Femme et tabac : une seule cigarette bloque la production d'œstrogènes

Vous êtes une femme et vous fumez ? Une étude vous offre un argument de plus pour vous motiver à arrêter à l'approche du Mois sans tabac : la nicotine d'une seule cigarette a déjà des effets au niveau du cerveau. Explications.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Femme et tabac : une seule cigarette bloque la production d'œstrogènes

Une simple dose de nicotine stoppe le mécanisme aboutissant à la production d'œstrogènes. C'est ce que montre une nouvelle étude présentée lors de la 35e édition de l'European College of Neuropsychopharmacology.

Pour parvenir à ce constat, des chercheurs de l'université d'Uppsala en Suède ont recruté 10 femmes en bonne santé. Une dose de nicotine leur a été administrée par spray nasal. Afin d'évaluer le retentissement sur la production d'œstrogènes, les chercheurs leur ont injecté un traceur radioactif qui s'attache à l'aromatase. Aussi appelée "estrogen synthase", cette enzyme est responsable de la production d'œstrogènes, les hormones sexuelles féminines, dans l'organisme.

Une IRM et un scanner du cerveau ont permis de visualiser à la fois la quantité d'aromatase produite et la zone cérébrale associée.

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Une action sur le thalamus

Les chercheurs ont alors observé qu'une seule dose de nicotine suffisait à inhiber la production d'aromatase et par ricochet, celle des œstrogènes.

De plus, la zone du cerveau où la nicotine agit a été identifiée : au niveau du thalamus. Il fait partie du système limbique, bien connu pour son implication dans les réponses émotionnelles et comportementales.

"Nous avons été surpris de constater que cet effet pouvait être observé même avec une seule dose de nicotine, équivalente à une seule cigarette, ce qui montre à quel point les effets du tabagisme sont puissants sur le cerveau d'une femme", commente la docteure Erika Comasco, chercheuse en charge de l'étude, dans un communiqué.

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Les femmes ont plus de mal à arrêter de fumer

Cette étude n'est qu'un travail préliminaire et comporte certaines limites, comme le faible nombre de femmes incluses. Mais elle génère plusieurs questions auxquelles il faudra apporter des réponses.   

Est-ce pour cette raison que les femmes sont moins sensibles aux substituts nicotiniques et qu'elles ont davantage tendance que les hommes à rechuter au cours d'un sevrage ?

Ces deux observations n'ont toujours pas d'explication convaincantes pour le moment. De plus, d'après les auteurs, la nicotine pourrait avoir un impact ailleurs que dans le cerveau, au niveau de l'appareil reproductif notamment.

D'autres études sont évidemment indispensables pour vérifier le résultat et mieux comprendre ses implications.     

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