Pourquoi la France manque-t-elle de donneuses d'ovocytes ?

La France, en pénurie d'ovocytes, n'est pas capable de répondre à la demande croissante de procréation médicalement assistée. Les femmes n'ont parfois plus d'autres choix que d'aller en Espagne, où les délais d'insémination sont beaucoup plus courts. Comment inciter les femmes à donner leurs ovules ?

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Pourquoi la France manque-t-elle de donneuses d'ovocytes ?

Le don d'ovocytes est en crise en France. En 2012, seules 422 femmes ont donné leurs ovules, alors que cinq fois plus de couples étaient en attente, selon l'Agence de biomédecine, chargée de collecter ces dons. Face à cela, les Françaises migrent bien souvent vers l'Espagne, pour bénéficier d'un don et d'une insémination. En 2014, 765 Françaises ont profité d'un don espagnol. Un chiffre en constante hausse depuis 3 ans.

A la pointe en matière de fertilité, la loi Espagnole est beaucoup plus souple que la législation française dans ce domaine. Le professeur espagnol Antonio Pellicer, récompensé le 28 janvier 2015 par l'Académie de médecine pour ses travaux en matière de reproduction humaine, dénonce la loi française en matière de procréation médicalement assistée. "La France est hypocrite" a t-il expliqué dans Le Parisien du 29 janvier 2015, "il est important pour ces femmes que votre pays réfléchisse".

Payer les donneuses ?

Pour le Pr Pellicer, le nombre de donneuses d'ovocytes stagne car elles ne sont pas rémunérées. En Espagne un don est payé entre 900 et 1.000 euros, pour dédommager la donneuse du traitement hormonal qu'elle doit subir avant de pouvoir donner. Antonio Pellicer écarte tout risque de marchandisation du corps, en proposant que chaque don soit strictement encadré, "en ne le laissant pas devenir un grand marché comme c'est le cas aux Etats-Unis", a t-il précisé. L'Espagne n'autorise que deux dons annuels par femme et six au total au cours de la vie.

Autre critère important pour favoriser le don : l'anonymat de la donneuse. "Au Royaume-Uni, le don est rétribué comme en Espagne, mais comme il n'y a pas la garantie d'anonymat, ils souffrent du même déficit la France", a t-il ajouté. En France, l'anonymat du donneur de sperme ou d'ovocyte est totalement protégé. Alors que certains médecins français demandent une nouvelle loi, l'Agence de biomédecine est toujours à la recherche de dons. Pour 2015, l'agence aurait besoin de 900 donneuses d'ovocytes et 300 donneurs de sperme

VOIR AUSSI :

Comment donner ses ovocytes ?

Depuis la loi de bioéthique en 2011, toute femme majeure, âgée de moins de 37 ans et en bonne santé, peut faire don de ses ovocytes, même si elle n'a jamais eu d'enfants*. Après une consultation d'information et un bilan médical, la donneuse suit un traitement quotidien hormonal pour stimuler ses ovaires pendant 10 à 12 jours. En France, ce don de gamète ne peut être rémunéré. S'il est pratiqué à l'hôpital, ce don est pris en charge à 100% par l'Assurance-maladie.

* Pour les femmes n’ayant pas eu d’enfant, la possibilité du don est mentionnée dans la loi votée en juillet 2011 et en attente du décret d‘application.