateurs.

"Toutes les baisses de consommation sont les bienvenues", analyse Laurent Fleury, responsable du pôle Expertise Collective de l’Inserm. "Mais c'est vrai que la France détient un triste record dans le domaine et qu'il faut absolument tout faire aujourd'hui pour baisser la consommation d'alcool" poursuit-il.

Tordre le cou au "french paradox"

Les dernières études montrent par ailleurs que des disparités régionales existent, avec des consommations plus élevées dans les régions Bretagne, Pays-de-la-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes. Des disparités qui peuvent s'expliquer par des raisons socio-économiques mais aussi par un rapport particulier à la consommation d'alcool. 

En effet, il a longtemps été dit que la consommation d'alcool agissait positivement sur la longévité et possédait un effet protecteur contre certaines maladies cardio-vasculaires. C'est ce qui a été appelé le "french paradox". "Il faut tordre le cou à ce french paradox : toute consommation d'alcool augmente le risque" démonte Laurent Fleury. "Il n'y a pas d'effet protecteur, toutes les études le prouvent" insiste-t-il.

8% des jeunes de 17 ans boivent régulièrement

Un autre constat du rapport concerne les jeunes. Expérimentée pour la première fois au cours de l’adolescence, la consommation d’alcool devient régulière (10  fois ou plus par mois) pour 8% des jeunes de 17 ans. 

De même, 40 à 50% ont au moins une alcoolisation ponctuelle importante (5 verres d’alcool ou plus par occasion) mensuelle. "Les chiffres de consommation d'alcool chez les jeunes sont très inquiétants" reconnaît Laurent Fleury qui rappelle que la vente d'alcool aux mineurs est toujours interdite et qu'il faut faire respecter cette loi.

L'alcool responsable d'une soixantaine de maladies

Pour faire encore baisser la consommation d'alcool, la prévention est essentielle. Et cette prévention passe selon les scientifiques par plusieurs enjeux prioritaires :
- l’information sur le risque lié à la consommation d’alcool ;
- la promotion des campagnes type "mois sans alcool", comme le Dry January ;
- limiter l’âge de la première consommation d’alcool. 

Un enjeu de santé publique de taille, car l'alcool possède de nombreuses conséquences sur la santé. La consommation d’alcool est responsable directement ou indirectement de plus d’une soixantaine de maladies, dont la cirrhose hépatique, certains cancers (cancer du foie, cancer colorectal, cancer du sein ou encore cancer des voies aérodigestives supérieures), les maladies cardiovasculaires, les maladies digestives, les maladies mentales, ainsi que les accidents et les suicides.