Devenir mère après un cancer : l'espoir de l'autogreffe ovarienne

Une grossesse après un cancer a longtemps été du domaine de l'impossible car les chimiothérapies détruisent le plus souvent la fertilité des patientes. Mais aujourd'hui, les jeunes femmes guéries peuvent espérer devenir maman grâce à de nouvelles avancées médicales. C'est le cas notamment de l'autogreffe ovarienne.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Devenir mère après un cancer : l'espoir de l'autogreffe ovarienne

Autogreffe ovarienne : les explications anatomiques

Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes expliquent la fonction ovarienne.
Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes expliquent la fonction ovarienne.

Dans l'ovaire se trouvent des follicules. Au début de chaque cycle, l'ovaire reçoit du cerveau une première hormone : la FSH qui déclenche la croissance d'un petit groupe de follicules et la production par les ovaires de l'œstrogène.

Au bout de 14 jours, l'un de ces follicules se développe plus que les autres. Le cerveau envoie alors une autre hormone : la LH qui déclenche l'ovulation. L'ovule est libéré et l'ovaire produit de la progestérone.

Mais lors d'un cancer, la chimiothérapie ou la radiothérapie vont endommager cette fonction ovarienne. Les gonades ne produisent plus ni hormones, ni follicules. Cela rend les patientes momentanément stériles. Pour espérer préserver la fertilité de ces femmes, les médecins ont eu l'idée d'agir en amont, de devancer en quelque sorte les effets secondaires de ces traitements.

L'autogreffe ovarienne en pratique

Comment pratique-t-on une autogreffe ovarienne ?
Comment pratique-t-on une autogreffe ovarienne ?

Pour espérer préserver la fertilité des femmes atteintes de cancer, les médecins ont eu l'idée d'agir en amont. Pour cela, un des ovaires de la patiente est prélevé avant le début des traitements. Il est ensuite fragmenté en petits morceaux, lesquels sont conservés dans de l'azote liquide : c'est la cryogénisation. Trois ans après la fin des traitements, ils sont réimplantés dans l'abdomen de la patiente.

Un bain d'azote liquide à -196°C, c'est à cette température que sont conservés les fragments d'ovaire des patientes avant leur implantation. La décongélation des fragments d'ovaire est une étape délicate car ces fragments sont fragiles, précieux et leur temps est compté. "Il est important de bien s'assurer que la décongélation de la solution qui entoure les fragments d'ovaire se fasse relativement vite pour éviter la formation de cristaux de glace qui pourrait abîmer le tissu", explique le Pr Catherine Poirot, biologiste de la reproduction.

Après cette phase, débute la phase de réimplantation. C'est à l'aide d'une caméra placée à l'intérieur de l'abdomen et de trocarts chirurgicaux que les patientes sont opérées. Après avoir testé les trompes et choisi le côté de l'utérus où les fragments seront implantés, le chirurgien ouvre une petite partie du péritoine (membrane qui protège les organes de l'abdomen). L'objectif est de créer un réceptacle au niveau de la fossette ovarienne. Il ne reste alors plus qu'à réimplanter les fragments. Pour cela, le chirurgien attache les fragments ovariens les uns aux autres. Les greffons sont ensuite simplement déposés à l'intérieur de la poche du péritoine.

Il est impossible de savoir si l'autogreffe ovarienne est un succès à l'issue de l'opération. Il faut attendre quelques mois pour que la fonction ovarienne de la patiente reprenne.

Autogreffe ovarienne : un parcours du combattant

Devenir mère après un cancer, un rêve devenu réalité pour Valérie.
Devenir mère après un cancer, un rêve devenu réalité pour Valérie.

Lorsque la greffe d'ovaire est un succès, la sécrétion hormonale et le cycle menstruel de la femme reprennent. Mais la bataille n'est pas gagnée pour autant. Le parcours est souvent long et doit parfois passer par des stimulations ovariennes et des fécondations in vitro.

En France, le premier bébé issu de la préservation ovarienne est né en 2009. Une quarantaine de femmes ont pu avoir un enfant grâce à cette technique dans le monde. Il existe cependant certaines limites.

On ne sait pas combien de temps les fragments d'ovaire restent actifs après l'implantation. Et d'autre part, cette autogreffe marche moins bien sur les femmes plus âgées, après 35 ans, car à cet âge, la fonction ovarienne chute drastiquement.

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