Comment traiter les addictions aux paris sportifs grâce à la réalité virtuelle

Une addiction aux jeux d'argent, comme les paris sportifs, doit être prise en charge au même titre qu'une dépendance à un produit psychoactif. Face au développement des addictions, des thérapies innovantes sont mises en place. Reportage.

Sibylle de Barthez
Rédigé le
Jeux d'argent : comment sortir de l'addiction ?
Jeux d'argent : comment sortir de l'addiction ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

À chaque grand événement sportif, c’était la même excitation pour Wilson. Tous les matchs offraient une occasion de parier. Mais il y a quelques semaines, le jeune homme a bloqué tous ses comptes de paris sportifs en ligne. Un simple clic alimentait son addiction.

"Je me demandais à quoi ça servait de travailler"

Tout a commencé il y a cinq ans. Le jeune homme met pour la première fois le doigt dans l’engrenage des paris en ligne. En à peine un mois, il remporte plus de 5 000 euros. 

"Je me demandais à quoi ça servait de travailler si finalement, c'était de l'argent si facile. À partir de ce moment-là, je suis tombé dans l'addiction. J'ai commencé à parier assez régulièrement, même au bout d'un moment, tous les jours. La plupart du temps, c'était des sommes assez importantes, 200, 300, 400 euros dans la journée", explique Wilson Lecoq, 27 ans. 

Se soigner dans un casino fictif

Face à ces dangers, Wilson est parvenu seul à mettre un terme à cette dépendance. Mais certains n’ont pas pu s’arrêter à temps, comme cet autre patient accro aux jeux depuis plus de 15 ans. 

"Je ne vivais plus avec les gens, j'étais tout seul dans mon coin. Je ne pensais qu'à une chose, c'était parier. J'ai commis des vols pour pouvoir jouer et donc j'ai perdu mon travail. Je me disais que je n'arriverais plus à m’en sortir, qu’il fallait qu'on m'enferme pour ne plus jouer", nous confie-t-il de manière anonyme.

Depuis cinq ans, il se fait aider. Il participe à une thérapie unique en France qui s’appuie sur la réalité virtuelle. Plongé dans un casino fictif, ce banni des salles de jeux doit identifier ses envies de jouer pour mieux les limiter.

Mieux accompagner le patient addict

Ce dispositif est un outil complémentaire à une prise en charge beaucoup plus globale des patients dépendants aux jeux d’argent.

"Il faut qu’on puisse développer avec le patient des stratégies, qu'on élabore ensemble en entretien" explique la Dre Justine Fradelizi, psychiatre au GHU Sainte-Anne. "Faire de la réalité virtuelle permet de les travailler avec le patient et qu'il ne soit pas tout seul chez lui, mais accompagné et exposé à ces difficultés avec un travail direct sur ce qu'il aurait pu faire autrement sur place avec le médecin", poursuit-elle.

Les antécédents familiaux et un début de jeu précoce augmentent le risque de développer une addiction. En France, elle concerne 1,6 % des joueurs.