Médecine-fiction : comment juguler l'épidémie de zombies ?

– On joue à quoi ? – Là, on dirait que les films d'horreurs réalisés depuis 50 ans sont des documentaires. – D'accord ! Et on dirait que tu es épidémiologiste, et que tu dois écrire un article pour une revue médicale réputée. – Ah, mais ça, c'est vrai !

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
Détail de l'affiche du film "La nuit des morts-vivants" de George Romero (1968)
Détail de l'affiche du film "La nuit des morts-vivants" de George Romero (1968)

Pour les fêtes de fin d'année, le très sérieux British Medical Journal (BMJ) ouvre traditionnellement ses colonnes à des articles facétieux et décalés. Le cru 2015 présente un article hilarant, analysant tous les tenants et aboutissants de la grande épidémie de "réveil des morts" qui ravage la planète à intervalles réguliers depuis une cinquantaine d'années, à en croire le cinéma d'horreur et d'épouvante.

La nuit des morts-vivants de George Romero avait mis en garde les scientifiques dès 1968 : les trépassés ont encore des muscles. Ils peuvent sortir de leur tombeau, avec pour seuls instincts une boulimie de chair humaine et la transmission de l'étrange maladie qui réanime leur corps.

Les autres témoignages de la réalité de l'épidémie - documentaires fidèles trop longtemps confondus avec des œuvres de fiction - nous enseignent que son origine est liée à la propagation d'un virus. Celui-ci se transmet essentiellement par morsure, même si d'autres vecteurs (piqûre d'insecte) semblent recensés.

Plusieurs sous-types de virus semblent exister, la période d'incubation pouvant osciller entre plusieurs jours et quelques secondes. Séparer immédiatement le membre infecté du reste du corps ne suffit pas toujours à juguler l'infection. Il n'existe à ce jour aucune thérapie efficace sur le long terme contre cette maladie.

L'auteur de l'article rappelle au clinicien les critères diagnostiques d'une contamination : la démarche traînante, les gémissements, le pourrissement, les tendances homicides, permettent de conclure que la situation est mal engagée, surtout que là, le patient vous tient à la gorge, argh. Mmm, je grignoterais bien un petit cerveau.

Source : Zombie infections: epidemiology, treatment, and prevention. Tara C. Smith. BMJ, 14 dec. 2015; 351 doi:10.1136/bmj.h6423

Ce n'est pas la première fois qu'un article scientifique traite des morts-vivants qui infestent nos rues. En 2009, une étude canadienne revenait ainsi sur l'explosion du nombre de cas de zombies sur le territoire national... D'autres auteurs utilisent (un peu) plus sérieusement la propagation de la "zombification" comme support de réflexion pour le développement de modèles épidémiologiques mathématiques.