Bien vivre la ménopause

Bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, prise de poids... autant de signes qui marquent l'apparition de la ménopause, outre l'arrêt des règles. Elle représente aussi pour la femme un cap psychologique parfois difficile à passer. Haut les coeurs, vous trouverez dans ce dossier de quoi positiver !

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Bien comprendre le cycle hormonal de la femme

Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent le cycle hormonal féminin
Marina Carrère d'Encausse et Fabien Doguet expliquent le cycle hormonal féminin

Irrégularité des cycles, bouffées de chaleur, prise de poids, irritabilité... La ménopause est un changement physiologique qui intervient chez la femme entre 45 et 55 ans (en moyenne entre 50 et 51 ans). Chez les fumeuses, cet âge est avancé d'un an.

Normalement, dès la puberté, les ovaires produisent chaque mois plusieurs ovocytes ainsi que des hormones sexuelles, à savoir des oestrogènes et de la progestérone. Cette action se fait sous l'influence de l'hypophyse dans le cerveau, qui produit des hormones, la FSH et la LH. SOus l'effet des hormones sexuelles, la muqueuse utérine s'épaissit pour accueillir un éventuel embryon.

Si la fécondation n'a pas lieu, l'ovaire stoppe temporairement sa production d'hormones. La muqueuse utérine est partiellement détruite. Les cellules se détachent et sont évacuées lors des règles.

Avec l'âge, le stock d'ovocytes s'épuise et les ovaires sécrètent moins d'hormones sexuelles. Les cycles deviennent de plus en plus irréguliers, il n'y a plus du tout d'ovulation, de moins en moins d'hormones. D'où un arrêt des règles et les symptômes de la ménopause. L'hypophyse tâche de compenser et sécrète davantage de LH et de FSH pour stimuler les ovaires, en vain. Une prise de sang permet donc d'objectiver la survenue de la ménopause, en observant une élévation de ces deux hormones.

Les signes avant-coureurs : la pré-ménopause


Le plus souvent, la ménopause n'arrive pas brutalement, certains signes avant-coureurs peuvent apparaître avant l'arrivée de la ménopause et c'est ce que l'on appelle la pré-ménopause, une période qui dure de quelques mois à 7 ans (en moyenne 3 ans, entre le premier dérèglement et l'arrêt du cycle). Humeur changeante, anxiété, bouffées de chaleur parfois accompagnées de sueurs ou encore, troubles urinaires dus au périnée qui perd de sa tonicité, sont autant de désagréments qui peuvent apparaître. Il peut également survenir des troubles du sommeil, une diminution de l'épaisseur de la peau et des muqueuses. Sur le plan sexuel, les muqueuses vaginales s'atrophient et peuvent perdre de leur souplesse, rendant les rapports douloureux. Heureusement, ces changements n'arrivent pas brutalement et tous ensemble. Certaines femmes ne ressentent aucun de ces signes.

Suite à la pré-ménopause, l'arrêt des règles survient alors du jour au lendemain. Un test est fait pour vérifier que la ménopause est bien installée. Pendant dix jours, on prescrit de la progestérone, et si à l'arrêt du traitement, il n'y a pas de règles, la femme est ménopausée. Pour en être sûre, il faut répéter ce test trois fois.

Une fois la ménopause diagnostiquée, un traitement peut être mis en place afin de diminuer les symptômes de la ménopause et d'améliorer la qualité de vie.

Ménopause : le bilan de santé

Que les femmes soient adressées par leur médecin ou qu'elles viennent d'elles-même, un centre spécialement dédié à la ménopause du CHU de Toulouse propose un check-up complet de l'état de santé des femmes ménopausées. Ce centre est unique en France.

Un questionnaire très exhaustif permet de mieux cerner les facteurs de risque et les maladies potentielles qui augmentent parfois après la survenue de la ménopause. "Une partie du questionnaire est propre à la patiente : ce qu'elle est sur le plan gynécologique, ce qu'elle est sur le plan cardiovasculaire et il y a l'activité physique car on sait que cela rentre en compte de façon considérable dans la prise charge de la ménopause et de l'ostéoporose. Et il y a une partie antécédents puisque la partie familiale et génétique est aussi très importante", explique Christelle Moreau, infirmière.

Un prélèvement sanguin est également effectué pour recueillir un maximum d'informations sur l'état de santé global de la patiente. L'infirmière peut ainsi vérifier le remodelage osseux, c'est-à-dire la construction et la déconstruction des cellules osseuses.

