Le sexe a-t-il une odeur ?

Excitantes ou incommodantes, en provenance de la peau ou du sexe, les odeurs jouent un rôle essentiel dans la sexualité.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Le sexe a-t-il une odeur ?
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La senteur érotique de la peau

Dans la sexualité, les cinq sens jouent un rôle primordial : ils perçoivent des signaux qui renforcent ou affectent l'excitation sexuelle. Lors de la première rencontre, la vue jauge en un temps record l'aspect physique. L'ouïe évaluera la tessiture de la voix, qui stimule le désir féminin lorsqu'elle est grave. Si l'on touche la main de l'autre, sa douceur nous incitera à poursuivre la caresse. A distance plus rapprochée, l'odorat entre en jeu : les senteurs personnelles se dévoilent, elles fascinent ou rebutent. L'haleine est décisive : souvent rédhibitoire lorsqu'elle ne plaît pas. Puis lorsque le rapprochement se fait plus intime, le goût fait son entrée, complémentaire de l'odorat. C'est à ce moment que les odeurs intimes se révèlent… L'odeur de la peau du partenaire joue un fort rôle émotionnel, nous embarquant parfois vers des souvenirs érotiques. Qui n'a jamais senti un vêtement de son cher et tendre pour "le" respirer ?

Variations autour de la transpiration

L'odeur de la peau provient en partie des glandes sudoripares, responsables de la transpiration. Elles sont particulièrement présentes aux niveaux des aisselles et des mamelons, des plantes des pieds, des paumes des mains, du visage mais aussi du pubis et des parties génitales. Pour remplir leur rôle de régulateur de température, elles évacuent de l'eau et des composés odorants, dont des molécules souffrées et acides, ou d'autres influencées par l'alimentation. Mais ce sont surtout les milliards de bactéries qui recouvrent notre peau, qui se nourrissent des peaux mortes, de la sueur, du sébum et de différentes molécules. Leur "digestion" aboutit à la production de gazs dont certains sentent assez forts. 

Notre société aseptisée met l'accent sur l'hygiène et a tendance à faire disparaître toutes ces effluves trop marquées. Ce qui n'empêche pas certain(e)s de juger certains "parfums" de sueur très attirants !

A lire pour en savoir plus : Le corps, ses bonnes et ses mauvaises odeurs 

Le rôle des odeurs et des phéromones

Chez la majorité des animaux, les stimuli olfactifs génitaux ont un rôle clé dans la motivation sexuelle, tout comme les phéromones, signaux olfactifs inodores, jouant un rôle dans l'attirance sexuelle. Ils poussent à rechercher la proximité et à majorer l'attachement. Mais la motivation et les comportements sexuels se sont complexifiés chez l'être humain. Ils sont influencés par des facteurs intellectuels et culturels. Le rôle des phéromones, même s'il est très controversé, est vraiment diminué chez les hommes : plus de 90 % des gènes spécifiques à la détection des phéromones sont altérés (source : Manuel de sexologie). Ce qui n'empêcherait pas d'autres composés volatils encore méconnus d'intervenir suivant le principe des phéromones, d'après Lucy Vincent, auteure de Comment devient-on amoureux. Héritage archaïque ou pas, l'odorat a encore son mot à dire dans l'attachement sexuel, notamment si l'on en croit de nombreux amoureux…

 

Les odeurs sexuelles

Au niveau du sexe féminin, petites et grandes lèvres possèdent des glandes sudoripares et aussi sébacées, dont la production aboutit à une matière blanchâtre et onctueuse (similaire au smegma masculin). Ce sont elles qui participent grandement à l'odeur intime. Du côté du pénis, les mêmes glandes produisent du sébum et le smegma aura tendance à s'accumuler en l'absence d'hygiène quotidienne et à produire une odeur désagréable.

Hommes et femmes doivent donc procéder à un lavage quotidien des muqueuses et des zones avec des poils, avec un produit à pH neutre. Les hommes non circoncis doivent penser à se décalotter car le smegma a tendance à se loger sous la peau du prépuce, notamment au niveau du sillon du gland. Le séchage a son importance, en tamponnant doucement. 

Les femmes répondent à la même logique d'une hygiène douce, à l'eau et avec un produit doux, en passant le plat de la main sur la vulve, sans pénétrer le vagin. Les douches vaginales doivent être prohibées. Dans les deux sexes, le mieux est l'ennemi du bien et l'hygiène excessive pluriquotidienne fait courir le risque de déséquilibrer la flore et d'irritations désagréables.

Lubrification, liquide séminal et sperme : les odeurs du désir

Autres composants majeurs des odeurs sexuelles, les fluides corporels… Chez la femme, il s'agit de la lubrification vaginale et dans une moindre mesure du liquide sécrété par les glandes de Bartholin, au niveau de la vulve. Du côté masculin, il s'agit du sperme et surtout du liquide séminal. Leur parfum varie suivant les partenaires puisqu'il résulte des différentes protéines et composants biochimiques qui composent ces fluides. Il dépend aussi de l'alimentation et serait plus doux chez les végétariens que ches les amateurs de viande rouge. 

Ces odeurs du désir et du plaisir sont puissamment érogènes (le plus souvent) et lorsqu'elles se mêlent au cours d'un rapport, le fruit de leur association est encore différent et explique "l'odeur de sexe" humée après une étreinte.

Dernier composant des effluves intimes, la proximité du méat urinaire et de l'anus, avec une "présence" olfactive plus ou moins forte selon les personnes et plus ou moins appréciés des partenaires...

Que faire lorsque l'odeur ne plaît pas… ?

Les nez délicats sont parfois fortement incommodés par les odeurs intervenant dans la sexualité et imposent une douche obligatoire avant un ébat. Option radicale mais qui peut être sublimée en la vivant comme un précepte du Kâmasûtra. Ce livre millénaire recommandait en effet de sensuelles ablutions avant tout rapprochement érotique, quitte à laver soi-même le sexe de l'autre si l'odeur qui dérange est intime… Lorsque c'est l'odeur de la transpiration qui incommode, un déodorant plus efficace voire une consultation chez le dermatologue pourront améliorer les choses.