Il s'agit en fait de quantifier le risque de développer de l'ostéoporose. Et pour mieux évaluer ce risque, la patiente termine le bilan de santé par une ostéodensitométrie, un examen qui permet de mesurer la densité osseuse. Grâce aux rayons X, la densité osseuse de la colonne vertébrale et celle du col du fémur sont mesurées car ce sont les deux zones les plus touchées par la maladie. Cet examen qui n'est pas toujours proposé à la ménopause permet pourtant de réduire les risques d'apparition d'ostéoporose mais pas seulement : "Il est très important de faire une ostéodensitométrie à la ménopause pour plusieurs raisons. La première raison, c'est que l'ostéoporose chez la femme se développe après la ménopause du fait de la carence hormonale liée à la ménopause. La densitométrie est également à relier au risque de maladies cardiovasculaires. Les femmes qui ont une densité osseuse basse ont plus de risques de développer plus tard des problèmes cardiaques (infarctus, AVC...)", précise le Dr Jean-Michel Pouilles, rhumatologue.

Les résultats de tous ces examens permettent au médecin de savoir si la mise en place d'un traitement hormonal est recommandé ou non.

Le traitement de la ménopause, une nécessité ?

Après les bilans vient le moment de la consultation avec un gynécologue. Le but : proposer un traitement de la ménopause si besoin et répondre à toutes les interrogations des femmes qui vivent cette transition physiologique.

"L'objectif d'une consultation dans le centre de ménopause est d'une part de répondre aux besoins de nos patientes en terme de dégradation de confort personnel, puisqu'il existe des réponses efficaces qu'on peut leur proposer. Mais un des objectifs est aussi de dépister les facteurs cliniques de risque avec lesquels une femme débuterait sa ménopause, et dont on sait dans tous les cas que la carence hormonale va les aggraver", explique le Dr Florence Tremollieres, endocrinologue.

Le THS améliore la qualité de vie des femmes ménopausées, mais pas chez les femmes sans symptômes de plus de 60 ans. Il s'avère qu'il est particulièrement intéressant chez les femmes symptômatiques, notamment avec des bouffées de chaleur, dans les 5 à 10 suivant l'apparition de la ménopause (source : Société française d'endocrinologie).

Si les traitements hormonaux s'avèrent efficaces, beaucoup de femmes hésitent aujourd'hui à les suivre. En cause, une polémique sur leurs potentiels effets délétères. En 2002, une étude américaine leur avait reproché d'augmenter les risques de cancer du sein et de maladies cardiovasculaires. Une situation que déplore le Dr Tremollieres : "Nous sommes dans une situation où même une femme symptomatique va refuser une solution thérapeutique efficace parce que les craintes qu'elle a de ce traitement vont l'emporter sur les bénéfices qu'elle est susceptible d'en attendre".

Un traitement hormonal efficace mais sous surveillance

Pour compenser le manque hormonal de la ménopause, la solution la plus évidente est de donner des hormones de substitution (THS). Aujourdhui, il est recommandé aux femmes qui souffrent de bouffées de chaleur altérant leur qualité, en l'absence de contre-indication ou aux femmes qui ont un risque de fracture et présentent une contre-indication aux traitements préventifs de l'ostéoporose (source : Vidal). Il est prescrit à la dose minimale efficace pour la durée la plus limitée possible. La surveillance doit être annuelle, avec un examen clinique et une mammmographie, parfois doublée d'une échographie.

Il est conseillé d'arrêter le traitement hormonal substitutif lorsque les symptomes ne réapparaissent pas à l'arrêt du traitement (raison pour laquelle on propose d'arrêter une fois par an, si les risques l'emportent sur les bénéfices ou en cas d'apparition d'une contre-indication, comme un cancer du sein. 

Un traitement qui effraie

Pourtant aujourd'hui, de nombreuses femmes ménopausées ont peur de prendre un traitement à base d'hormones.

Le traitement hormonal de substitution (THS) est un substitut constitué des deux hormones : les estrogènes et la progestérone. Il existe différentes formes d'apport : un gel, en comprimé ou en patches. Le traitement hormonal est ainsi constamment évalué, car au bout de cinq ans de prescription, il n'y a plus de risque de développer un cancer. Pour celles qui ont d'emblée une contre-indication, d'autres solutions sont proposées. Il peut y avoir des effets secondaires à type de douleurs dans les seins, de pertes de sang et de prise de poids.

On a constaté une diminution des ventes de THS depuis 2002. Elle s'est installée suite à une enquête américaine publiée en 2002, qui montrait que ces traitements pouvaient augmenter le risque cardiovasculaire et de cancer du sein chez la femme américaine de plus de 60 ans. Une étude qui a entraîné notamment en France une chute drastique des prescriptions des traitements hormonaux de substitution. Mais depuis dix ans, d'autres études ont montré que ce risque était à moduler. 

Certaines lui préfèrent les phyto-estrogènes (isoflavones de soja, trèfle rouge), dont l'efficacité serait modeste mais significative sur les bouffées de chaleur et la sécheresse vaginale (source : Vidal).  D'autres travaux plus rigoureux sont nécessaires. De plus, une mise en garde a été effectuée par la Haute autorité de santé car ils pourraient nécessiter les mêmes contre-indications que le THS.

En effet, le traitement étudié dans cette enquête américaine n'est pas composé du même type d'hormones qu'en France : le risque du cancer du sein est très faible avec les hormones utilisées en France (il est légèrement augmenté par rapport aux femmes qui ne prennent pas de traitement hormonal substitutif mais le cancer est dépisté plus rapidement et la mortalité n'est pas augmentée). Et chez la majorité des femmes, le traitement est donné par patch ou gel, et non par comprimés, qui pourraient eux majorer les effets négatifs sur le système cardiovasculaire. 

Autre bienfait, ces hormones retardent l'apparition de l'ostéoporose. Pourtant, il n'y a aujourd'hui que 8% des femmes ménopausées qui suivent ce traitement contre 20% en 2002.  

Bien vivre la ménopause sans traitement hormonal

Une bonne hygiène de vie

Pour les femmes qui ne peuvent pas bénéficier d'un traitement hormonal, d'autres solutions existent. Des médicaments permettent de lutter contre l'ostéoporose, et pour les autres symptômes, comme les bouffées de chaleur, la prise de poids, les troubles du sommeil, une bonne hygiène de vie, avec une alimentation équilibrée et variée, pauvre en sucres et en graisses, ainsi qu'une activité sportive régulière (30 minutes par jour) est recommandée.

 Certaines patientes se voient soulagées par l'homéopathie mais son efficacité n'est pas prouvée;. Adopter une bonne hygiène du sommeil ainsi que des techniques pour soulager le stress si besoin, est intéressant.

Ménopause et sexualité

Selon plusieurs études réalisées en Europe et aux Etats-Unis, une majorité de femmes continuent d'avoir une vie sexuelle active passé l'âge de 50 ans. Cependant, l'âge de la ménopause est parfois imaginé comme un "cap" hormonal, au-delà duquel les différents aspects de la sexualité peuvent être dégradés. Mais qu'en est-il réellement ?

En réalité, les changements biologiques et hormonaux qui accompagnent la ménopause n'ont absolument aucun effet sur les comportements sexuels, la libido ou le plaisir des femmes. La seule chose qui puisse influencer négativement leur sexualité est... la croyance en cette idée reçue.

Les résultats d'une récente étude le démontrent : les pratiques sexuelles, la satisfaction, les fonctions biologiques, les fantasmes, les représentations en terme de sexualité sont significativement les mêmes chez les Françaises de plus de 45 ans non ménopausées et celles de moins de 55 ans ayant cessé d'ovuler. Un éventuel traitement hormonal pour les femmes récemment ménopausées n'a pas non plus d'influence sur leur sexualité. Une autre étude montre aussi que c'est la santé du partenaire qui influence chez 25% des femmes la sexualité à la baisse.

L'effet négatif de la ménopause dans la vie sexuelle de certaines femmes apparait donc "plus symbolique que biologique", selon le mot des auteurs de l'étude. Persuadées que la ménopause serait synonyme d’entrée dans "la vieillesse", elles se détourneraient de l'activité sexuelle. Selon les auteurs de l'étude, "il est très important d'informer les femmes [qui vont entrer dans la période d'apparition de la ménopause], de même que leurs partenaires et les professionnels de santé qui les traitent, que les effets rapportés négatifs sur la sexualité sont plus susceptibles d'être dus à l’anticipation [de ces problèmes] ou à des représentations négatives qu’à d'effets biologiques ou hormonaux". 

Faire face aux changements sexuels

Le docteur Jimmy Mohamed détaille les mécanismes qui expliquent la sécheresse vaginale
Le docteur Jimmy Mohamed détaille les mécanismes qui expliquent la sécheresse vaginale  —  Le Magazine de la Santé - France 5

La ménopause provoque un certain nombre de changements au niveau sexuel.  L'utérus et les ovaires diminuent de taille. La vulve et le vagin peuvent s'atrophier, autrement dit "rétrécir" un peu ; une crème et des ovules à base d'oestrogène améliorent le situation. La sécheresse vaginale est responsable de rapports sexuels inconfortables, voire douloureux. Elle est soulagée par les traitements cités précédemment, mais aussi lors du rapport par l'utilisation d'un lubrifiant, du type Replens® ou Monsens®. 

Les irritations, les pertes anormales, les sensations de brûlure ou encore les infections urinaires à répétition contribuent à la baisse de la libido et sont donc à traiter.  Les mycoses sont plus fréquentes, du fait d'une élévation du pH du vagin. Tous ces symptômes sont bien heureusement soignables afin de garder une vie sexuelle épanouie ! À condition d'en parler à son médecin...

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